[VI Nations 2015] Le XV type de la Boucherie Ovalie
par La Boucherie

  • 27 March 2015
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Par Marcel Caumixe, Ovale Masqué et l’Affreux Gnafron, avec l’aimable participation de Peir Lavit à la compo.

 

À l’heure où les rédactions de tous les sites rugby que vous devriez arrêter de lire vous livrent leurs XV types du Tournoi des VI Nations, avec les mêmes joueurs, les mêmes phrases toutes faites et les même statistiques débiles du type « il a battu 8 défenseurs comme même », la Boucherie Ovalie a décidé de ne pas faire comme tout le monde, ou plus précisément, de faire pire que tout monde.  Voici donc notre XV idéal de la compétition, un XV complètement badass, complètement con et pourtant complètement bandant. 

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1 – Joe Marler

Parce que c’est un des rares rugbymen anglais au monde avec qui on a spontanément envie d’aller vider une canette de Maximator sur les bords du Canal Saint Martin. Non content d’être très bon à son poste de pilier gauche, Marler a une bonne tronche de branleur qui ne se prend pas au sérieux, comme il l’a prouvé dans cette vidéo culte où il tente notamment de nous expliquer comment on fait rentrer une maquette de bateau dans une bouteille.

2 – Guilhem Guirado

Lancé dans le grand bain international par Marc Lièvremont dès 2008, Guilhem Guirado a souvent été victime des colifichets, que ce soit à cause de sa gueule d’écureuil sous stéroïdes ou de ses talents présumés de pizzaïolo. Pourtant, le joueur suit une progression linéaire depuis ses débuts : excellent lors de ses deux dernières saisons à l’USAP, il a pris une nouvelle dimension en s’imposant directement comme titulaire à son arrivée dans le meilleur club de la galaxie. Explosif et habile ballon en mains, on l’a vu réussir deux “passes décisives” contre l’Angleterre, dont une en mode Sonny Bill Williams. Après avoir été éclipsé par Raphaël Ibanez et William Servat, la VDM de Dimitri Szarzewski pourrait donc continuer puisqu’il lui sera difficile de récupérer le N°2 d’ici le Mondial. Excellent joueur condamné à jouer le rôle de second couteau sous le maillot bleu, il est étonnant de constater à quel point le Tsar partage le destin international de son pote des années Béziers, Yannick Nyanga. Il faut dire que quand ton mentor est Jean-Pierre Élissalde, la lose te colle vite à la peau.

Guilhem a quand même fait du chemin depuis cette pizza légendaire.

 

3 – Le chien de l’ami de Castrogiovanni

Sans conteste la révélation du Tournoi. Capable en une seule action de provoquer le forfait du pilier italien aux 110 sélections pour les matches face à l’Écosse et la France, Il Bruto a profité de l’absence de la vidéo pour accomplir son œuvre. Redoutable à l’impact, efficace dans les duels, ne laissant pas sa part aux chiens en défense, l’Animal (un de ses surnoms) aura laissé sa marque sous la forme de 15 points de suture (soit pas moins de 3 essais d’un seul coup !) sur le visage du Toulonnais. Une performance remarquée qui lui vaudra sans doute désormais toute l’attention de la commission de discipline.

 

4 – Lionel Nallet

Lors d’une journée de doublon, Lionel s’est donné en spectacle tel le clodo du coin qui gueule sur les passants. Hirsute, débraillé, en surpoids flagrant, il s’est mis à invectiver l’arbitre pour des décisions anecdotiques au regard d’un match qui s’est surtout joué sur l’incapacité de Lyon à prendre les points au moment opportun. Monsieur Péchambert, visiblement embarrassé par ces effusions quasi éthyliques s’est efforcé d’encaisser pour ne pas ajouter à la gêne de voir le spectacle d’une ancienne gloire éructant à la gueule du monde, l’humiliation d’une sanction.

 

5 – Courtney Lawes

L’icône de la musique Crunch a encore prouvé qu’il aimait briser les os des plus petits que lui. Autant sur Parra, on était plutôt d’accord. Mais pourquoi Plisson ? Quelle pulsion sadique a bien pu le pousser à vouloir propulser l’ange blond nimbé d’innocence, respirant la bonté, vers un avenir en fauteuil roulant ? D’autant qu’il faisait déjà un match de paralytique ? Il mérite sa place dans notre XV pour son absence de remords, son côté psychopathe, en bref, pour redonner des lettres de noblesses au 2ème barre qui fait peur : pas le genre à rigoler, pas le genre à donner des tapes amicales, pas le genre à relever un adversaire à terre. En tout cas, on y réfléchira à deux fois avant de lui demander s’il est la femme de Kurt Cobaynes

 

6 – Yannick Nyanga

Encore une fois, on aura refusé à Yannick Nyanga d’essuyer le banc de l’équipe de France. Pourtant, ses nombreux séjours en haute altitude ont à coup sur multiplié ses globules rouges, doublé ses airmiles, lui ont permis de passer gold et de choisir un mélange salé bien moins calorique que le snack sucré. Est-ce à cause des jambes lourdes causées par la position assise prolongée ou d’une douleur récurrente à la nuque contractée lors d’une sieste en classe éco ? Que peut-on reprocher à ce joueur si ce n’est une croute de salive séchée à la commissure gauche de ses lèvres ? Yannick est pourtant un des 3ème ligne les plus mobiles du championnat : regardez le nombre de kilomètres franchis sur ces dernières semaines.

