Ovale de Grace analyse Argentine – Ecosse
par Ovale de Grace

  • 26 September 2011
  • 7

Autant vous le dire, après le “Canossa sur la Rade” du Stade Français hier, j’espérais presque une défaite des Pumas pour retrouver à Paris des joueurs combattifs, intelligents et cocardiers. Parce qu’après les souffrances endurées par les Bleus sous les coups de boutoir kiwis, les Stabilos Boyz avaient livré une prestation qui avait provoqué chez Castaignède le cruel : « On n’a pas l’impression qu’ils aient tellement envie de gagner ce match, mais si l’occasion se présente, pourquoi pas”.
De mauvaise humeur mais pleine d’espoir j’abordais cette rencontre qui était couperet pour les deux parties.

Deuxième source de mauvaise humeur: après avoir vainement investigué mon abonnement de bo – bo seuls les vamps de télé-Sarko, les commères Jean-Pierre et Lacroix étaient aux commentaires. Et, si ils se réfrènent pendant les matchs de l’équipe de France, c’est le Luna Park de la bêtise lors des matchs à moindre audience.

Les hymnes envahissent le Stade. Flowers of Scotland, magnifique, est repris par un stade à l’affluence digne de Jean Bouin les jours de pluie. Et d’ailleurs, il pleut, “une pluie écossaise” déclarera Thierry Lacroix, on peut donc s’attendre à un match assez dégueu à la main (et aux oreilles).
Arrive l’hymne argentin, pas un qui chiale. Flippant.
Roncero, Ledesma et Contepomi se font des papouilles et des bisous. Ambiance freaky guazzinienne inside…
C’est marrant ces hymnes grandiloquentos de crypto-dictatures d’amérique du sud, on s’attend systématiquement à voir débarquer le Général Tapioca tellement ça sonne faux!

Les équipes entrent sur le terrain, avec leurs maillots bleu-layette et leurs bonnets blancs les 2ndes lignes pumas ressemblent à de gros poupons transgéniques. Les Ecossais, quant à eux, ont un maillot des plus ingénieux puisqu’il permet à n’importe quel boucher, fut-il de la Pampa, de réviser l’anatomie de la bête: gîte, paleron, basses-côtes… et de viser!

Rémy Martin apparaît sur mon écran. Ah non, c’est Richard Gray, qui est non seulement le sosie capillaire du pré-cité mais qui a une conception du jeu et des règles à peu près similaires.

6mn: le festival Lacroix commence: « Contepomi s’est fait percuter sans ballon ». Le pauvre et valeureux capitaine argentin ouvre ici la première salve des inepties dont il sera la cible principale tout au long du match. On se demande d’ailleurs rapidement si les tentatives désespérées de faire de l’humour de Lacroix, héritées d’une longue, trop longue fréquentation de Pierre Salviac, ne sont pas plus nuisibles que les approximations de son acolyte dandysé CJP. D’ailleurs si c’est deux là doivent arrêter la téloche, nul doute qu’ils auront une place de sociétaires au théâtre des 2 ânes.

Le match est plutôt équilibré et chacune des deux équipes semble en avoir bien compris les enjeux. On sait dès les 10 premières minutes que le match sera plaisant, très disputé et plutôt pas mal arbitré.

Après deux pénalités ratées de part et d’autre et une tentative de drop avortée côté écossais, Contepomi ouvre le score à la 18′.

Le jeu suit son cours, et après avoir accumulé à peu près tout ce qu’ils savent faire comme fautes, les Argentins arrivent à les provoquer chez les Ecossais. Ces derniers sont en canne et ont une possession de balle nettement supérieure.

Comme il n’y a pas de points, les deux commères meublent… On apprend que Martin Scelzo a deux pieds gauches, et qu’ils mesurent du 52. On apprend aussi que le frère de Lacroix (qui doit s’appeler de la même manière) est kiné à Dax, ce qui confère à ce premier le pouvoir de faire un diagnostic sur la blessure au genou de Fernandez Lobbe : « C’est la rotule, ou le ménisque, ou les ligaments… ». Merci.

Le même Lacroix nous permettra un peu plus tard de vérifier ses connaissances anatomiques en nous gratifiant d’un lunaire “C’est un coup de pied de tête…quand c’est joué intelligemment moi j’appelle ça comme cela !”.

A la 31′, on apprend dans un magnifique dégagement qu’Albacete a aussi un pied. On transmet l’info à Guy Novès.

35mn: Patterson égalise, une autre pénalité tirée par Jackson donne l’avantage à l’Ecosse qui domine toujours dans le jeu, notamment du fait des blessures des deux pièces maîtresses que sont Roncero et Fernandez Lobbe, mais peine à concrétiser.

40e: les équipes partent au vestiaire, les Ecossais mènent au score.

A la reprise, le temps est encore plus dégueulasse. Pour autant, les deux parties parviennent à envoyer pas mal de jeu. Contre toute attente, compte tenu des conditions climatiques, le match est vraiment agréable à voir et Heckle et Jeckle s’amusent au micro.

A la 46e, Contepomi rate une énième pénalité. Et c’est le drame, Lacroix lance le fatidique « C’est ce qu’on appelle une saucisse dans le jargon. Une saucisse argentine ». On se dit dans un premier temps que Felipe anoblit la saucisse, on cherche des sobriquets aussi adaptés pour Lacroix. Mais c’est la consternation qui l’emporte: Dumb et Dumber sont en train de se lancer dans une étude comparée des charcuteries écossaise et argentine. On a la culture qu’on peut, la leur est manifestement saucissoïde. Définitivement pas ovale!

Les Ecossais peinent à marquer, ils reprennent l’avantage sur deux drops consécutifs puis une pénalité.

Au milieu d’une longue et palpitante phase de jeu, Thierry Lacroix nous apprendra au détour d’un ruck que « Le jeu est écossais, le nettoyage est argentin ». Je décide d’attendre le retour des stadefrancistes pour envisager de faire le ménage dans mon appartement et me prend à imaginer Rodrigo Roncero en tenue de soubrette agitant gracieusement son plumeau pink…

Quand tout d’un coup, à la 72e, un éclair surgit par les papattes d’Amorosino qui foudroie la défense écossaise pour aller planter le seul essai de la partie. Thierry Lacroix, aussi fin gastronome qu’anatomiste nous révèle l’existence d’un « gruyère écossais, des trous de partout ». L’Ecosse, l’autre pays du fromage…

Contepomi, qui commet l’autre miracle d’être entier à ce moment du match; transforme.
L’Argentine mènera d’un très fragile petit point, pendant une fin de match exaltante, où les Ecossais, qui vont devoir se friter à l’ogre Anglais la semaine prochaine pour avoir une chance de continuer, ont tout donné jusqu’à la 83e.

Le spectateur, repu d’un bien joli match « à l’ancienne », se réjouit à l’idée de passer une semaine complète sans les rires gras et pré-adolescents des Roucas et Amadou du commentaire sportif.

Ovale de Grace