Retour sur la saison 2015-2016 du RCT
par Ketchup-Mayol

  • 19 July 2016
  • 4

 

Par Ketchup-Mayol,

 

Une saison blanche et sèche – non, ce n’est pas un hommage aux Sud-Africains qui ont apporté leur pierre à l’édifice du Rugby Club Toulonnais. Cet exercice 2015-16, sans être complètement catastrophique, laisse néanmoins un goût amer dans la bouche. Enfin, quand je parle de goût amer dans la bouche, il serait plus exact de parler d’une douleur cinglante dans une autre cavité anatomique.

 

Pourtant, compte tenu des circonstances particulières et des aléas qui ont frappé le RCT cette année, il y aurait de quoi se réjouir : arriver en finale du Top 14 n’était pas gagné. La plupart des clubs auraient signé des deux mains pour se retrouver dans la même situation. Mais au bout, on a rien. Pas un petit trophée, wallou. Et comme disait Bernard Laporte avec la classe qui le caractérise; “Quand tu baises une laide et qu’un jour tu baises une belle, tu penses que tu ne vas baiser que des belles… eh non… malheureusement… ça a dû t’arriver, ça m’est arrivé, et tôt ou tard tu repasses au ragoût, tu vois ce que je veux dire…”

 

Euh, OK, Bernard. On essaiera de méditer là-dessus sur le yacht d’Ovale Masqué cet été à Ibiza.

 

Mais revenons à nos moutons et aux points principaux de cette année qui fut aussi agitée qu’une nuit en boîte de Byron Kelleher.

 

Le recrutement

J’imagine que pour le manager du RCT, il y a quelque chose dans la phase de recrutement qui doit renvoyer directement à l’enfance. C’est comme faire sa liste au Père Noël en sachant que tu auras la plupart des jouets que tu as commandé, c’est open bar à Joué Club. En tête de gondole cette année, Ma’a Nonu, Quade Cooper et Duane Vermeulen.

 

Nonu, bien que sur-utilisé, aura eu du mal à trouver ses marques cette année. Après une saison de l’autre côté du globe et une coupe du monde, on peut trouver logique qu’il ait eu du mal à enquiller sur le meilleur championnat du monde.

 

Quade Cooper, le Frédéric Michalak australien n’aura donc fait qu’une saison en Top 14. Après tout le foin qui a été fait autour de sa venue et au vu de ses performances, on est partagé entre la déception et le soulagement. En tout cas, c’est con, Bertrand Guillemin commençait à peine à prononcer son nom correctement.

 

Choc culturel: “M’y ferai jamais à leur connerie de wattbike, moi…”

 

Le cas Duane Vermeulen aura une fois de plus démontré le Théorème de Bok selon lequel « Tout joueur sud-africain plongé dans un championnat étranger verra son efficacité confirmée dès la première saison », Bryan Habana étant la nécessaire exception qui confirme la règle. Bonne pioche, donc, mais malheureusement au poste le plus pléthorique du club.

 

La Coupe du Monde

 

Au cas où vous auriez passé la fin de 2015 dans une grotte, le saviez-vous que le RCT a eu pas moins de 19 joueurs mobilisés pour la Coupe du Monde ? Mais bon, ç’aura été l’occasion de voir le fringant (et fantasque) quinquagénaire Sireli Bobo sous les couleurs toulonnaises.

 

Les blessures

 

Connaissez-vous la principale cause du déficit de la Sécurité Sociale ? La consommation frénétique d’anxiolytiques de nos compatriotes ? Ces sales immigrés qui viennent voler les maladies de nos fils et nos compagnes ? Eh bien non, c’est Warren Gatland. Le coach gallois a la fâcheuse tendance à nous emprunter Leigh Halfpenny et à nous le rendre tout cassé. Cette fois-ci, il a fait encore plus fort en l’incapacitant avant la Coupe du monde. Résultat, le buteur toulonnais n’aura fait que deux matches cette saison. Qui dit mieux ?

 

OK Paul. You win.

 

Catastrophe chez nos Australiens puisque Matt Giteau, le maître à jouer de l’équipe/chef d’orchestre est lui aussi revenu cassé de la Coupe du Monde. Son compère Drew Mitchell s’est flingué les adducteurs peu après avoir battu le record du monde du 100m en sabots. Qui a dit que les Toulonnais n’avaient rien gagné cette année ?

 

Pas d’ouvreur et/ou buteur :

 

L’hécatombe au poste d’ouvreur/buteur a fait qu’on a fait avec ce qu’on avait. Cooper, Giteau, Taylor, Michalak ont défilé en 10. Jonathan Pélissié a fait ce qu’il a pu, mais c’est pas Halfpenny. Comme pour l’ex-club de Jonny Wilkinson, ça la foutait mal, les deux postes ont fait l’objet d’un bétonnage pour l’année prochaine avec les arrivées de Goromaru, François Trinh-Duc et Pierre Bernard, qui ne sont pas manchots avec leurs pieds.

