Présentation Taupe 14 : Biarritz Olympique
par Aguilera

  • 28 November 2011
  • 10

Par notre vénérée Aguiléra, Ally McBeal de la Cote Basque.

 

Présentations précédentes :

 

Le club : Biarritz Olympique Pays Basque

 

La ville de Biarritz

Décrite par beaucoup, notamment par les habitants d’une ville voisine, comme l’équivalent de Monaco sur la Côte Atlantique, j’ai l’honneur de vous annoncer de source sûre que, non, tous les habitants de Biarritz, et singulièrement les supporters du BO, ne payent pas l’ISF.

Biarritz, c’est certes la Grande Plage, le Casino et l’Hôtel du Palais.

Mais c’est aussi les quartiers populaires et souvent festifs des Halles, de la Négresse ou de Bibi Beaurivage, chez les descendants des pêcheurs de baleines.

Biarritz a donc un double visage, riche et populaire, bobo et gouailleuse, basque autant que gasconne (comme les voisins), snob et bringueuse.

Biarritz est enfin une ville incontestablement gayfriendly, depuis très longtemps. Il faut savoir que sous le règne de Franco, les gays d’Espagne n’étaient pas à la fête et Biarritz leur offrait un accueil bienveillant. On avait vite compris ici que double income, no kids, c’est un plus pour le commerce local et l’ambiance festive.

 

Le club, le maillot

Le maillot historique du Biarritz Olympique est un tiers rouge, deux tiers blancs. Couleurs assez communes (Dax, Auch, et j’en passe),  mais plutôt jolies sur une pelouse verte. Las, les designers fous de l’équipementier du club ont commis dans un proche passé des maillots hideux, violemment rejetés par les supporters : tachetés façon panthère atteinte d’une rougeole galopante, ou ornés d’une vague déferlante (comme une vague de l’Atlantique, admirez la créativité), et même étoilés strassés bleu nuit, ce qui est idéal pour le réveillon du 31 décembre.

Ces élucubrations semblent aujourd’hui oubliées puisque les maillots sont soit rouge et blanc, soit inspirés de l’Ikurriña, ce qui est plutôt bien, soit encore noirs.

L’écusson reprend le  blason  de la ville de Biarritz (en gros, une barque de baleiniers déchaînés, harpons en mains, un truc à faire hurler d’effroi un militant de Greenpeace)  et sa devise, si poétique que j’ai la larme à l’œil en l’écrivant : « aura, sidus mare adjuvant me » (j’ai pour moi les vents, les astres et la mer).

Pour l’histoire du club, je vous laisse consulter  Wikipedia ou votre album Panini. En gros, le Biarritz Oympique sous sa forme actuelle est né en 1913 de la fusion de deux clubs préexistants. Moi, je préfère les anecdotes.

En octobre 1936, le docteur Russo, président de la commission de rugby décide de créer une école de rugby, la première en France. Il est aidé par Le Comte et la Comtesse de Bendern, des aristocrates anglais, qui  souhaitent qu’à l’instar de leurs compatriotes, les jeunes Biarrots apprennent un rugby fait de respect de l’adversaire. La Comtesse a même dirigé les entraînements. Elle   fournissait  les ballons, les maillots et  les chaussures, dont elle vérifiait l’état avant chaque match.  Ce souci du détail  se retrouvera des décennies plus tard dans un club pas très lointain, Mont-de-Marsan, où André Boniface cirait les crampons de son frère Guy, qui avait tendance à négliger sa tenue.

Dès son lancement, l’école connaîtra un franc succès et le buste de la Comtesse trône toujours à Aguiléra.

Tout ça pour dire que dès le départ, le BO a reçu en cadeau quelques gènes du rugby anglais, qui se retrouvent encore aujourd’hui dans son jeu de ligne inspiré et créatif. Je plaisante.

 

Allégorie d’un club qui boit la tasse

 

Le stade, les supporters

Le nom du stade vient de Don José Aguilera y Chapin, ancien propriétaire du terrain.

Le stade d’Aguiléra est joliment bucolique, bordé sur un côté par une superbe allée de platanes multi centenaires (au moins). La pelouse est une des plus belles du Top 14, avec celle du club voisin : toujours grasse et vert émeraude. Inutile que je vous explique cette particularité locale, votre projet de week-end sur la Côte basque pourrait en être compromis.

Les Voisins de la Ville Voisine vous diront jusqu’à plus soif (et avec eux, ça va forcément aller jusqu’au bout de la nuit) qu’Aguiléra sonne creux. Et bien, c’est souvent vrai. Le Biarrot est plus spectateur que supporter et il n’hésite pas à applaudir les équipes adverses (sauf une, bien sûr). Tant mieux pour ceux qui ne supportent pas qu’on vocifère dans leurs oreilles, ce qui est mon cas, Aguiléra est calme.