 

7 – Chris Robshaw

Parfois, on dit de Sergio Parisse que son seul défaut, c’est d’être Italien. On se demande si pour Chris Robshaw, ce n’est pas celui d’être Anglais. Sur le papier, le troisième ligne des Harlequins a tout pour lui : gendre idéal, sympa, travailleur infatigable sur le terrain, capitaine exemplaire. Et pourtant, malgré toutes ses qualités, il ne réussit décidément pas à emmener ce XV de la Rose vers les sommets, et devient peu à peu le symbole d’un XV de la Rose beau à voir jouer mais rarement vainqueur. De l’autre côté de la Manche, son leadership commence à être remis en cause et certains observateurs regrettent les insupportables têtes de cons qu’étaient Lawrence Dallaglio ou Martin Johnson, eux qui pour nous, incarnaient à merveille tout ce qu’on peut détester chez un Anglais. Oui, finalement, peut-être que ce pays ne mérite pas un type comme Robshaw.

Loser jusqu’au bout, ce brave Chris s’est fait gronder par son papa en direct devant des millions de téléspectateurs.

 

8 – Damien Chouly

Dans chaque équipe, il doit y avoir un chouchou de la classe, un joueur systématiquement aligné par le sélectionneur sans que personne n’arrive à comprendre ce que ce dernier lui trouve. Pour PSA, cela aura longtemps été Rémi Talès. Finalement relégué en tribune en attendant que le CO ne le soit en ProD2, Rémi sans famille a été remplacé dans ce rôle ingrat par Damien Chouly LE CATALAN. Damien Chouly, c’est le prototype même du joueur plutôt doué techniquement et intelligent, mais dont on ne sait pourtant pas vraiment quoi faire, puisqu’il ne semble pas avoir la puissance d’un N°8 de niveau international, ni l’abattage et les capacités de gratteur d’un vrai flanker. Lors des deux dernières journées du Tournoi, il a même dû subir une véritable humiliation en constatant qu’un type de la Rochelle qui ne joue presque jamais N°8 en club était bien meilleur que lui à ce poste. Si l’on ajoute à cela le lobbying intense des groupes Pro-Picamoles et Pro-Harinordoquy, on se dit que les chances du Clermontois de participer à la prochaine CDM deviennent de plus en plus maigres. Comme à la Boucherie on aime prendre le partie des outsiders et des mal-aimés, on apporte donc notre soutien à Damien, ce qui ne devrait pas manquer de lui porter la poisse.

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La seule photo au monde où Damien Chouly a du charisme.

 

9 – Bryan Redpath

Comme un hippie sous acide resté bloqué dans les années 70 après avoir pris un trip de trop à Woodstock, Laurent “Doc Brown” Bellet nous a ramené dans les années 1990 en confondant Craig Laidlaw avec Bryan Redpath pendant 40 minutes lors du match entre l’Écosse et l’Italie. Pour les plus jeunes d’entre nous, comme le Stagiaire qui n’était pas né, rappelons que Redpath est tellement vieux qu’il a déjà accompli l’exploit de remporter le Tournoi des V Nations avec l’Écosse. Je vous jure, c’est arrivé, allez vérifier sur Wikipedia. Même que cette année-là, le N°10 du XV du Chardon jouait à Brive. Ça aussi c’est vrai. Et c’est une parfaite transition pour vous parler de notre N°10.

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Redpath c’est aussi un des rares mecs à avoir osé les mitaines avant Yannick Forestier et Brock James.

 

10 – Luciano Orquera

L’Italie saura toujours nous faire rêver avec son réservoir de techniciens. A l’heure où la France cherche son grandisse, l’Italie cherche un type qui sache mettre des coups de tatane et vaguement donner la balle au type à côté. Rappelé pour la énième fois, Luciano est venu à nouveau traîner sa dégaine de Ross Geller dépressif sur les terrains du tournoi. Déployant la vista et la défense de fer qui avaient fait de lui une légende en Corrèze, il aura eu soin de peser le moins possible sur les résultats de son équipe.

