Le Rade’Labo est champion d’Europe. Encore.
par Ketchup-Mayol

  • 05 May 2015
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Par Ketchup-Mayol, 

 

Putain, Pastigo et Copareos, vous avez une veine de cocu.

Pendant le Tournoi des 6 Nations j’avais pensé à un article intitulé « Français par la grâce de Dieu » dans lequel je me serais interrogé sur la raison d’être d’un site comme la Boucherie Ovalie en Nouvelle-Zélande. Comment être drôle si ton équipe gagne tout le temps ?

C’est un peu le même souci quand tu es supporter toulonnais. Oh, merde, on a encore gagné une Coupe d’Europe, qu’est-ce que je vais pouvoir trouver de marrant à dire ? Alors que quand tu es supporter de l’ASM, le potentiel comique est carrément illimité ! Si on refait le doublé, il faudra peut être que j’envisage de supporter une autre équipe.

 

L’AVANT MATCH

EN-FIN ! Deux ans après la victoire Voldemourad sur Harry Cotter, le match retour ! C’est pas trop tôt ! Outre l’excitation promise par une affiche alléchante, ce match met surtout un terme à plus d’une semaine de bouillie médiatique.

Son Ovalitude Sérénissime a encore démontré son sens de la mesure, entre les ‘Clermont Siffredi’ et les états d’âmes putatifs de Nigel Owens. On nous a rebattu les oreilles de Dublin, d’esprit de revanche d’autant plus saugrenu que la raison de la colère ne figurait pas sur la feuille de match, le lauréat du Prix Micheline Dax 2013 Delon Armitage s’étant fracturé la main en demi. Des supporters clermontois peu rancuniers s’étaient d’ailleurs manifestés pour apporter leur soutien au malheureux, rappelant ainsi si besoin en était pourquoi la Yellow Army est le meilleur public de France.

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(crédit image @Johnsnowasm2)

 

Mais comme dit le proverbe népalais, « Karma’s a bitch. ». Quelques minutes avant le coup d’envoi c’est Brock James qui déclare forfait. Officiellement une douleur à la cuisse. Mais plusieurs autres hypothèses sont envisageable. Première possibilité, assez improbable, dans un souci de maintien de l’équilibre cosmique, les fameux dieux du rugby ont estimé qu’en l’absence de sa nemesis, la présence de Brock James n’était plus nécessaire. Deuxième possibilité, plus plausible : à la vue de Nigel Owens, l’ouvreur auvergnat aurait été pris de malaise et de tremblements, une occurrence de syndrome post-traumatique bien connu chez les vétérans de guerre ou les victimes de brrrranlées comme la demi-finale contre les Saracens de l’année précédente.

James et toute l’équipe avaient pourtant reçu une préparation psychologique de la part de Denis Troch, coach mental. Sa méthode révolutionnaire consiste à imaginer son adversaire nu, avec une grosse moustache comme lui. Oui, ça peut paraître débile et complètement inefficace, et d’ailleurs, ça l’est, mais bon, c’est l’Auvergne, hein, on préfère aller chez le rebouteux que chez le médecin… Dernière possibilité, James s’est bel et bien déchiré un muscle et c’est beaucoup moins amusant que les deux premières.

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– J’ai trouvé ça sous mon essuie-glace, ça a l’air pas mal. T’en penses quoi, Jean-Marc? – Bof, au point où on en est…

 

LA COMPO DES CHAMPIONS

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Outre l’absence de Delon Armitage mentionnée plus haut, une autre tuile de taille fut le forfait de Maxime Mermoz, remplacé par Juan-Martin Hernandez. La nouvelle avait de quoi inquiéter car après un premier match étincelant sous les couleurs de Toulon, El Mago n’a pas vraiment brillé, au point d’être à deux doigts d’être rebaptisé Fumbledore. Steffon Armitage est titulaire, histoire de re-fouler la pelouse de Twickenham des fois qu’il ne serait pas sélectionné pour la Coupe du Monde.

 

LA PREMIERE MI-TEMPS

Après 6mn d’assauts constants dans les 22 toulonnais, une touche et deux mêlées à 5 mètres, à frôler la ligne d’en-but, la furia clermontoise est récompensée par une pénalité. Lopez ouvre le score. 3-0. Les premiers « Ici, ici, c’est Montferrand ! » commencent à retentir. Pour confondre Clermont et Londres, faut-il qu’ils soient alcoolisés.

