Le Catalabo analyse Perpi.. Leinster – Stade Français
par l'Affreux Gnafron

  • 20 May 2013
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Par l'Affreux Gnafron

Un titre européen, même celui d’Amlin Cup, ne se galvaude pas pour un joueur de rugby professionnel. D’abord, car il ne connaît sans doute pas la signification du terme galvauder et ensuite car l’obtention du titre s’accompagne d’un petit supplément : la qualification pour la prochaine édition de la Grrrrande Heineken Cup. Bon sauf pour le Leinster qui est déjà qualifié, vu que les 3 meilleures équipes irlandaises de Ligue Celtique disposent automatiquement d’un sésame pour l’édition suivante. Et comme on ne compte que 4 clubs irlandais dans la Ligue susnommée, on comprend aisément que Serge Blanco milite pour une qualification  des deux meilleurs clubs basques du Top14, sur le même principe.  Au nom de l’équité du sport.
En cas de victoire du Leinster, la qualification en H-Cup échoira donc à l’Usap, un club traumatisé par le départ de ses piliers Nicolas Mas et Jérôme Schuster. Si c’est le Stade Français qui gagne, le monde courra à sa perte, la récession s’imposera partout, Ovale Masqué trouvera un vrai métier et la Boucherie postera régulièrement des articles aussi hilarants que pertinents. Aucun risque donc.
Et si l’on ajoute que le Leinster a remporté la H-Cup l’an dernier, qu’ils ne peuvent défendre leur titre suite à leur élimination en phase de poules, qu’ils en sont horriblement vexés, qu’ils jouent cette finale à domicile, qu’ils visent le doublé Ligue Celtique/Amlin Cup, qu’ils sont plus forts, plus roux, plus nombreux et que Pascal Papé sera absent côté parisien, on ne peut reprocher aux Catalans de savourer tranquillement leur champagne.

Les équipes :

Côté parisien, l’effectif se compose de Sergio Parisse auquel le règlement impose d’associer 14 autres joueurs qui tenteront de le soutenir sur le terrain. Cette composition d’équipe se révèle peu ou prou la même que depuis 4 saisons. En l’absence de Papé et d’Attoub, notons toutefois la présence en première ligne d’un pilier prénommé Aled (ce qui n’augure rien de bon sur sa tenue en mêlée), de l’ancien talonneur catalan Sempéré sans reproche et du brave Slimani. On retrouve Mostert et Lavalla en seconde ligne et l’émoi de Rabadan sera associé à la mort du Lyons ce soir. Julien et Julie (Dupuy/Plisson) composeront la charnière, Jojo le Doumayrou (dédicace à Cousteau) et la pince Williams occuperont le centre alors que les ailes verront évoluer les jeunes Sinzelle et Bonneval. L’immense Jérôme Porical, burro de Perpignan en demi, incarnera le dernier rempart parisien (sic).

Côté catalan rouquin, on déclare à qui veut l’entendre ‘respecter le Stade Français’ et s’attendre à 'un match compliqué'. Et pour ce faire, quoi de mieux que de laisser reposer les cadres en perspective de la finale de Ligue Celtique de la semaine prochaine ? Exit donc Reddan, O’Driscoll, D’Arcy pendant que Cullen et Healy débuteront sur le banc. Le Leinster présente tout de même une redoutable équipe articulée autour d’Heaslip, O’Brien, Sexton, Kearney ou Nacewa (cette contrefaçon de Doug Howlett). Je vous épargnerai de navrants jeux de mots sur leurs coéquipiers, le quota humoristique de ce compte-rendu ayant déjà dépassé votre niveau de compréhension.

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Le célèbre Bibi's fuck.

Le match :

Il devient urgent que les instances du rugby mondial se penchent sur les problèmes de calendrier dans le rugby moderne. En effet, les cadences infernales imposées aux clubs européens les obligent désormais à organiser leurs matches amicaux de pré-saison dès la mi-mai. Au détriment des acteurs et de la dignité du spectacle proposé (on a vu des rayons de soleil sur un terrain irlandais et entendu des morceaux de Lady Gaga joués à la fanfare dans le stade). Ce n’est plus possible ! Pendant ce temps, des millions de supporters catalans ont pu se délecter en toute quiétude du galop d’entraînement du Leinster face à des Parisiens courageux, mais limités (termes diplomatiques pour ‘nuls’).

