France-Ecosse : la victoire quand même
par Damien Try

  • 14 February 2017
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Notre bon ami Guilhem Guirado l’avait annoncé, on en a assez des « défaites encourageantes ». Après avoir fait trembler les Blacks à l’automne et longtemps mené à Twickenham, tout le monde attendait que la France renoue avec la victoire. Ce qui fut fait, mais comment ?
Je vais vous épargner un compte-rendu exhaustif de ce match, vous avez probablement déjà assez souffert en vous infligeant le direct dimanche après-midi. Nous avons assisté à un match brouillon, sans relief ni cavalcades. Moins de 24h après Galles-Angleterre, ce fut un peu rude de passer de l’un à l’autre. C’était peut-être une bonne idée de regarder Pau-Lyon à midi finalement, pour faciliter la transition, de la même façon qu’on se met un peu d’eau sur la nuque avant de se baigner après 2h au soleil. Ceci dit, le concept de regarder Pau-Lyon un dimanche me fait changer de comparaison, ça ressemble plus à manger une petite crotte avant de déguster un bon gros caca.

 

La compo :

 

 

Le film du match :

 
Après l’ouverture du score de Lopez et quelques mêlées enfoncées par les Bleus, l’Ecosse enchaine les temps de jeu et l’inévitable Hogg profite d’une montée en pointe hasardeuse de Vakatawa pour marquer en coin. Bon, s’il intercepte il marque un essai de 95m et tout le monde est debout. Là tout le monde reste assis. Le jeu de massacre en mêlée continue, et celui dans le jeu courant commence. Premiers protocoles commotion, et surtout sortie de Laidlaw, le véritable TOURNANT DU MATCH. Bon ok un tournant à la 25ème ça fait un peu tôt. Mais ça a forcément joué quand on connait le niveau du Jean-Baptiste Ellisalde en kilt et qu’on voit que le seul fait de jeu marquant de Price son remplaçant fut la poussette sur le Lopez du 63 et de voir sa pénalité retournée (mais qui a heurté le poteau, LA CALOTTE DE SES MORTS). Le Momènetome change donc de camp, et c’est Fickou qui aplatit en bout de ligne après 18 temps de jeu dans les 22 écossais. Quelques commotions et points plus tard, c’est la mi-temps, la France mène 13 à 11 et on commence à s’ennuyer. Si vous avez testé le nouveau partenariat FranceTV/twitter en regardant le match sur 6nations.twitter.com (ckelchain ?), vous avez pu voir 10 fois Thomas Pesquet dire « Allez les Bleus », Guirado se faire interrompre au milieu de l’interview post Angleterre-France et surtout un clip abominable à la gloire du selfie. Toujours mieux que Morgan Parra qui boit de la St-Yorre, vous me direz.

A la reprise, le prix Charl McLeod de l’essai-casquette sur rebond est attribué à son ex-compatriote, le patriote un peu con. Mais le karma est facétieux et il trahit Russell dans la minute. Pressé de transformer sous les poteaux pour éviter le vidéo-arbitrage, il se hâte à taper dans le ballon qui glisse du tee et passe sous la transversale, juste au-dessus de la tête de Fickou qui montait en pression sans trop y croire et se retrouve le premier étonné. Quelques commotions plus loin, Vakatawa rentre aux vestiaires la tête basse et remplacé par Huget le poil luisant. Les Français pressent et Lamerat, inspiré par l’hommage à Joost van der Westhuizen, fait un très beau clin d’œil à Wesley Fofana, en tendant le bras et échappant le ballon dans l’en-but. Un arbitrage vidéo, 4 plans de caméra, 600 avis twitter, quatre billets de blog et la confirmation de World Rugby plus tard, en exclusivité je vous donne mon avis : je m’en fous. Ce sont des décisions sujettes à l’interprétation de l’arbitre, et donc ça dépend essentiellement de ce qu’il a mangé à midi et s’il s’est engueulé avec sa femme la veille. Le même Lamerat nous gratifiera d’une superbe passe après-contact qui est montée à 5m de haut, advienne que pourra. La mêlée continue le boulot et Lopez passe les points, les Français passent la dernière minute à faire des pick-and-go qui reculent mais enfin le match s’achève. Ouf. Lopez célèbre la victoire comme s’il était champion du monde mais tout le monde chie sur cette victoire peu enthousiasmante.

