Retour sur France-Angleterre [21-31]
par Ketchup-Mayol

  • 31 March 2016
  • 9

par Ketchup-Mayol,

 

On ne l’attendait plus, ce compte-rendu, un peu comme la titularisation de Charles Ollivon dans un match du RCT. Mais comme le dit le proverbe préféré de Florian Fritz, vieux motard que jamais… Ah là là… Troisième défaite consécutive pour le XV de France. Déjà qu’en temps normal les Bouchers mettent à peu près autant d’enthousiasme à faire des compte-rendus que Maxime Médard à défendre, autant vous dire que pour ce France-Angleterre, ça ne s’est pas bousculé au portillon…

 

Un volontaire pour le CR de France-Angleterre ?

 

C’est bien la peine d’avoir des Clermontois…

 

Le contexte :

Il y avait peu de choses à sauver après la défaite calédonienne. Plus aucune chance de gagner le tournoi – pis ! de savoir que les Anglais étaient d’ores et déjà assurés de l’emporter, le sentiment d’avoir été là où même Philippe Saint-André n’avait pas osé s’aventurer, non, vraiment, à part l’occasion de se faire la route des distilleries sur le chemin du retour, pas beaucoup de perspectives encourageantes. Ce fut vraiment, selon le cliché que même Matthieu Lartot se garda d’évoquer, la proverbiale douche écossaise. Pourtant, au moment d’affronter une équipe largement supérieure, il restait au cœur du spectateur français une infime étincelle d’espoir dans le cœur. Un espoir dans cette volonté qu’ont tous les Français, qui reste inextinguible dans les ténèbres les plus profondes, dans les moments de désespoir les plus désespérés, cette volonté primale et intrinsèque, qui au-delà de toutes les considérations de couleur, de religion ou d’origine reste le fondement même de notre identité gauloise : le désir de faire chier l’Anglais.

 

La Compo :

 

* Prononciation de Jonathan Danty

 

Le match :

Il ne sera bien entendu pas question de revenir sur ce match in extenso, le temps écoulé depuis le match, l’âge, l’alcool et les mécanismes de défense psychologiques ayant fait leur œuvre au point que la seule preuve tangible qu’on a vu le match se résume à quelques tweets publiés pendant son déroulement.

Jouer une équipe largement supérieure sur le papier, c’est déjà un souci en soi, mais en plus se faire arbitrer par Nigel Owens, c’est un peu comme se taper Paris-Roubaix sur un monocycle.Il n’y a guère que Rory Kockott qui en serait capable, et malheureusement, il n’est pas sur la feuille de match.

Malgré ces obstacles, les Bleus sont partis la fleur au fusil, comme leurs aïeux face aux mitrailleuses teutonnes. Avec hélas le même résultat. Après un début de match plutôt équilibré, les choses ont commencé à tourner au vinaigre quand Danny Care nous a planté un essai qualifié par euphémisme de « filou », raffutant un pilier et mettant la défense dans le vent. Au même moment, François Trinh-Duc sort sur une blessure à la cheville. A en croire les commentaires apitoyés, le joueur aux 54 sélections atteindrait donc le 8.5 sur l’échelle de Kennedy de la malédiction. Mais quand aura-t-il enfin sa chance en équipe de France? Jules Plisson entre sur le terrain après qu’on lui a présenté un document officiel signé attestant que Courtney Lawes n’est ni sur le terrain, ni sur le banc.

A la ‘mi-temps de la mi-temps’, au terme d’un long mouvement devant notre ligne, c’est Ben Coles qui va aplatir dans l’en-but. Ouf ! Il semblerait que Mako Vunipola ait empêché Guirado de défendre. A la surprise générale, Nigel Owens demande la vidéo, et une fois que les Français se prennent à espérer, douche l’enthousiasme général en accordant l’essai malgré tout.

 

“Allo, le TMO ? Oui, y a t-il une raison de ne pas entuber les Français? OK, j’accorde l’essai…”

 

A la mi-temps, l’Angleterre mène donc deux essais à zéro mais le sans-fautes de Maxime Machenaud au pied garde les Bleus dans le match. 12-17 à la pause. Visiblement Guytou leur a dit les choses dans le vestiaire, car ce sont des Bleus remontés à bloc qui reviennent sur le terrain. Ils vont se lancer à l’assaut du camp anglais, mais à chaque fois comme Moïse, ils s’en vont crever en vue de la Terre Promise en merdant sur le dernier geste.Par deux fois, Machenaud va néanmoins permettre aux Bleus de revenir à deux points des Anglais quand soudain patatras… A la 56ème , Billy Vunipola s’échappe de la mêlée au nez et à la barbe de Chouly et Goujon et fait un strike dans la défense bleue, passe à Youngs qui va trouver Watson au pied. Troisième essai. Heureusement, Machenaud assure encore. Si on arrivait à priver les Anglais du Grand Chelem en jouant comme le XV de la Rose des années 2000, ce serait moche, mais ce ne serait que ‘poetic justice’ comme on dit là-bas.