Dès le coup d’envoi, le ton de la partie était donné. Mauvaise réception stadiste, en-avant de Lavala et première mêlée. Et-il-ne-fallait-pas-être-en-retard-au-RDS-Stadium (oui, vous avez tous lu un résumé de match commençant par cette sinistre accroche) car la 3ème minute voyait l’installation sur le terrain d’un atelier de un contre un. Les plots parisiens jouaient bien leur rôle et Naciwa, Sexton et Madigan triomphaient facilement de la série d’exercices proposée par Joe Schmidt. Ca fait 7-0 et le Castillet chavire déjà de bonheur.
Heureusement la mêlée irlandaise et Sergio Parisse maintiennent à flot les ambitions parisiennes (ne pas en prendre 50). Williams est même tout près de commettre l’irréparable mais la paire de verrins hydrauliques d’O’Brien décide de ne pas laisser le Samoan aplatir dans l’en-but. Paris monopolise le ballon, construit, n’importe comment, des bouts d’action mais ne concrétise pas ses temps forts. Pire, sur la seule incursion du Leinster dans le camp des futurs vaincus (attention spoiler), le demi de mêlée Boss se montre interloqué par la couverture des arrières parisiens et met tout en œuvre pour qu’éclate la vérité à la face du monde. Car de couverture, il n’en est point. Un petit coup de pied judicieux permet ainsi de s’en assurer et le talonneur Cronin, le barbare, double la marque (14/0 pour ceux qui n’auraient pas suivi).

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Acculé alors qu’on ne joue que la 19ème minute, les Parisiens décident alors de mettre leur plan de jeu en place : donner le ballon à Sergio Parisse et attendre. Sergio passe alors la balle avant contact, après contact et même pendant le contact mais en pure perte de balle.

Jonathan Sexton, au bord de l’ennui, décide de s’organiser un petit atelier ‘jeu au pied’ pour le plaisir. Utilisant son intelligence situationnelle, il délivre un amour de diagonale pour son ailier Nacewa qui remet intérieur pour Kearney. Et ça fait 21-3. On entend les premiers klaxons dans Perpignan mais il ne s'agit que d'un livreur qui bloque une rue près du cours Arago. Une pénalité, anecdotique, de Porical juste avant la pause permet à Laurent Bellet de tenter de maintenir un suspense plus artificiel que l’anus d’une ex-star du porno.

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La preuve en image: Porical confond les règles du rugby à XV avec celles du touch.

Nous en sommes à 21-6 et on ne peut que féliciter monsieur Nigel Owens pour son arbitrage participatif, qui implique l’ensemble des joueurs et donne un petit ton démocratique à l’ensemble. Vivement qu’il vienne l’expérimenter en ProD2.
La deuxième mi-temps repart sur les chapeaux de roues avec un drop contré/raté de Jules Plisson (qui n’est pas le frère d’Alexis bien qu’il partage le même petit côté ‘choupinou’ selon un sondage Ifop/Rugbyrama auprès de nos lectrices). Cet échec nous permet de saluer les mânes de Florian Fritz et Julien Caminati, car il faut toujours saluer ces deux joueurs dans un article sur la Boucherie, c’est écrit dans le cahier des charges.
La seconde période ne sera qu’un long calvaire pour les téléspectateurs, les spectateurs et probablement les joueurs eux-mêmes. Les offensives parisiennes avortent plus sûrement qu’une grossesse irlandaise et la stratégie du Leinster sur les nombreux ballons de récupération consiste à balancer de longs coups de pied dans l’axe du terrain. L’occasion d’admirer à chaque fois le sauve-qui-peut généralisé qui prévaut dans l’arrière-garde parisienne. Arrière-garde qui ne fait pas correctement son boulot semble-t-il ce qui transforme l’avant-garde en arrière-garde. Alors on retourne en arrière, et en avant.

Je m’endors du sommeil du bienheureux en pensant à cette qualification en H-Cup qui tombe dans l’escarcelle usapiste quand un mouvement dans ma télé me réveille en sursaut. Et je ne souhaite à personne de contempler Leo Cullen dans un tel moment d’hébétude. La vague d’effroi passée, j’assiste à l’essai parisien de Sinzelle auquel répond le presqu’essai de Kearney. Healy termine l’entraînement dirigé et clôture la marque par un honorable 34 à 13. Comme diront les entraîneurs et joueurs parisiens, ‘ça s’est joué à des détails’.

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Jets de fumigènes, de projectiles sur le terrain. Et si le public irlandais se comportait comme le premier Palois venu?

Bilan :

A l’aPoricalypse de la demi-finale succède la satisfaction du devoir accompli pour un groupe usapiste qui aura disputé son match le plus abouti de la saison. Disciplinée comme jamais, concentrée en défense et solide sur sa conquête l’Usap a su faire preuve de maturité pour décrocher cette précieuse qualification européenne. Ne s’affolant jamais, déroulant leur plan de jeu comme dans un rêve, les Catalans ont atteint le subtil équilibre entre le jeu ambitieux prôné par leur entraîneur et les vertus guerrières ancestrales des Sanqueor. La perspective de retrouver le Stade Toulousain en poule qualificative de la prochaine H-Cup réjouit le cœur des supporters qui ne doutent pas un seul instant de poursuivre leur série d’invincibilité face aux rouge-et-noir. Et puis le Leinster l'a divinement montré: il est possible de remporter une compétition européenne avec une mêlée en carton en H-Cup. Et ça suffit au bonheur de tout un peuple

Serge Blanco aura pourtant tout tenté.

Serge Blanco aura pourtant tout tenté.

Bonus pour ceux qui trouvent que l'Affreux fait des phrases trop compliquées, des essais : 

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