10ème : Cudmore sort sur protocole commotion après avoir fait connaissance avec l’ arrière de la hanche de Masoe. Quand on pense au potentiel de bagarre qu’il y avait avec Bakkies Botha, s’assommer sur le cul de Masoe, c’est un peu décevant.

11ème : Nigel Owens agite la menace de carton aux premières lignes si les mêlées ne tiennent pas mieux. A partir de là, les mêlées vont tenir. Quelque part, un producteur de télé réalité téléphone à Pascal le grand frère pour lui dire qu’on lui a trouvé un remplaçant est qu’il est viré.

14ème : Coup de pied dangereux de Lopez avec un rebond chateux. Comme Yoann Huget n’est pas sur le terrain pour le récupérer, c’est Giteau qui s’en empare et le garde au sol. Nouvelle pénalité : 6-0.

16ème : Jeu Boucherie Ovalie :

A) Un tchik-tchak de Bastareaud amène une pénalité varoise. 6-3

B) Une charge de Bastareaud amène une pénalité varoise. 6-3

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18ème : Retour de Cudmore après avoir répondu aux questions du protocole commotion. Bon, il a dit qu’un de ses frères est un Avenger et que l’emblème du Canada est la feuille de platane, mais le staff médical clermontois est moins solide que la hanche de Masoe.

25ème : Coup du sort ! Parra contre le 34ème coup de pied dans la boîte de Tillous-Borde. Fofana s’empare du ballon et s’en va aplatir. Il rend hommage aux spectateurs anglais en les gratifiant d’un superbe ‘Ash splash’ en coin et tant pis si Lopez ne peut pas passer la transformation trop excentrée, la photo est belle, le plongeon est un clin d’oeil à celui d’Armitage, et Matthieu Lartot peut y aller de son ‘WESLEY SNIPES FOFANA !’ 11-3.

La place de Jaude entonne un « Ici, ici, c’est Mont-fer-rand ! ». C’est toujours aussi chiant, mais au moins c’est factuellement vrai.

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Fofana, en toute simplicité.

 

29-33ème : Les Toulonnais se rappellent que ce n’est pas encore la seconde mi-temps, et qu’ils peuvent donc jouer. Ils obtiennent deux pénalités. 11-9. Les « Et ils sont là, les Toulonnais » commencent à retentir.

36ème : Leigh Halfpenny rate une pénalité, juste pour qu’on puisse un peu regretter Wilkinson.

40ème : Giteau tape dans les bras d’Abendanon, qui décide de relancer au pied dans les arrêts de jeu. C’est le départ d’une action qui va aboutir à un essai de Bastareaud. Stuart Lancaster pousse un soupir de soulagement : une ‘circonstance exceptionnelle’ de moins à gérer.

Score à la mi-temps:11-16.

LA DEUXIEME MI-TEMPS

42ème : Entame tambour battant des Toulonnais qui en ont marre d’être accusés de foirer leurs deuxièmes mi-temps. Une fois n’est pas coutume, Giteau croque un essai presque tout fait en tentant un geste technique aussi périlleux qu’inutile, une chistera en avant et en touche. C’est un constat rassurant pour nos joueurs de voir qu’un des meilleurs joueurs du monde peut aussi foirer un surnombre.

51ème : Nakaitaci sort avec le ballon en touche. Dans un geste de colère un peu puéril, il le jette dans les tribunes au lieu de le donner à Bryan Habana. Nigel Owens, qui n’attendait qu’un faux-pas d’un international français, le pénalise. Quelque part, un producteur de télé-réalité décroche son téléphone pour appeler Super Nanny pour lui dire qu’on lui a trouvé un remplaçant et qu’elle est virée, puis se ravise en se souvenant qu’elle est morte. 11-19.

58ème : Jamie Cudmore ressort pour un protocole commotion, ou saignement. La vieillesse est un naufrage.

