Finale de H-Cup: Wilkinson nique Sarace(ns) à Farrell
par Ketchup-Mayol

  • 30 May 2014
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Par Ketchup-Mayol

 

Habituellement, ce qu’il y a de bien avec les finales, c’est qu’on a pas à se creuser la tête niveau enjeux. Celui qui gagne gagne, Clermont perd, et tout est bel et bon dans le meilleur des mondes. Sauf que pour cette finale de H-Cup, quelques facteurs supplémentaires sont venus se rajouter. Primo, Clermont – par association d’idée peut-être? – a décidé de se saborder en demi-finale plutôt que de retrouver Toulon. Deuzio, c’était la dernière édition de la H-Cup. Troizio, les deux impétrants jouaient la possibilité de faire le doublé coupe d’Europe/championnat, et last but not least, il s’agissait du dernier match de CE et sur terrain britannique de Jonny Wilkinson. De quoi rallier un public au-delà des supporters des deux équipes les plus détestées de la compétition.

A ma gauche, le champion en titre, la promotion Bob Denard de la Rade, tombeur du Leinster et du Munster, le RCT. A ma droite le challenger, dont la meute de loups a bouffé tout cru la sélection auvergnate comme autant d’agneaux du Mercantour. Pour les jaune et bleu, une véritable finale entre Jason et Freddy. A l’arbitrage, Alain Rolland, le plus Français des Irlandais – enfin ex aequo avec Simon Zebo.

Des Saracens, un type qui s’appelait Rolland, il y avait matière à geste épique!

 

Charles, un ancêtre d’Olivier Magne, arbitre le match RCT-Saracens édition 778

 

LE MATCH:
RCT/Sarries, on se doutait que ce serait physique et on n’a pas été déçus. Pendant 30 bonnes minutes on s’est dit qu’on allait se faire chier. Du combat de rue, Burden désosse Brits, Burger se farcit Botha, Botha se venge de Burger. Les Saracens dominent mais ne concrétisent pas: deux pénalités laissées en route, un drop de frustration manqué.

 

‘Tain, il a l’air pas mal Mortal Rugby 2014!

 

Le RCT subit mais ne concède que trois points bien que se retrouvant privé de Fernandez-Lobbe qui aura accumulé les erreurs dans cette première mi-temps. Mieux, après une demi-heure de bim bam boum/chandelle/bim bam boum, Matt Giteau tape à suivre, Mitchell bondit (oui, pour un Wallaby c’est plus facile), attrape le rebond et repasse après contact à Giteau et boomshakalaka ! Essai dans ta face !  Je sais je m’excite un peu mais il se passe enfin quelque chose.

 

“Un Australien, ça ne marque jamais AC/DC” Mourad Boudjellal

 

Jonny, en plus de la transfo, va claquer un drop du droit deux minutes avant la mi-temps. 10-3, ça ne reflète absolument pas la physionomie du match, mais on s’en contrecarre. Si c’est le score final, je signe de suite.

2ème mi-temps: Chiocci aura souffert face au briscard Matt Stevens et concède une dernière pénalité avant d’être remplacé par Ménini. Ce seront les derniers points des Sarries. Toulon, tel un boa constrictor, va finir d’étouffer les Londoniens impuissants. Ce poison ® de Steffon Armitage a pris le dessus sur ses vis-à-vis et obtient une pénalité à 46 m. Jonny, intouchable ce soir va la marquer, humiliant un peu plus Owen Farrell qui commence à péter les plombs.

 

Devinette: qu’est-ce qui est rouge et noir et qui demande trois points?

… et oui, il y avait un piège!

 

Et à la 60ème, le coup de grâce: Mathieu Bastareaud, taureau sacrificiel fonce vers l’autel, mais attention, il est fier Mathieu, il n’est pas résigné, il va faire don de son corps pour que les autres vivent, pour que le ballon vive… et avant l’instant fatal, la passe, comme une offrande à Juan Smith, comme un héritage, et Juan il court le long de la ligne de touche, de la ligne de vie, il passe à Lobbe, qui sait qu’il n’est qu’un maillon dans l’ordre des choses, qui confie à nouveau le ballon, l’oeuf originel à Smith et c’est le Phénix Sud Africain qui va planter dans le dos de la bête londonienne la banderille fatale. (Bon maintenant Daniel, tu dégages de mon clavier et tu me laisses terminer, s’il te plaît!)

