[VI Nations] Le bilan de la dernière journée du Tournoi
par La Boucherie

  • 26 March 2015
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Par L’Affreux Gnafron et Ovale Masqué,

 

La dernière journée du Tournoi des VI Nations s’accompagne toujours d’une mélancolie profonde. Comme lors d’une amourette de vacances qui se termine, on a le cœur qui saigne. La nostalgie de ces samedis après-midi à buller sur son canapé, affalé devant France 2 (et un peu France 3 maintenant) s’empare du téléspectateur assidu. Fini le « non, je peux pas aller faire les courses, y a Écosse-Italie qui commence dans 10 minutes et ça va être énorme ». Terminés les « je vais au pub avec les copains pour mater Irlande-Galles, m’attends pas pour manger ce soir, on regardera aussi le match des féminines ». Envolés les « silence, il y a Flower of Scotland qui va commencer à Murrayfield ». Disparus les « ah tiens, on est vendredi et la Boucherie Ovalie n’a toujours pas mis en ligne son compte-rendu de la dernière journée du Tournoi ».

La vie reprend son cours normal, l’hiver laisse la place au printemps. Les arbres bourgeonnent, le soleil revient, les jours n’en finissent plus de rallonger et les jupes des filles de raccourcir, le Tournoi s’en va et Matthieu Lartot entre en hibernation en attendant les phases finales. C’est moche le printemps.

Surtout quand tu n’as ni Canal ni BeIn Sport.

Pourtant avant la morosité vient l’ultime épisode en guise de feu d’artifice. Et comme la vie est injuste, c’est une orgie de jeu qui viendra clôturer l’exercice 2015. On oubliera bien vite toutes les purges vues auparavant (ah cette première mi-temps d’Italie-France !) pour ne se souvenir que de ce florilège offensif. Les yeux remplis d’images de prises d’intervalles, de passes après-contact, de contre-rucks dévastateurs, on attendra avec impatience le retour du Tournoi, en février 2016 en oubliant même qu’il y a la Coupe du monde dès septembre.

rugby

Il va falloir réhabituer nos yeux à la bonne vieille bouillie de pixels. En attendant que Canal + offre des abonnements gratuits à tous les membres de la Boucherie.

 

Italie-Pays de Galles

Jacques Brunel est l’homme des missions impossibles. Ramener le Bouclier de Brennus à Perpignan ? Facile ! Survivre plus de 6 années aux côtés de Bernard Laporte sans perdre sa santé mentale ? Tellement simple ! Porter avec classe et élégance cette petite moustache de mousquetaire gascon ? Haut la main.

Pourtant l’Histoire retiendra que la longue liste d’exploits accomplis par le sorcier gersois se sera brisée face à l’inexpugnable inutilité d’un arrière venu d’au-delà les mers : l’Italo-Australien Luke McLean. Capable d’être déposé et battu à la course par Samuel Warburton, McLean est le symbole de la faiblesse du vivier de joueurs transalpins. Régulier dans sa médiocrité, ce joueur polyvalent peut aisément transporter ses lacunes aux postes d’ouvreur, d’ailier et d’arrière en conservant un jeu au pied déplorable et des qualités défensives douteuses.

Il n’est pas seul à mettre en cause dans le naufrage italien de Flaminio. Comme face aux Français, les Italiens perdent leur demi d’ouverture sur blessure d’entrée de match. Et dans le mauvais remake d’Un jour sans fin, c’est Luciano Orquera qui s’y colle de nouveau et nous offrira une prestation digne de celle de la semaine précédente. Solides devant et excellents en mêlée, les Italiens atteignent cependant la pause avec un déficit d’un tout petit point (14-13).

Un frisson d’espoir parcourt alors des millions d’échines françaises car une défaite galloise entrouvrirait les portes d’un succès des Bleus dans le Tournoi. Espoir rapidement douché par les Azzurri (la fameuse douche italienne). En 12 petites minutes, la messe est dite (en latin) et les Transalpins encaissent 4 essais entre les 48ème et 60ème. Le calice sera même bu jusqu’à l’hallali de cet essai de 100 mètres de Scott Williams, le huitième des Gallois, clôturant la seconde mi-temps sur un cinglant 47 à 7.