62ème : Coup du sort derechef ! Après 18 temps de jeu clermontois dans les 22 toulonnais, Habana récupère la balle et cherche à taper en touche. Il dévisse, Abendanon récupère la balle, et enclenche le mode bullet-time : il est le seul à courir alors que tout le monde marche. Hayman et Armitage, cuits par leur défense acharnée le regardent taper un coup de pied par dessus pour lui-même et va tranquillement aplatir entre les perches. Facepalm de Stuart Lancaster qui se retrouve à nouveau avec une ‘circonstance exceptionnelle’ à gérer… 18-19, ce qui laisse présager un dernier quart d’heure haletant, voire ‘de déglingos’.

Et une minute plus tard c’est Ali Williams qui manque de marquer un essai mais la balle lui échappe avant qu’il puisse aplatir. Rado tente de le faire dégoupiller avec un bisou à la Bakkies dans un remake de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Botha. C’est un échec.

 

Y a des coups de machette qui se perdent… (crédit vidéo @philousport)

 

66ème : Alors que revoilà la sous-préfète… Retour de Jamie Cudmore. C’est plus un terrain de rugby, c’est un moulin ! En entendra-t-on autant parler que de l’affaire Fritz ? Pas sûr.

 

70ème : Essai de Drew Mitchell ! L’Australien est l’un des 4 Fantastiques, Susan Richards : invisible depuis des mois, il se faufile dans la défense à la sortie d’un maul, et 6 défenseurs viennennt s’écraser contre son champ de force, qui lui avait déjà fait résister à un plaquage de Fritz Lee plus tôt dans le match. Mais Halfpenny rate la transformation, laissant Clermont à portée de tir. 18-24.

 

Les Clermontois vont tout donner pour marquer l’essai transformé qui leur donnerait la victoire. Mais c’est une finale, donc c’est comme regarder se débattre une mouche à qui un gamin pervers aurait arraché les ailes. Et quand Camille Lopez tape une diagonale récupérée par Bryan Habana, poussé en l’air, c’est fini. Les Toulonnais laissent éclater leur joie, Vern Cotter se précipite nu sur le terrain en criant « Je vous l’avais bien dit que ce n’était pas ma faute ! ».

 

Toulon a sa 3ème étoile et entre dans la légende des grands clubs européens. Et sud-africains. Et néo-zélandais. Et australiens.

 

Le contraste est saisissant avec les visages abattus des joueurs et supporters clermontois. Et encore, ils ont l’habitude !

 

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Found footage: ces images de Julien Pierre ont été retrouvées dans une caméra ensanglantée. Le caméraman reste introuvable.

   

LE BILAN :

 

Bon, allez, on peut le dire maintenant, y a prescription. Il y a deux ans, on vous a enflés. Jamais on aurait dû la gagner, cette Coupe. Mais alors cette fois-ci, il n’y a rien à dire.

 

Le RCT a été plus fort. On a beau être supporter toulonnais, on n’en a pas moins un coeur et comme j’ai quelques followers jaunards, je m’abstiendrai de tout triomphalisme de mauvais aloi. Gardons l’image de Frédéric Michalak et Mourad Boudjellal allant saluer la Yellow Army, l’un sans doute pour se dégourdir les jambes après être resté sur le banc tout le match, l’autre pour probablement tenter d’attirer quelques déçus du Côté Obscur.

 

Que faire, amis Clermontois, que faire pour conjurer cette terrible malédiction ? Je ne vois pas beaucoup de solutions, hormis un grand bûcher place de Jaude où il vous faudra sacrifier les chats noirs qui vous empêchent d’avoir le palmarès que vous méritez. Je sais que vous tenez énormément à Aurélien Rougerie, mais le sentimentalisme ne fait pas gagner des coupes. En plus c’est pas sûr qu’il brûle… Vous sélectionnez Benjamin Kayser alors qu’il a perdu trois finales auparavant, vous cherchez la merde, aussi, quoi ! Renaud Lavillenie en nouvelle mascotte, non mais quelle idée, allez hop au feu ! Rajoutez un roux pour faire bonne mesure et l’an prochain, à vous le doublé.

 

Ah et puis si vous vous remettez la main sur Denis Trochancourt, récupérez votre pognon ! Rendez-vous en Auvergne pour la 25ème journée.

 

LE TWEET

 

Evidemment que le champion d’Angleterre, de France, d’Europe et du Monde ne peut “qu’imaginer” ce que ça peut faire de ne jamais gagner. C’est pas sympa de se moquer, Jonny !