Séjour rugbystique d’une blonde en Provence – épisode 4
par OvaliaHaHa

  • 06 June 2011
  • 4

Récemment, ceux qui suivent le rugby ont peut-être assisté ou participé à de longs débats d’une utilité douteuse concernant le fait que les 2 demies finales du Top 14 se joueraient pour la première fois cette année dans une seule et même ville et, qui plus est, à Marseille, soit dans une région où l’on n’y connait apparemment rien en rugby. Soucieux de se faire une idée de la chose mais également de faire partager l’ambiance des demies à ses lecteurs qui n’auraient pas eu la chance de s’y rendre, le STAFF de la Boucherie Ovalie a dépêché une envoyée spéciale, en la personne de moi-même, sur place. Experte dans le domaine du rugby à triple mi-temps et titulaire d’un Bac +5 en Rugbylogie bucco-rhodanienne, voici donc le compte rendu des mes aventures rugbystiques sous le soleil provençal.

Samedi 28 Mai 2011.

C’est le matin, réveil en douceur, à l’hôtel (c’est la classe hein ?), aujourd’hui c’est encore rugby ! Après un petit déjeuner copieux direction la désormais célèbre brasserie rugbystique du centre-ville, où est diffusé (en différé) la rencontre du Super XV entre les Wellington Hurricanes et la Western Force.

Accoudée au comptoir je commande sagement un jus de pomme, sous le regard inquisiteur du serveur, puis tente de suivre le match entre deux discussions avec les habitués (donc habitués à me voir à cet endroit, les yeux rivés sur l’écran) et les nouveaux. Un extrait ci-après où vous allez pouvoir apprécier mes talents de dramaturge (avec les didascalies et tout !) :

HABITUÉ LAMBDA : – « Tiens, ça fait longtemps qu’on t’a pas vue, ça va depuis hier soir ? »
OVALIAHAHA: – « Oui bien et toi ? »
HABITUÉ LAMBDA : – « Roh, m’en parle pas, j’ai une de ces gueules de bois ! [au serveur] UN DEMI S’TEU PLAIT !! »
NOUVEAU BÊTA : – « Tiens, vous vous intéressez au rugby ? »,
OVALIAHAHA : – « Non non pas du tout, j’ai vu de la lumière et je suis entrée, puis je me suis soudainement prise de passion pour ce joli centimètre carré de mur, juste au dessus du téléviseur, là… »
NOUVEAU BÊTA : – « Ah, t’es une marrante toi. C’est rare les filles qui s’intéressent au rugby. Tu es Toulousaine ? »
OVALIAHAHA : – « Oui. » [mensonge]
NOUVEAU BÊTA : – « Ah, c’est pour ça. Félicitation pour hier hein. Vous êtes en finale hein. »
OVALIAHAHA : – « Ouais c’est ça, merci pour les félicitations, c’est vrai que j’étais vachement sur le terrain. Et sinon ça te dérange pas que j’essaye de regarder un match là ? »
HABITUÉ LAMBDA : – « A ta place je la laisserais regarder son match tranquille, ‘faut pas trop la chercher, elle est Corse… »
NOUVEAU BETA : – « Ah ? T’es pas Toulousaine tu m’avais dit ? »
OVALIAHAHA : [regardant sa montre] – « Oops, your time is up, I do not speak French anymore past 10:30 am. Sorry. You can leave by this way. »
[rires des protagonistes]

Fin de la première mi-temps, j’ai pas pu suivre grand chose au final, à part que les gars du Sud n’ont pas de défense. Du coup je ne comprends pas pourquoi on n’arrive jamais à leur mettre des 97-0 nous… Le match reprend. Alors que je croyais être enfin tranquille, débarque un banc de thon… Euh, trois jeunes filles très apprêtées, qui se campent juste devant moi. C’est la loose. Et pendant que ces « sirènes » s’agitent et papotent, moi je sautille, sur la pointe des pieds, pour tenter d’apercevoir quelques bribes d’action du match. Heureusement la troupe (féminin de troupeau) part au moment où la rencontre devient plus intéressante : vers la fin…