Mais sous le calme peut couver la tempête : individu en général affable et courtois, le Biarrot se métamorphose en  vulgaire supporter Toulonnais ou Catalan un match dans l’année. Vous devinez lequel. Cet homme discret, assis au dessous de vous, devient un hooligan assoiffé de sang. Votre charmante voisine se mue en harpie menaçant l’arbitre des pires maux, de préférence sexuels. C’est comme une histoire de loup-garou et ça fout un peu les jetons.

Toutefois, le public biarrot s’anime pour les phases finales de Coupe d’Europe, lors de ces joyeuses transhumances identitaires à Anoeta. Les Biarrots sont alors bien aidés par des supporters venant de tout le Sud-Ouest,  parce que San Sé, c’est très bien pour faire la bringue.

 

L’effectif

Le joueur au nom imprononçable : Imanol Harinordoquy «  Je suis basque moi, tu es basque toi … ». Joueur doué, des mains en or, mais une certaine nonchalance et une propension à choisir ses matchs, en gros ceux de la Coupe d’Europe, où il peut se montrer sous les traits d’un guerrier intraitable et sacrificiel. Aime bien les straps, les casques en cuir, les journalistes et beaucoup sa propre image.

Le joueur emblématique : cf. supra

Le joueur qui prend toute la thune : cf. supra

Le joueur sous estimé : Peyrelongue, si, si.

Le joueur surestimé : il n’y en a pas, car aucun joueur du BO ne fait rêver.

Le reste de l’effectif : Un patchwork d’anciens (Marconnet, Thion) ou actuels internationaux français (Yachvili, Traille, Imanol, Barcella), d’anciens internationaux anglais (Balshaw et le Lund chevelu), argentins (Bosch et Carrizza) ou norvégien (le Lund barbu); mais aussi de jeunes joueurs prometteurs, parfois déjà sélectionnés (Héguy, Guyot, Lauret, Lesgourgues, Barraque, Lakafia, Roussarie, Haylett-Petty, Couet-Lannes) mais un peu tendres. La section maison de retraite est alimentée par August, Marconnet, Baby et Peyrelongue. L’indispensable touche de sex-appeal argentin est apportée par le beau Chelito Bosch, qui fait chavirer le cœur des spectatrices (en concurrence avec Yach sur ce point) et celui de certains spectateurs (on est à Biarritz, hein, cf. supra), à défaut d’impressionner les défenses adverses.

Bref, deux ou trois beaux gosses indispensables pour le glamour, des joueurs expérimentés, pénibles et parfois vicieux pour gagner les matchs serrés, des jeunes plutôt bons en devenir, et un ailier américain capable d’exploits si on veut bien lui donner le ballon. Cela suffit-il à faire une équipe de rugby compétitive ? Le début de saison démontre le contraire, en l’absence il est vrai de sept internationaux titulaires en club.

Mais il est clair que le BO manque d’un boucher (le regretté Couzinet n’a jamais été remplacé), d’un grand dix (mais c’est cher) et d’un ou deux piliers, surtout depuis l’arrêt d’activité du charmant Coetzee.

De plus, le BO n’aura peut-être pas les capacités financières ou sportives de conserver ses jeunes joueurs français qui sont déjà l’objet de sollicitations de la part de clubs plus riches, plus que jamais motivés par la règle dite des JIFF, suivez mon regard vers le Sud-Est et le département des amis de notre Président.

Sur le plan du jeu, le BO reste une énigme. Réputé sur tous les terrains du Top 14 pour ses matchs poussifs et ennuyeux, pour ne pas dire soporifiques,  seuls ses supporters sont capables de s’enthousiasmer pour un match gagné grâce à un essai de pénalité litigieux. Quelques fulgurances par instants, notamment en H Cup, mais c’est tout. La conquête est plus que correcte, mais le jeu de ligne est toujours en construction depuis cinq ans. Donc, tout le monde s’appuie sur le maître à jouer Yachvili, un demi de mêlée qui n’est pas spécialement un éjecteur rapide, mais qui montre plutôt des qualités de stratège confirmé.

De tout évidence, Yachvili et ses copains préfèrent les essais à une passe, mais comment les en blâmer ? Après tout, pourquoi fatiguer les joueurs ou risquer un en avant quand une grande diagonale suffit à envoyer à l’essai Imanol ou l’ailier américain ? Voila pourquoi les matchs du BO ressemblent souvent à une partie d’échec ou de poker, mais pas à du rugby. Ou alors à du rugby sécuritaire. Bref, l’ADN du BO contemporain (car ça n’a pas toujours été le cas), c’est une absence totale de romantisme. Etonnez-vous qu’on n’aime pas le BO au pays du French Flair.

 

Marcelo Bosch se faisant remettre le prix Simon Mannix du joueur le mieux coiffé du Top 14

 

Le recrutement

Complètement raté. Des seconds couteaux qui sont déjà presque tous versés en Espoirs. Un pilier australien déclaré inapte à la pratique du rugby un mois après son arrivée. Un Fidjien qui court aussi vite que Marconnet lancé. Un ailier issu du rugby à VII qui ne sait pas ce que plaquer veut dire. On dit à Biarritz que si la fille de Blanco était invitée au Bal des Débutantes, il lui achèterait une robe chez Tati.

