[Top 15] Le bilan
par Pastigo

  • 18 June 2015
  • 20

Par Pastigo,

 

Le Top 15 est terminé. Coup dur pour les 12 lecteurs assidus contraints à errer bras ballants, pire encore pour les 2 trolls qui ont passé l’année à scruter notre classement à la recherche d’une coquille. Grâce à une organisation à l’allemande, mélangeant rigueur teutonne et fête de la bière, ils en ont trouvé chaque fois que nous n’avons pas oublié du publier le classement.

Rappelons l’idée première du Top15, celle de modestement révolutionner le rugby français. Pour cela il nous a paru évident qu’il fallait modifier le mode d’attribution des points, peu propice au rudoyant, petit rappel:

 

– Victoire : 2 points

– Victoire à l’extérieur : 2 points

– Victoire avec 3 essais marqué : 2 points

– Bonus : 1 point Boucher attribué chaque semaine

(Le reste est ici)

 

Nous restons convaincus que c’est génial. Tout d’abord parce que c’était mon idée, d’autre part parce que ce bilan se dispense de l’avis des autres. A l’heure où les puissants du Rugby se déchirent en discussion, cette méthode est garante d’une franche cohésion. A l’inverse de toutes les idées formidables que nous partageons en secret, celle-ci a vu le jour. Un élan d’énergie, un manque de réalisme au moment clé, et nous avons oublié de laisser tomber. Imaginez si nous avions mangé 5 fruits et légumes le jour de l’adaptation 3D de « In bed with Giorgi Jgenti ».

 

L’équipe a tout de suite adhéré au projet. Les 10 première minutes furent euphoriques, ensuite les volontaires se sont manifestés pour écrire un à un les comptes rendus d’une année complète. (novembre à mars compris).

 

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La Boucherie Ovalie révolutionne aussi l’administration : c’est le dernier arrivé qui travaille.

 

Motivation, envie d’aller au bout, de ne pas s’écrouler en barrage comme un vulgaire Racingman, nous nous sommes relayés tels de courageux cyclistes devant un public qui dort pour toujours trouver un volontaire de force.

Et le jeu en valait la chandelle auvergnate sur un 4 contre 1, puisqu’il s’agit bien d’une révolution :

 

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Un championnat audacieux, un résultat surprenant.

 

Alors oui je sais, c’est étonnant. La surprise est totale et on entend déjà les premières analyses monocordes et sans virgule d’un Pierre Villepreux frénétique, aussi emporté que ce sanguin matin de 1974 où il a perdu une pantoufle. L’étonnement digéré, les premiers constats s’imposent et sont sans appel.

Changer l’attribution des points afin d’encourager les équipes qui produisent du jeu, sans calcul, est une excellente idée… dans un championnat où au moins une équipe produit du jeu.

Notre erreur fut donc tout d’abord d’intégrer au Top15, par sympathie, les équipes de feu le Top 14. Et elles ont fait ce à quoi le rugby français les a formées : faire l’impasse à l’extérieur, mettre quelques branlées à ceux qui font vraiment super bien l’impasse, et occuper les mois suivants à provoquer des pénalités. 

Les équipes, bien aidées par une technique hors-norme, ont fait le choix de ne pas suivre les recommandations. Peut-on leur en vouloir ? On a vu pas mal de rencontres, attribuer un point de bonus à l’équipe qui marque 3 essais est une belle idée mais c’est sans doute encore un peu tôt pour les réclamer dans le même match.

De même que nous n’avons pu que remarquer les coups bas des vieilles instances, effrayées à l’idée de voir le Top 15 prendre leur place au plus près des petits fours, et qui ont tout fait pour enrayer la révolution en marche. Nous en voulons pour preuve cette descente de Bayonne après une décennie de sauvetages improbables, juste pour s’attribuer avant nous la gloire de cette relégation. Personne n’est dupe, odieux jacobins.

 

Mais revenons au classement. Ceux du haut sont en haut, ceux du milieu restent quelconques, et ceux du bas sont toujours aussi bas, inspirant plus de rires que de pitié.

Alors pourquoi les équipes n’ont pas adhéré ? Pour ceux du haut on peut comprendre, pourquoi courir pour le même résultat. Mais les autres ?

Sont-ils techniquement si pauvres, collectivement si faibles et tactiquement si limités qu’ils n’ont pas saisi cette chance ?

Bon, en fait oui. Mais supposons qu’il y ait d’autres raisons, juste histoire de garder un peu d’espoir alors que la saison prochaine se dessine déjà.

 

Nous n’avons pas été assez gourmands, la révolution doit être totale. Nous avons négligé l’arbitrage tout d’abord, et sa frénésie de rugby à la française. Celui qui récompense la défense, punit l’attaque, siffle toutes les mêlées pour feindre qu’il y comprend quelque chose, devait être soudoyé pour que ce projet puisse s’accomplir. Il s’agit tout d’abord d’un problème d’estime de soi. Les arbitres étrangers ont accepté l’idée de n’y rien comprendre, et laissent donc les mêlées suivre leurs rondes au mépris de l’entendement. L’abstraction de toute maîtrise et l’aveu d’incompétence sont en fait les atouts des arbitres étrangers qui acceptent d’être seulement celui qui sanctionnera un vulgaire meurtre.

C’est parce qu’ils font face à leur impuissance face aux phases statiques qu’ils encouragent les lancements de jeu, pour y voir quelque chose. Pour aller mieux. Et le jeu nait…

 

Ainsi nous décidons de tendre une main fraternelle mais papédée à l’arbitrage, afin que le Top15 soit enfin le championnat tant attendu. Ceci s’articulera autour d’un Grenelle de l’arbitrage dont voici les grands axes :

– Ouverture de groupes de parole : Tu n’y comprends rien, mais moi non plus. Nous non plus. Je ne te juge pas. Arbitre je t’accepte.

– Sanctionner un seconde ligne juste parce qu’il était plus costaud que toi à l’école n’est pas une solution. Un joueur que tu soutiens, c’est un ami qui te retient.

– Nous nous engageons à fournir un lot de maillots aux couleurs non criardes et tolérables à tout arbitre adhérant au projet, lui permettant ainsi de revoir ses enfants.

– Plus de jeu, c’est plus d’en-avants. C’est aussi plus de 3 contre 1 de Domingo. La thérapie par l’humour, pour réchauffer ton petit cœur.

– Le droit à la parole en fin de match, parce que toi aussi « tu savais que ça allait être difficile ».

 

Rejoins-nous, Arbitre. Entre dans l’histoire, et montre nous ce qu’aurait été la Révolution Française racontée par un maigrichon équipé d’une GoPro.

Prends ma main, faisons une ronde, et chantons ensemble : Je n’y comprends rien, je ne maîtrise rien, mais quitte à passer pour un con autant qu’on s’amuse !