Don’t cry for Max Argentina!
par Ovale de Grace

  • 14 November 2010
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Propos recueillis par Tyran_Ovale

Réveillé par un remix disco de Carlos Gardel, je cherche en vain les cloches de Jean Bouin que le gardien faisait tinter pour moi le dimanche à l’heure de la messe.Je (re)pense à Diego, Gonzalo, Nanni, à Augustin, et même à ce petit con d’Hernandez qui est en passe de dépasser Dan Carter au classement du vacancier le plus cher de l’Histoire de l’ovalie. Pour tout vous dire, ce matin, j’avais même envie de revoir Juan-tan-plan Legui, toujours pas revenu de son tour du règlement en 80 jours.

Ce dimanche matin, sous la grisaille, j’avais envie de respirer l’air de Buenos Aires, celui du temps des succès du Stade Français. Ce matin j’ai le blues argentin.

Tout a commencé avec Diego, recrue providentielle à la beauté de berger botticellien. Diego Dominguez, qui a ouvert jusqu’à nos succès; Diego, Argentin par définition, Italien de circonstance. Diego, libre dans sa tête, 4 titres sans jamais porter de rose, sans jamais s’alanguir oint et offert sur une peau de bête pour les yeux impudiques de groupies tout juste postpubères!

Quand j’ai rencontré Agustin, « Augusto » comme certains plaisantins réfractaires aimaient à l’appeler, j’ai immédiatement pensé au Che. Même coupe, même origine, même charisme, même poste, même volonté de faire triompher son point de vue, le corps arbitral en garde le souvenir cuisant, même envie de mener le combat jusqu’à la dernière goutte de sang à ses troupes acquises. Je me suis toujours demandé si il n’avait pas été conçu sur la tombe du Che, et l’idée qu’il se lance aujourd’hui dans la politique et qu’il parcoure le monde pour vendre des projectiles à têtes d’ogive, doit faire trembler la CIA, de la cave au grenier.

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Le vrai malheur est venu quand Agustin m’a présenté Juani Hernandez. Comment ne pas voir en lui le fils que je n’aurai pas? Comment ne pas me voir au même âge, dans cette silhouette élancée, cette démarche gracieuse comme chorégraphiée, cette voix douce comme susurrée, et ce sourire lointain, triste, dépressif. Juani, mon fils, mon drame! Brutus au regard si doux! Magicien devenu autiste par mal du pays, capable d’entrer en catalepsie si qui que ce soit avait le malheur de prononcer une phrase en espagnol avant d’entrer sur le terrain, et, croyez-moi, ça arrivait souvent!Parce que si moi j’ai le blues, Juani lui, a le cœur qui saigne depuis qu’il a quitté l’Argentine. Impossible de tirer quoi que ce soit de lui si ce n’est en bleu et blanc. Et encore, ça ne marche qu’en situation, j’aurais dû prévenir Lorenzetti… euh en fait non! On a évité l’incident diplomatique quand Juani a été déclaré apte pour les tests avec l’Argentine alors qu’il ne l’est pas en club… J’imagine la tête de Jacky-le-bien-nommé avalant une bombe de Dove Men Care…

Chez moi, c’est pas mieux. Entre Gurruchaga qui n’arrive pas à se faire reconnaître des groupies et Tiesi qui a perdu le plan du métro, je n’ai plus guère que les blagues de Rodrigo pour me rappeler l’air de la Pampa. Parce que pour tout vous dire, si j’ai fait venir Cheika, c’est pas tellement pour le faire amortir l’achat de son loft en triplex à Paris, c’est surtout pour Felipe…

Aaaah, Felipe, syncrétisme entre Paul Newman et Brando, Felipe à qui j’aimerais offrir son premier tango à Paris! Felipe, capable de retourner Chabal, comme de marquer un essai chirurgical! Contepomi, pour qui tout est possible, jusqu’à inverser le sens du vent!

Moi j’étais prêt à tous les sacrifices, jusqu’à virer l’entraîneur le plus charismatique, titulaire incontesté du Prix Jean-Pierre Elissalde! Mais ce parvenu de Boudjellal qui a décidé de me faire la carne le retient en otage!

Pas qu’il laisse le talent exulter! Non! Penses-tu! Môssieur est trop rustre pour sortir de la fadeur et de la vulgarité du métronomique chandelle-drop-chandelle et laisser le jeu aller vers l’orfèvre! Et le parfait Felipe de cirer le banc de son divin postérieur en trépignant d’amener le jeu jusqu’au bout de la poésie ovale!

Ce que Mourad veut c’est que j’en crève de monter les enchères, que je n’obtienne que sur un brancard le dernier des rugbymen-milongueros