(on notera qu’Aguiléra ne parle même pas de Benoit Baby – en même temps on peut difficilement lui en vouloir)

 

Le staff

Les noms se succèdent mais les entraîneurs n’ont pas de réelle importance à Biarritz. Ce sont les internationaux français qui font l’équipe et l’entraînement. C’est sans doute pour ça que dans ce domaine aussi, Blanco recrute modeste, de préférence chez les anciens du club, d’autant qu’une personnalité comme Vern Cotter ou Nick Mallett pourrait lui faire de l’ombre.

Le seul élément inamovible du staff est donc le Président Sergio, véritable despote éclairé comme l’a malicieusement remarqué un président de Top 14 (non, je ne vous dirai pas qui, il tient à sa vie). Deuxième gros ego du club après Imanol, personnage baroque, l’ancien arrière de l’Equipe de France était un joueur fantasque et ultra doué. Il a fait toute sa carrière au BO malgré les sollicitations d’autres clubs (ce qu’il nie de façon étonnante, la modestie n’étant pas sa qualité première). Cet attachement l’a d’ailleurs conduit à quelques compromissions ou décisions louches qui n’ont jamais manqué de déchaîner les passions dans une ville pas très lointaine.

Brillamment reconverti dans la fringue pas donnée, l’hôtellerie de luxe et la thalassothérapie, premier Président de la Ligue Professionnelle, dont il a rédigé les statuts (enfin, pas tout seul), membre à part entière des Barbarians et Vice-Président (ou quelque chose de ce genre) de la Fédé, il est l’idole d’une ville qui sait bien que sans lui, le derby basque se jouerait contre Saint Jean de Luz.

 

Le parcours et le palmarès 

Le BO a été cinq fois champion de France mais ses titres les plus significatifs sont ceux de 2002, 2005 et 2006, année bénie où il fut également finaliste malheureux de la H Cup contre le Munster.
A partir de 2006, le jeu se délite, les résultats sont mitigés en championnat, mais le BO parviendra toujours, parfois sur le fil, à se qualifier la grande Coupe d’Europe, dont il est un des pensionnaires les plus réguliers puisqu’il entame cette saison sa onzième participation. Les résultats sont satisfaisants : plusieurs quarts, trois demi-finales et deux finales (2006 et 2010). Le BO est un bon élève européen, un des clubs français les plus réguliers dans cette compétition. Bon, il faut bien qu’à un moment ça dérape, et le BO (l’honnêteté oblige à dire que l’USAP l’avait précédé) trébuche la saison dernière en Italie contre Aironi, et revient à Biarritz avec un ridicule double bonus défensif-offensif (hein, les Racingmen, ça ne vous rappelle rien ?). Cette pitoyable performance dévaluera à jamais les sempiternelles récriminations de Novès, comme quoi c’est toujours plus dur pour Toulouse qui n’a jamais jamais jamais de club italien dans sa poule.

 

Objectif 

en début de saison, un quart de finale à Anoeta et une demi-finale en championnat. Actuellement, le maintien en Top 14. Et bien sûr, le titre de champion du Pays basque, sans lequel le taux de réabonnement va dangereusement baisser, de même que la générosité des partenaires locaux.

 

Le scénario idéal

Dernier du championnat en début de saison, le BO se refait la cerise en H Cup grâce au retour de ses internationaux. En suivant, le BO gagne deux matchs  à domicile contre le Voisin et Montpellier. Ces deux victoires boostent l’équipe qui entame une remontée du tableau en championnat et se qualifie en H Cup. Après un quart de finale perdu de peu,  les biarrots continuent à cravacher pour finir à la cinquième place du Top 14. Ils perdent le match de barrage mais valident leur douzième participation à la H CUP.

 

Le scénario catastrophe

Alors que la H-Cup leur avait redonné le sourire, les biarrots perdent le derby d’un point à Aguiléra. Blanco se fâche sévère, vire le staff, et annonce qu’il va s’occuper lui-même de l’entraînement. Il reprend aussi une licence de joueur pour dépanner à l’arrière puisque Balshaw et Couet-Lannes sont out pour le reste de la saison. Il rappelle Jean Mimi Gonzo au poste de talonneur puisque August et Héguy sont out pour le reste de la saison. Il rappelle Rodriguez puisque Lakafia et Imanol sont out pour le reste de la saison. Il demande à Fouroux de ressusciter puisque Yachvili et Lesgourgues sont out pour le reste de la saison. Malgré ces renforts de poids, le BO ne se qualifie pas en H Cup et finit treizième au classement en championnat, devant le Voisin. Fin de l’épopée basque en Top 14. La fusion aura lieu la saison suivante. Tout ça pour ça.