Quand le sage montre la une…
par l'Affreux Gnafron

  • 30 January 2015
  • 7

 

Des maillots de joueurs en noir et blanc placardés un peu partout sur les murs, une bibliothèque intégralement remplie de ses propres ouvrages, la collection des deux plus grandes unes du Midol surplombant un bureau sur lequel trône un superbe Minitel, Jacques Merdier nous reçoit en ses locaux de l’avenue Jean Baylet.

Alors Jacques, tout le monde ne parle que de ça depuis ce matin, Vous avez frappé un grand coup avec cette dernière une !

Je dirais que nous n’avons fait que notre travail, peut-être même notre devoir. Vous savez quand on dirige comme moi un journal de la trempe de Midi Olympique, on se doit de traiter avec le plus grand respect nos fidèles lecteurs, de leur fournir l’information sans concession qu’ils sont en droit d’attendre de nous. Trop de choses se savaient dans le landernau depuis trop longtemps, il fallait que la vérité éclate. Mais toujours dans le plus grand respect de la dignité humaine qui est, j’oserais le dire, le credo de notre publication, et un combat sans cesse renouvelé dans nos colonnes.

Tout de même, certains lecteurs nous ont fait part de leur étonnement, voire de leur déception,

(il nous coupe)

Mais enfin ! En ces temps troublés pour la liberté d’expression et alors que de bien funestes évènements ont frappé notre noble profession d’amuseur public, aurions-nous le droit de nous censurer au nom de la bien-pensance ?
L’art délicat de la caricature a été affecté récemment et il était du devoir du Midi Olympique, premier journal caricatural du rugby français, de frapper un grand coup pour afficher sa solidarité avec nos confrères de Charlie Hebdo. Oui cette une fera date dans l’histoire du Midol, tout comme celles de nos estimés confrères le firent en leur temps.
Vous savez, et je l’ai toujours dit, le rugby n’est pas hors de la société, il est la société. Avec ses amitiés, ses envolées belles comme une relance de Serge Blanco, sa fraternité qui trouve son incarnation chatoyante dans celle des frères Boniface, Ah, je me souviens encore des arabesques chaloupées de Guy à l’Arms Park alors que nous étions menés sur le sco..

Oui, oui Jacques. Revenons à notre propos. Les joueurs professionnels, personnages publics, n’auraient donc pas le droit à une vie privée, qu’il conviendrait de respecter ?

Vous savez, et si vous ne le savez pas, je m’en vais vous en informer, je tiens le respect comme le fondement de notre jeu. Dans ce jeu de rugby, il convient de placer la notion de respect au frontispice de nos valeurs de l’Ovalie. Respect des règles, du coéquipier, de l’adversaire et parfois aussi de l’arbitre même si ce sont des hommes et donc sujets à toutes les défaillances inhérentes à la nature humaine.

Je dois quand même vous confesser que le choix de cette une a provoqué un intense débat lors de la conférence de rédaction. Une fracture très nette opposait les tenants de celle-ci avec ceux qui préféraient mettre l’affaire Chiocci-Armitage en avant. Les échanges ont été vifs mais toujours marqués par le profond respect que nous nous portons tous. Grâce à la force de persuasion de tous, et j’incline à penser que ma propre position a pu y contribuer, nous avons pu aboutir à cette réussite totale : la cohabitation des deux informations en ouverture de notre journal. Une légère déception cependant, malgré mes efforts le titre ‘Un secret de polichinelle dans le tiroir’ n’a pas été retenu…
Vous savez, chez Midi Olympique, nous respectons une ligne éditoriale claire et affirmée : l’information, toute l’information, rien que l’information. En divulguant sur papier une information jusque-là de notoriété publique, le Midol peut s’enorgueillir d’être resté fidèle, et d’avoir respecté car c’est important le respect (cf supra), sa ligne éditoriale. 10 ans de retard : tel est notre leitmotiv.

Oui mais la vie privée, c’est important Jacques ?