 

La Coupe d’Europe 

 

Ca paraissait compliqué pour un quatrième titre consécutif. Versé dans la poule de la mort, le RCT a commencé par prendre un brrrrrranlée chez les Wasps, mais s’est progressivement hissé à la première place de sa poule à coup de matchs gagnés à l’arrache, pour le plus grand bonheur des cardiologues de la région PACA. Tout ça pour se faire sortir par le Racing en quarts…

 

Un manager à mi-temps

 

Entre le temps passé en campagne, le temps passé sur RMC, le temps passé à marronner dans le bus pendant les deuxièmes mi-temps, on ne peut pas dire que Bernie se sera investi à fond dans le club cette année. Pas sûr que les joueurs étrangers arrivés cette année aient vraiment compris à quoi il servait.

 

“Allez, Juan, tu peux me le dire, maintenant ! C’était qui le chauve à lunettes hystérique qui venait gueuler dans le vestiaire, des fois ? ”

En tous cas, le cadeau de départ à la retraite était bien pourri:

 

La défaite en finale

 

Allez, il faut bien parler de l’éléphant dans la pièce. Ca fait une petite semaine que j’arrive à parler de cette finale sans paraître souffrir du syndrome de la Tourette.
Malgré tous les aléas sus-cités, le RCT est parvenu à s’assurer une place en demi-finale, disposant de la plupart de ses joueurs cadres (hormis un Vermeulen rendu à son équipe nationale et rendu tout cassé comme un vulgaire arrière gallois). Mais le Racing et la filière bittéroise sont venus tout faire capoter.
Suite à des décisions arbitrales contestables – ou du moins contestées par Franck Azéma et le président de Cromières – le Racing a remporté sa demi d’un petit point, privant le RCT d’une défaite de l’ASM en finale.

 

Quand Maxime Machenaud est sorti sur carton rouge au bout de 20 minutes, la victoire semblait nous tendre les bras… Et mon vier, enc*** de sa m*re la p*te borgne !

 

Ah, je ne suis pas tout à fait guéri, on dirait.

 

Last but not least, le psychodrame de l’été

 

Une des grandes forces du RCT est sa façon de gérer ses temps faibles. L’été est le temps faible rugbystique par excellence, et on peut compter sur Son Ovalitude Sérénissime pour occuper l’espace médiatique en cette période vaches maigres, que ce soit en bien ou en mal. Après tout, ça fait longtemps qu’on sait que pour le Pharaon du Faron, il n’y a pas de bonne ou mauvaise publicité.

 

On nage pourtant dans le flou le plus total. Et comme dit le proverbe, quand c’est flou, il y a un LOU. Une bonne partie de l’effectif toulonnais migre en effet vers Lyon, dont des minots du centre de formation comme Bruni ou Belan, des historiques comme Delon Armitage, ou encore Frédéric Michalak, dont la plus grosse contribution cette année aura été d’être à l’origine du hashtag #zencommemichel.

 

Lors de notre exil dans ce fabuleux pays qu’est la République Populaire Démocratique de Corée, le Grand Camarade Kim Jong-un me faisait part de toute l’admiration qu’il portait à Mourad Boudjellal. « Cette manière qu’il a de gérer son club d’une main de fer, si bien que personne, staff ou joueur ne sait de quoi demain sera fait ! Cette façon d’imposer Quade Cooper, de faire poirauter Maxime Mermoz, de se débarrasser de ses meilleurs généraux comme Steffon Armitage… Non, vraiment, il y a du Directeur des Ressources Humaines de France Télécom chez cet homme là, mon cher Ketchup, et venant de moi, c’est le plus beau des compliments ! »

 

“Si tu sais dans quel club t’es d’main, tape des mains…”

 

Côté staff, l’incertitude règne également, puisque selon Infosports+, suite à l’arrivée de Marc Dal Maso, Diego Dominguez serait sur le départ, de même que Jacques Delmas. A l’annonce de la nouvelle, plusieurs pharmacies toulonnaises auraient mis la clé sous la porte, non pas suite à des soupçons de dopage mais parce que le gros de leur chiffre d’affaire provenait de la vente de boules quiès aux spectateurs de la tribune Lafontan et de JEANG-CHARLEUUUUH Orioli qui ne supportaient plus de l’entendre hurler sur le bord du terrain. Craignant sans doute de voir l’image de son club à nouveau ternie par une association avec le corps apothicaire, SOS a annoncé que Delmas restait finalement et que si Diego consentait à travailler avec Dal Maso, il pouvait rester. Si on ajoute Steve Meehan, Shaun Edwards et le fait que les rumeurs concernant Fabien Galthié restent persistantes, après les mercenaires sud-africains, c’est l’armée mexicaine.

 

Pour chapeauter ce joyeux bordel, les noms de Graham Henry et Stuart Lancaster ont circulé. Le premier a démenti. Le deuxième pourrait être une piste intéressante, tant qu’il n’y a pas de projet de faire signer Chris Robshaw. On ne peut qu’éprouver de la sympathie pour Stuart. On s’est tous retrouvé un jour dans la situation où on galère comme un fou sur un bouchon, un mec arrive derrière et débouche sans problème parce qu’on a fait tout le boulot…

 

Pour clarifier les choses, le Grand Communicateur a tout démenti. « Pour l’instant ». L’été sera long et chaud.

Autrement dit, si vous avez aimé cette saison de transition, vous allez adorer 2016-17.