 

11 – Vincent Debaty

En 2012, Vincent Debaty avait commis un crime contre la confrérie des ailiers en empêchant un de ses plus brillants représentants, Vincent Clerc, de marquer un énième essai de pit en courant tout droit sur 10 mètres jusqu’à l’en-but. En 2015, il s’est définitivement fait pardonner en démontrant qu’il avait beaucoup plus de gaz que la plupart des des joueurs sélectionnés avec l’équipe de France de rugby à 7. Malgré ses 33 ans et ses 122 kilos, le Belge a sans doute marqué le plus bel essai de l’ère PSA. Un essai qui en plus n’aura servi à rien, ce qui fait parfaitement honneur au French Flair.

 

12 – Steve Walsh

Pendant que tout le monde s’astique sur Jonathan Joseph « le nouveau Jeremy Guscott » ou encore Robbie Henshaw « le nouveau Brian O’Driscoll », nous avons décidé de ne pas trop prendre de risques et de se rappeler qu’avant d’être considéré comme un ersatz de Ludovic Valbon, Wesley Fofana avait également été surnommé « le nouveau Philippe Sella ». Et oui, tout va très vite dans le rugby. La preuve avec Steve Walsh : pour la première fois de sa carrière, l’arbitre le plus sexy de la planète est coupable de s’être retiré trop tôt. Un drame pour des milliers d’amateurs et d’amatrices de rugby. Une revanche pour Romain Poite, qui travaille son look de métrosexuel depuis des années pour ravir la place de Steve dans le cœur des groupies. Nous avons en tout cas décidé de rendre hommage à son arbitrage dans les rucks en le mettant de façon totalement aléatoire dans ce XV. Tu vas nous manquer, Steve.

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Romain, sens mon doigt.

 

13- David Marty LE CATALAN

Son absence aura cruellement fait défaut au Quinze de France tout au long du Tournoi. Redoutable en défense, attaquant avisé, joueur d’expériences (plongeons dans les rucks, coups de pied improbables, feintes de passes subliminales), le Catalan présente le profil typique d’un Papa des lignes arrières capable d’encadrer la jeune génération vers les sommets. Son association avec Maxime Mermoz a déjà fait ses preuves (Brennus 2009) et augure de lendemains qui chanteront l’Estaca. Pour peu qu’elle soit tentée par Saint-André.

 

14 – Yoann Huget

À force d’imposer Yoann à l’aile, PSA a réussi un tour de force : il fait désormais partie du paysage. Yoann, c’est un peu comme le vieux piano chez ton papy : il sert à rien, il est lourd, il encombre, mais ça semble tellement impossible de le bouger que c’est trop pénible de n’en avoir que la simple intention. Alors tu commences à lui trouver des qualités : il est vintage, ça va bien dans la pièce, peut-être qu’un jour il va servir, et ce, même si tu te cognes le petit orteil dessus à chaque fois que tu entres dans le salon. Le statut d’indiscutable de Yoann s’immisce donc insidieusement dans l’esprit des observateurs les plus aguerris qui, eh bien, ne le discutent même plus. Pire encore, certains en disent du bien dans des proportions tout à fait surprenantes. Alors pourquoi pas nous : c’était le meilleur Français de la ligne d’attaque. Toujours à créer le danger, solide sur les ballons aériens, combatif, avec une barbe magnifiquement taillée et les bouclettes incroyablement soyeuses.

 

15 – Luke McLean

L’indigence offensive a un nom, l’inefficacité défensive sa mascotte, La lenteur son parangon. Luke McLean met le “é” accent aigu à la fin de “Arrière”. On croit autant aux tentatives de relances de Luke qu’à celles de l’économie de son pays d’adoption. Celui que l’on surnomme “Luc pas clean” a un talent inouï pour provoquer les sous-nombres et dénicher les mauvais choix. En vertu de quoi Luke est-il indéboulonnable ? Qu’a donc fait sa grand-mère au président de la fédé ? On ne le saura sans doute jamais.

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Tu ne sais rien, Luke McLean. Même pas rattraper une vieille chandelle sans pression.

 

Bonus. Meilleur entraîneur : Vern Cotter

Pour son premier Tournoi à la tête du XV du Chardon, Vern Cotter aura réussi l’exploit de remporter son premier titre et gagne le droit de rentrer chez lui avec une superbe cuillère de bois, qui lui sera sans doute très utile pour préparer de l’aligot en souvenir du bon vieux temps. On pensait que les Écossais allaient redevenir dangereux après une tournée d’automne plutôt encourageante. Las, comme d’habitude, ils n’auront été dangereux que pour eux-même lors de ce VI Nations. Le pire dans tout ça, c’est qu’on sent que l’ASM va enfin réussir à gagner la Coupe d’Europe cette année. Un évènement qui devrait définitivement plonger Vern dans la dépression.