Après le match, un kébab et quelques verres de jus de fruits (si si, du jus de fruit, du vrai, sans « arôme » supplémentaire), me voilà partie pour la prochaine demie, en compagnie de mon frère vêtu de son éternel maillot replica du Stade Toulousain de la saison dernière (c’est un peu comme les personnages dans les dessins animés, ils portent toujours la même chose). Je récupère entre temps, dans un lieu secret, les places que m’a gracieusement offert Ovale Masqué ainsi que le billet doux les accompagnant. Je ris toute seule comme une cloche en le lisant ; heureusement pour moi je suis déjà blonde, les personnes autour ne se posent donc pas trop de questions. Dans le bus qui nous mène à Marseille je compte les voitures immatriculées 34 (pour les nuls en géographie il s’agit du numéro du département de l’Hérault). Il y en a beaucoup : aujourd’hui le stade sera bleu et blanc (non, sans blague ??).

Au fur et à mesure que nous approchons de notre destination, les supporters Montpellierains sont de plus en nombreux, et tout aussi paumés que les supporters de la veille. Encore une fois, tels des messies nous leur indiquons donc la direction à prendre pour se rendre au Vélodrome. Mais les brebis égarées du jour ne semblent pas rassurées à l’idée de suivre les conseils d’une blonde et d’un gars portant un maillot toulousain.

Le métro est moins saturé que la veille même si on ne peut pas voir y autre chose que les couleurs du club héraultais. Tickets en poche, métro ligne 2, direction Sainte Marguerite Dromel. Les brebis égarées décident finalement de nous suivre (ou plutôt de suivre le flux…). La rame semble bien plus spacieuse et plus calme aujourd’hui : pas de chanson de Patrick Sébastien, pas de chant de supporters (il n’en ont peut-être pas encore au MHRC). Bref, pas assez d’ambiance à mon goût…

Comme hier, la moitié des passagers descend station Rond-Point du Prado. Mais cette fois-ci je descendrai au terminus. Pour celles et ceux qui ne sont jamais allé au Stade Vélodrome, sachez qu’il existe deux entrées, chacune « déservie » par une station différente : pour accéder à la tribune Jean Bouin ou au virage Sud il faut descendre à Rond-Point du Prado, pour accéder à la tribune Ganay ou au virage Nord il faut descendre au terminus de la ligne, c’est à dire à la station Sainte Marguerite Dromel. Si vous vous trompez vous êtes bon pour faire le tour du stade à pied, soit une dizaine de minutes si vous contournez le stade par le bon côté, et à peu près le double si vous le contournez du mauvais côté. Je vous laisse deviner par quel côté j’ai contourné le stade la première fois que je m’y suis rendue en 2007… Arrivée au terminus, tout le monde descend. De la sortie de la station jusqu’au stade s’étend une impressionnante marrée humaine bleue et blanche. Apparemment les supporters sont arrivés tôt et s’alcoolisent… euh, s’hydratent depuis devant le stade. C’est une bonne idée, on va rester un peu avec eux.

16h20. Arrivée à nos places (super bien situées mais en plein cagnard). Je suis soulagée, car la fanfare de la veille vient de quitter le stade. Les équipes se préparent à entrer sur le terrain. Sur nos sièges, encore ces petits appareils pour écouter les commentaires. D’humeur curieuse, je décide candidement de tester.

Arriverez-vous à trouver au moins un supporter du Racing sur cette photo ?

Après un inexcusable cafouillage (les Montpellierains ayant oublié de ranger leurs affaires) déclenchant de vives critiques et moqueries des quelques 2 ou 3 supporters franciliens se trouvant près de moi, Monsieur Poite donne le coup d’envoi. Au bout de même pas 1m30 je vire mes écouteurs et écrase l’appareil sous mon pied, les commentaires me cassent les oreilles, c’est vraiment pas pour moi ces gadgets !


Ça commence bien pour les Racingmen, le MHRC peine, en ce début de rencontre, à insuffler de la vitesse dans son jeu d’attaque. Peu à peu le match s’équilibre et les temps forts montpellierains s’accumulent, malgré un carton jaune infligé à leur talonneur (ça c’est bon pour le Ça Cartonne spécial phases finales qui va pas tarder à arriver…).