Mais la vie privée elle est morte avec vos réseaux sociaux ! Tout le monde s’y affiche, au mépris des convenances. Pire même, cachés derrière des pseudonymes, bien au chaud derrière leurs écrans, on peut tout dire sur tout le monde. On ne respecte plus, et c’est important le respect, les usages de politesse et de préséance qui avaient court au temps jadis.
Et puis, il faut bien vivre. Avec la crise de la presse, causée par la gratuité de l’information, des fleurons du journalisme sont aujourd’hui en péril. Il nous faut nous battre pour notre survie.

Vous auriez donc monté un coup marketing ?

Je n’aime pas beaucoup ce terme empreint d’une trop forte connotation anglaise. (un ton plus bas) D’ailleurs, si nous avons publié cette une, c’est un peu à cause de la perfidie légendaire des sujets de Sa Glorieuse Majesté. Ils portent une large part de responsabilité dans toute cette affaire. (plus fort) Disons que nous avons considéré la santé florissante d’une certaine presse. Les tirages exceptionnels et le succès de ces exemples que sont Voici et Closer prêtent à réfléchir et nous en avons tiré les enseignements en nous conformant à leurs principes déontologiques, à savoir le néant ou ce qui s’en rapproche le plus.

Mais vous n’allez pas, ne pouvez pas continuer ainsi ?

Non bien sûr. Midi Olympique Jaune et Midi Olympique Vert doivent continuer à traiter de leur domaine de prédilection, le rugby à travers les âges. D’ailleurs, je constate avec ravissement que nous avons donné une nouvelle visibilité à notre édition du vendredi qui souffrait d’un déficit de notoriété.

Certains disent d’intérêt également

(très vite) Et d’ailleurs nous pensons lancer une édition le mercredi, probablement de couleur bleue (ou rouge, des experts bossent dessus en ce moment) pour couvrir au mieux toute l’actualité de la planète rugby et être plus réactifs face aux polémiques. Cette édition serait intégralement consacrée aux rumeurs de mercato, de coucheries et de 3ème mi-temps et comporterait deux rubriques : transfert et insolite. Le premier numéro est déjà en cours de finalisation : une série exclusive de révélations autour des liens familiaux entre Jean-Baptiste et Jean-Pierre Ellisalde. Et l’interview sans tabou du père d’Alain Rolland, qui parle un français parfait figurez-vous.

Nous avons déjà monté une rédaction intégralement composée de stagiaires et établi un partenariat avec le site inforugbymercatotransfert.com qui l’abondera en infos exclusives. Il faut savoir réagir au monde qui nous entoure, un monde qui va de plus en plus vite, et nous pensons que la marque Midi Olympique saura s’adapter au mieux tout en conservant son credo : l’information. C’est à ce titre que je dois vous annoncer le lancement de notre nouveau site internet midi-olympique.fr. Grâce à cet outil performant, le groupe Midi Olympique entre de plein pied dans la modernité de ces années 2000 qui s’annoncent surprenantes à plus d’un titre.

Mais nous sommes déjà en 2015, Jacques.
Oh, vous savez les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut. Mais l’interactivité va plus loin encore. Dans ce monde 2.0, il est essentiel de communiquer avec ses lecteurs. Nous avons donc créé une adresse mail rugby-olympique@wanadoo.fr grâce à laquelle notre lectorat pourra nous faire parvenir toutes les infos qu’il souhaite voir publier dans notre journal. Photos de joueurs en soirées, copies de procès-verbaux d’auditions des stars du Top14, rumeurs entendues ici ou là, nous sommes preneurs de tout. Bien sûr nous ferons un tri avant publication. Nous avons une éthique quand même.
A ce titre, je dois d’ailleurs vous faire une confession, vous nous avez servis de modèle pour cette une.


Ah oui, comment ?

Nous sommes un peu jaloux de la ligne éditoriale de votre site. Ecrire des vulgarités sur le rugby pour s’assurer une audience, ça aurait dû rester notre apanage.