 

Les joueurs :

 
Très beau travail de la première ligne qui a désossé une mêlée écossaise déjà à la peine face aux Irlandais. On a retrouvé Guirado dans le jeu.
La deuxième ligne a fait le boulot mais dur d’en dire beaucoup de bien quand on voit la paire de Gray en face.
L’équipe commence à s’habituer à jouer avec trois n°8 et KING LOUIS is in the kitchen of les gens d’en face. C’est pratique quand les 3/4 n’arrivent pas à avancer d’avoir une troisième ligne comme celle-ci. Mais au-delà de ça (et ça vaut aussi pour la seconde ligne), pourquoi on se fait tellement bouger dans les rucks ? Peut-être que pour briller il faut éviter les tâches obscures ? Loann Goujon s’est offert deux protocoles commotion, il mérite bien un peu de repos. Le point positif c’est qu’il ne doit pas se souvenir de ce match, et je pense que tout le monde l’envie aujourd’hui. Damien Chouly est rentré en cours de partie et a attrapé un ballon en touche, c’est tout ce que je peux dire.
Serin le Messie qui devait apporter la folie le French Flair et la pinte à 1€ a fait un match correct, ce qui déçoit tout le monde donc. Il n’a pas dû être aidé par une blessure au genou en début de match. Machenaud a été dans son élément puisque le match allait à 2km/h.
Difficile de reprocher individuellement quelque chose à Lopez et à la paire de centres, mais globalement l’animation offensive a été aux pâquerettes.
Nakaitaci rend le ballon au pied à la 79ème ça aurait pu coûter cher, mais fait un bon match, même défensivement.
Virimi Vakatawa :

Yoann Huget, aka Roberto la bouclette, offre la balle de match en arrachant le ballon à Hogg qui courrait dans la défense. Comme quoi tu peux être élu meilleur joueur du Tournoi 2016 et te faire dépouiller par un ailier à 8 essais en 44 sélections.
Spedding : Comme d’habitude il a débranché le cerveau et tout envoyé pendant 80’. S’il pouvait le brancher de temps en temps tout de même on ne serait pas contre. Bonne nouvelle, ça a pris plus de 2 ans mais Lartot a enfin expliqué à Galthié comment on prononçait son nom.

 

Conclusion :

 
« Après la défaite encourageante la victoire décourageante ! », s’exclame d’une seule voix tout le pays au coup de sifflet final, et moi le premier, réprimant un bâillement devant la joie des Français soulagés par ce résultat. Mais en réfléchissant un peu plus, il serait un peu présomptueux de cracher sur cette rencontre contre une nation mieux classée que nous et qui vient de s’offrir le scalp irlandais. On pourra reprocher le manque d’efficacité des Français, mais pas leurs intentions : ça a joué à tout va, relancé des 22 et essayé des choses difficiles. Un peu trop difficiles parfois, notamment en début de match ou lors de cette touche jouée rapidement et n’importe comment par le triangle d’attaque. La pénal-touche en fin de match c’était peut-être un peu ambitieux aussi (où sont passés les 3 doigts de Guytou ?), mais l’équipe s’est calmée et a géré sa fin de match.
Gagner contre plus gros en tentant des trucs, c’est pas si mal, non ? Vous préfériez PSA quand on perdait à base de combat et wattbike ? Et puis de toute façon des matchs comme ça, ça permet sans rien rater de faire autre chose à côté, comme par exemple lire un livre, faire la vaisselle ou une promenade en forêt.
 
 
Merci au Stagiaire pour la compo.