A la demie-heure de jeu, premier essai de la rencontre, il est signé du Montpellierain Sylvain Mirande, hystérie  totale dans les tribunes, les drapeaux devant nous s’agitent, on ne voit plus le terrain, on est obligé de jeter des projectiles (en papier hein, ‘faut pas déconner, on n’est pas des sauvages non plus) sur les supporters pour qu’ils les baissent.


C’est la mi-temps. Il fait chaud et je meurs de soif. Je tente d’inviter subtilement mon frère à aller me chercher à boire à la buvette, il me dit qu’il n’a pas soif. VDM. Retour de la fanfare sur la pelouse. Il n’ont pas changé leur set-list depuis hier. Ça, c’est l’effet double VDM.


Le match reprend. Les Héraultais marquent dès la première minute. Les 3 supporters parisiens de toute l’heure ne l’ouvrent plus autant. L’hystérie montpellieraine est totale. Nous passerons la moitié de cette seconde mi-temps à hurler aux spectateurs de devant de baisser leur #$@*¤# drapeaux.


Après quelques minutes d’un lourd suspens, coup de sifflet final, le MHRC est en finale !!! Pallier 3 franchi dans l’hystérie collective. Je me retourne, les supporters franciliens ont disparu. C’est la fiesta (une pensée pour Patrick Sébastien) également sur le terrain, les “ados” de Montpellier se congratulent joyeusement avant d’entamer leur tour d’honneur. Apparemment ni eux ni les supporters ne veulent quitter l’enceinte du stade.

Les joueurs montpellierains agressés par les journalistes, et les supporters qui n’ont toujours pas mal aux bras.

Pendant ce temps le mini tour d’honneur du Racing. Comme qui dirait : “un p’tit tour et puis s’en vont”

Moi, par contre, j’ai faim et j’ai soif, et les bières sans alcool que boivent goulument les spectateurs déjà bien imbibés ne me font guère plus envie que ça. A l’extérieur, après quelques verres et sandwichs chipolata-merguez partagés avec nos amis du jours, mon frère et moi repartons par là où nous sommes venus, toujours au milieu d’une marée humaine de personnages arborant les couleurs du club montpellierain. Ce soir, encore, la troisième mi-temps se jouera à Aix, et comme ce sera ma dernière soirée dans cette douce ville avant longtemps, je suis prête à parier mon scooter que je jouerai les prolongations !


OvaliaHaHa espère que ses aventures en terre provençale vous auront aidé à vous faire une idée de l’ambiance des demies sur place et remercie tous ses sponsors (là, pour le coup, ‘va y avoir plein de private jokes) :
– Ovale Masqué (pour les places du samedi),
– le Rugbynistère (pour avoir filé les places à Ovale Masqué),
– la Boucherie Ovalie (qui est bien sympa de publier mon journal intime du week-end),
– Béret Rouge (pour le transport),
– Jérôme C. (pour les places à l’ombre et parce que c’est quand même l’intention qui compte),
– ma femme (pour avoir réceptionné et conservé la missive d’Ovale Masqué avant de me la remettre),
– le Réseau des Transports Marseillais (parce que de la gare jusqu’au stade à pied ça aurait pas été pratique),
– la gentille et très patiente femme de ménage de l’hôtel (oui, juste pour ça),
– Dédé,
– Sacoche Ricardo,
– Rupeni Caucaunibuca (parce que ce gars me vend du rêve !),
– le scooter de Fabien Galthié (parce que sans lui Montpellier n’en serait peut-être pas là),
– la LNR,
– mon forfait SMS/MMS illimités,
– Monsieur SMS/MMS illimités (parce quand même, il le vaut bien),
– Mon informateur secret,
– le mois de mars (et pourquoi pas !),
– Chez Mus (et ses habitants),
– la H-Cup (pour son sponsor principal),
– and i’d like to thanks god alias William Webb Ellis (parce que sans lui, qu’est-ce que je me serais emm*#$¤* ce week-end !).