La victoire du panache
par Marcel Caumixe

  • 02 October 2011
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Alors, l’Anti-France, qu’est-ce que tu dis de ça ? Hein ? Te voila bien assise, la bouche bée, les bras ballants, sur ton fauteuil de certitudes, renversée par une telle démonstration de panache? Comment peux-tu encore douter, comment peux-tu te vautrer dans ta mauvaise foi et dans la petitesse de ton aigreur, alors que s’ouvre devant tes yeux la voie royale qui mênera la France au titre? Ah tu ravales ton fiel devant cette qualification acquise avec la manière, hein? Oui tu m’as bien entendu: avec la MANIERE!

Car journée des “sans grade” cela devait être, et journée des “sans grades” cela fut.

Déjà Vendredi, l’équipe des Samoa fut autant valeureuse qu’elle fut malheureuse. Sans le zèle aveugle d’un arbitre à la botte des champions en titre, ils eurent pu créer l’exploit et sortir avec l’honneur qu’on leur sait grand. Les Ecossais sont quant à eux passés tellement près de sortir l’Angleterre que le royaume en a tremblé sur ses bases. Les proscrits du Rugby, les soi-disant petites nations font preuve de coeur et d’âme, et se battent contre vents, marées, et pouvoir financier pour exister. Elles vendent chèrement leur peau, mais dès qu’elles relèvent la tête, il est toujours un establishment pour leur faire courber l’échine.

Mais pas aujourd’hui.

Car c’est grâce à nous, oui, grâce à la France, qui n’avait en somme rien à gagner d’une vaine et narcissique démonstration de force, que le plus petit des petits pays a brillé. C’est déjà la France, pays des droits de l’homme, de Guy Môquet et de Médecins Sans Frontières, qui soutient à bout de bras la vie de milliers de Tongiens, Samoans et Fidjiens grâce à son championnat. C’est aujourd’hui la France, qui avec panache, abnégation et sens de la justice, a redonné de la dignité à une équipe des Tonga que tous méprisaient, et à travers elle, à des Samoans bafoués, et à des Fidjiens humiliés.

Mais j’entends les cyniques ricaner tapis invisibles, dans leurs alcôves enfumées. Et je leur rétorquerai ce qui suit :

Comment croyez-vous que Maxime Mermoz, un des meilleurs centres du monde, puisse vendanger un surnombre tout fait ? Ou qu’une cisaille comme Julien Bonnaire serre la main de Hufanga pour le féliciter avant qu’il ne marque un essai ? Ou que l’indestructible William Servat s’arrête 10cm avant la ligne d’essai ? Ou que notre charnière de gachettes ne trouve pas une touche ? Ou que l’impeccable Lionel Nallet cueille des pâquerettes au-delà de la ligne de hors-jeu ?

Alors non, ce ne fut pas la victoire du score, ce ne fut pas la victoire de la richesse, ce ne fut pas la victoire des grandes nations.

Ce fut la victoire du panache.

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