 

Billy Vunipola s’infiltre tout en finesse dans la défense française

 

Un peu trop tardivement pour vraiment peser sur le cours du match, le capitaine anglais va sortir sur blessure après avoir fait plus ample connaissance avec le genou d’Atonio. Yoann Maestri manque de déclencher LA BAGARRE ! en voulant mettre Hartley en PLS, signe s’il en est que cette équipe de France a besoin de Mathieu Bastareaud. Nigel Owens interrompt l’action française le temps d’évacuer le sujet de sa Majesté Dylan Hartley. Puis OKLM comme disent les jeunes, il rend le ballon aux Anglais sur mêlée.

 

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Moins sexy, certes, mais plus légitime qu’Adriana Karembeu en ambassadeur de la Croix Rouge.

 

Un carton jaune de Chiocci plus tard, la France se mettra à la faute mais c’est anecdotique. Score final 21-31.

 

Le moment Neg’ Marrons : LE BILAN

On peut remercier Nigel Owens. Sans l’essai accordé à Dan Coles, l’équipe de France aurait pu nourrir des regrets. Là, à 10 points d’écart, il n’y a pas photo et l’échec est total : non seulement la France finit 5ème du Tournoi mais en plus, l’ennemi héréditaire remporte le Grand Chelem.

On retrouve le même souci que lors des matchs précédent. L’équipe se fait énormément de passes mais tel Jean-Claude Dusse, peine à conclure. 18 turnovers concédés, le chiffre est éloquent. La seule chose qui aura permis à l’équipe d’y croire, c’est qu’en face, les Anglais étaient indisciplinés: un carton jaune sanctionnant leur recours systématique à l’antijeu dans leurs 40m n’aurait pas été volé. Ajoutons à cela un déficit de réussite en touche et des errements en défense, en particulier sur l’essai de Care.

Les premières lignes : Capitaine Guirado a terminé le Tournoi le capot ouvert : Il s’est montré moins précis en touche et au plaquage, la faute sans aucun doute à ces 60 minutes jouées pour le RCT à Oyonnax. Petit match de Slimani, pénalisé deux fois. Poirot ne manquera qu’un plaquage, pas de bol, c’est sur l’essai de Danny Care.

Les deuxièmes lignes ont été propres, sans plus, mais n’ont pas brillé face à la paire Itoje-Kruis. Ce dernier a fait la misère à l’alignement français.

Pour ce qui est de la troisième ligne, soi-disant musclée pour l’occasion, on aura tout dit en constatant que c’est Chouly qui a été le plus actif ! Goujon a visiblement du mal à contrôler les ballons en sortie de mêlée avec ses nageoires.

La charnière : 100% au pied pour Machenaud, c’est déjà pas mal. Mais dans l’animation, il y a eu peu d’alternance. Beaucoup de passes, peu de jeu au pied, Jules Plisson en retrait, comme s’il s’attendait à voir débouler Courtney Lawes à tout moment.

Les arrières : L’autre EDF devrait laisser tomber ses histoires d’EPR et réfléchir à un moyen d’utiliser Vakatawa comme source d’énergie. Ce type est un véritable lapin Duracell. Spedding s’est autant impliqué dans le match que dans une Marseillaise, Mermoz a été solide en défense, et à part quelques soucis de discipline, Fickou n’a pas démérité. Et de nous exclamer sur cette ligne de 3/4, comme Galilée, « Et pourtant, elle merde ! ».

 

LE (Théo) BILAN Part II

Le doux chariot s’est balancé tellement bas que les Français l’ont pris dans la gueule, et les Bleus terminent 5èmes du premier tournoi de l’ère Novès. Faut-il regretter PSA ? Faut-il déjà brûler le vieux sorcier toulousain ?

 

Miss me yet?

 

Non, sans doute. Premièrement parce que Guy Novès me fout les jetons. Deuxièmement parce qu’une équipe de France qui perd, c’est comme Clermont, ça assure un fond de commerce. Enfin parce que malgré tout, cette équipe de France new look reste plus agréable à regarder jouer que la précédente. Aussi, montrons-nous aussi magnanimes que la LNR à l’égard de Jean-René Bouscatel. Allez, ça va pour cette fois.