Bon, on est passé par à peu près toute la gamme des émotions, l’ennui, l’angoisse, l’exultation, ne manquait plus que le rire. Le premier moment LOL est venu de Bryan Habana, pas super en jambes ce soir (premier ballon à la 24ème) suite à un vilain geste d’Owen Farrell. Farrell, déjà auteur d’un plaquage à retardement sur son idole/Némésis Wilko passé inaperçu à cause de l’essai de Smith, intercepte Habana sans ballon. C’est pas bien, mais Bryan simule un coup de la corde à linge, ce qui est ridicule puisque a) l’action est filmée et on voit bien que le bras n’est pas à hauteur du cou, et b) de toutes façon, Habana n’a PAS de cou. Un moment embarrassant sur lequel il a dû s’excuser sur Touiteur.

 

Habanactor’s Studio

 

Bon, pénalité bonne à prendre. Quelques minutes plus tard, Basta tente un drop qui passe entre les mottes de terre du terrain, provoquant l’hilarité générale et qui aura eu le mérite de dérider un petit peu les supporters des Saracens.
Score final 23-6. Le RCT se succède à lui-même et remporte l’ultime H-Cup.

 

LE BILAN:

Les Saracens: On avait du mal à croire que cette même équipe avait infligé la brrrrrrrranlée à Clermont. Le Wolfpack est reparti la queue entre les jambes.  Chris Ashton, meilleur marqueur de cette édition a été inexistant, les avants ont été marqués par leurs vis-à-vis, y compris Brits et Burger. Le seul qui ait tiré son épingle du jeu, c’est Billy Vunipola qui a franchi, certes mais s’est retrouvé trop souvent isolé et contraint de rendre les ballons ou concéder des fautes. Il avait tellement les plombs qu’il n’a même pas serré la main de Wilkinson – autre tweet d’excuse de la soirée.

Les Super-héros (avec les commentaires de Son Ovalitude Sérénissime):
Les Avengers de la Rade ont presque tous brillé, à part Chiocci. JMFL a fait une première mi-temps calamiteuse, mais s’est bien rattrapé. Mais certains ont plus brillé que d’autres.

Steffon Armitage a pris l’ascendant sur les avants londoniens. Il commence à être habitué au statut d’Homme du Match et a été nommé joueur ERC de l’année. (“Steffon, ce mec il est incroyable. C’est Wolverine en noir avec une iroquoise. Il est en adamantium, et quand il plante ses griffes dans le ballon tu peux plus lui arracher.”)

Juan Smith, qui ressemble décidément à un David Bowie sous stéroïdes aurait également mérité d’être homme du match. 16 plaquages et un superbe essai, pas mal pour un joueur qu’on disait mort pour le rugby ® (“Juan, ce type il est dingue. Il était tout cassé, on pensait qu’il pourrait plus jouer, et il revient au top! Ce mec c’est l’Homme qui valait trois milliards, sauf qu’on le paye que 4500€ par mois.”)

Et Sir Jonny? 100% au pied, une démonstration; transformation en bord de touche? ça roule! Drop du mauvais pied? No problem. Pénalité à 46 m? Fingers in the nose. Tu m’étonnes que Farrell ait pété les plombs! (“Jonny? C’est Jonny! Ce type il est hallucinant! C’est simple on dit plus ‘Mon Dieu’ à Toulon, on dit ‘mon Jonny’! Jonny, c’est le Surfer d’Argent! Il est torturé, il se pose tout le temps des questions mais il sauve la galaxie. Avant il servait Galactus, l’équipe d’Angleterre, mais maintenant c’est le plus gentil des gentils!”)

 

– Hey Bakkies, t’as déchiré ton short!
– Rhaaaa! Ch’uis vert!

 

Et après?
Rendez-vous avec l’Histoire samedi, 21h. Ca fait 22 ans que j’ai pas dansé sur un abribus.