Entre-temps on aura pu admirer un triplé de Georges North, la commotion cérébrale d’Halfpenny, le toujours gros abattage du revenant Mauro Bergamasco et la confirmation du talent de la charnière galloise Webb-Biggar. Pour sauver l’honneur, l’ailier Florent Sarto naviguera dans la défense adverse et parviendra à s’écrouler en terre promise en toute fin de match. Un essai tout sauf anecdotique puisque dans la lutte à trois avec l’Irlande et l’Angleterre, il coûtera aux Gallois leur seconde place dans le Tournoi au goal-average.

Une fois encore, même blessé, Sergio Parisse aura été le meilleur Italien sur le terrain pendant que Jacques Brunel parlera d’humiliation et se prépare des « nervous-breakdown » en vue de la préparation d’un groupe pour la Coupe du monde.

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Au moins Dimitri Szarzewski n’est plus le seul joueur de rugby à porter une coupe de cheveux de chanteur de variété des années 80.

Écosse – Irlande

Quand il s’agit de faire chier les Anglais, on peut toujours compter sur la bonne vieille solidarité des nations celtes. Ainsi, au bout d’une minute de jeu, les 15 Écossais présents sur le terrain étaient déjà à 4 pattes, le kilt relevé, et bien résolus à se faire enfoncer une cuillère de bois dans le cul, pour un peu que cela leur assure que le XV de la Rose n’enrichisse pas son palmarès.

C’est donc à une rencontre un peu bizarre que nous avons assisté à Murrayfield, puisqu’on a eu l’impression que les Écossais n’ont jamais vraiment eu envie de gagner ce match. En fait, on a un peu cette impression à tous leurs matchs d’ailleurs. Face à une équipe à la motivation incertaine, on a retrouvé l’Irlande qu’on connait depuis quelques mois : solide, sérieuse, appliquée et tous les autres synonymes que vous pourrez trouver pour dire « mortellement chiants ».

Petits bras, les Verts n’ont marqué « que » 4 essais (pour un maigre total de 8 sur l’ensemble de la compétition) et ont plusieurs fois fait le choix de tenter les pénalités, ce qui nous a permis de constater que Jonny Sexton n’est peut-être pas près de récupérer la place de Benjamin Dambielle au Racing. On a également pu admirer la performance hors normes de Sean O’Brien, auteur d’un doublé et publicité vivante pour le livre de Pierre Ballester. Côté Écossais, même Stuart Hogg n’a pas réussi à marquer son essai syndical, la faute à un sauvetage de l’impossible de Jamie Heaslip, qui n’aura donc eu besoin que de deux semaines de convalescence après s’être fait briser trois vertèbres. Même Aurélien Rougerie aura du mal à faire mieux.

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Malgré un manque évident de panache, l’Irlande de Joe Schmidt remporte son deuxième Tournoi consécutif, et se pose comme l’équipe européenne la plus dangereuse en vue de la prochaine Coupe du monde. Ce qui doit bien faire rire la Nouvelle-Zélande. Ceux qui ne rigolent pas, par contre, ce sont les Français, incapables de battre le XV du Trèfle depuis 2011. Les hommes de Paul O’Connell auront donc un avantage psychologique certain lorsqu’on les retrouvera en phases de poule du Mondial. D’un côté, sachant que selon la logique du rugby français, on a bien plus de chances de battre les All Blacks que l’Argentine en ¼ de finale, ce n’est peut-être pas forcément une mauvaise nouvelle.

En attendant, on se retrouve demain pour clore notre page VI Nations et vous révéler en exclusivité notre XV type de la compétition. Promis, il sera bien plus sympa que tous ceux des autres sites qui mettent tous les mêmes joueurs.