Pastigo analyse Italie-France (23-18)
par Pastigo

  • 06 February 2013
  • 24

Par Pastigo

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On nous l'a assez dit, jouer l'Italie c'est compliqué. Mais perdre contre l'Italie ce n'est pas si difficile. Autrefois le supporteur respectueux aurait honoré les valeurs de l'équipe transalpine en chiant devant une pizzeria une heure avant le match, mais aujourd'hui il paye son supplément olives tête basse.

Les signes ne trompent pas. Les joueurs du XV de Rance n'ont plus à se pincer une couille pour ne pas rire en annonçant que l'Italie est une grande nation du rugby. Non pas qu'elle le soit, attention. Elle reste tout de même une équipe composée de joueurs du Stade Français, et les grands Bretons de toutes sortes auront toujours les noix boursouflées.

Ils pouvaient être confiants, les footeux, car l'équipe de France s'est présentée

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dans des conditions optimales pour prendre une dérouillée. Une tournée d'automne exemplaire contre des équipes B archi-cramées auxquelles même Bayonne aurait arraché le bonus défensif, de nouvelles idoles encore vierges de toute volée d'anthologie, une presse unanime et enthousiaste qui en fait des favoris. Faut les excuser, la presse rugby est toute jeune et n'a pas encore découvert qu'à chaque fois qu'on annonce nos Bleus gagnants, on passe pour des glands.
PSA était pourtant inquiet. C'est la faute des doublons, un peu comme pour l'ami Guy. On pourrait d'ailleurs croire qu'ils gèrent la même équipe, ce qui n'est pas tout à fait faux. Guy étant plus expérimenté, la Ligue lui a simplement imposé un handicap Poitrenaud-Jauzion pour équilibrer. L'un qui pleure, l'autre qui fait la tronche, on leur a interdit de passer le réveillon au même endroit de peur qu'un gourou en profite pour génocider tout un département. Mais ils sont d'accord, les doublons c'est d'la merde, je crains cependant qu'un jour la situation ne leur permette pas d'assumer leur amour.

De l'autre côté nous avons l'Italie, donc cette grande nation du rugby rappelons-le. On ne connait pas le nom de l'Anglais qui s'est échoué là-bas avec un ballon ovale, on sait juste que les Italiens jouent au rugby de pères en fils depuis 2002. A part Toulouse (et Biarritz qu'on ne comptera pas pour des raisons évidentes), il y a peu d'équipes françaises qui ont fait l'audacieux pari de ne pas prendre 10 points contre un club italien en H-Cup. Une belle leçon pour Guy Novès qui avait lui-même placé cet échelon au sommet de “l'Echelle de la lose”, juste en-dessous du très joli T3 que s'est fait construire Pierre Mignoni. Une position sur l'échelle qui lui offre d'ailleurs dorénavant une vue imprenable et mémorable sur le royaume des mecs qui, s'ils avaient su, auraient mieux fait de se taire. Du coup PSA a sélectionné un max de joueurs capitoleux, sauf Nyanga qui n'entre pas dans son plan de jeu et on sait désormais pourquoi.

Si l'on suppose que les joueurs sont désormais intimes avec les règles, on peut encore craindre que le public cherche le palet. Mais c'est sympa l'Italie, il fait beau, les gens ont l'air content de pouvoir approcher Trézeguet, et leur god save the queen est tout à fait charmant.

Certes ils parlent fort, mais dans le monde du rugby ça passe plutôt bien, et leurs grands gestes avec les bras nous rappellent à chaque instant que Julien Dupuy est un mec bien.

Jacques Brunel n'a pas changé. Il fait la gueule, comme à Perpignan. Il gagne une fois sur dix, comme à Perpignan. Et Dan Carter ne joue pas.

Il ne semble pas avoir vieilli d'un pouce, mais c'est probablement le talent des gens à moustache. On le croirait bien conservé pour la soixantaine mais il n'a peut être que 35 ans, va savoir, son secret c'est que personne ne le sait parce que tout le monde s'en fout.

On aurait tendance à se laisser aller à une immense marade quand il annonce que l'Italie fera bientôt partie des grands, sauf qu'il nous a déjà fait le coup avec l'USAP. Contre Clermont certes, mais ça compte un peu quand même.

Jacques a son plan de jeu. Il compte tout d'abord sur l'envie de ses joueurs, et ce n'est pas compliqué. S'ils gagnent, leur sport existe en Italie pendant une quinzaine de jours. S'ils perdent, il disparaît à tout jamais, derrière des invendus Panini de criquet.
« Bon les gars, autant vous le dire vous êtes des merdes. Nos meilleurs éléments jouent pour la plupart dans des clubs tout pourris, certains même en ProD2 française, c'est dire. Je pourrais vous dire que vous me dégoûtez, si je n'étais pas moi-même une grosse tanche.
Ah ben si les gars, si j'étais bon je serais sélectionneur du XV de France hein. Vous croyez que je me piffre vos tronches pour l'exotisme ? Vous roulez tous en Fiat et vous vous saoulez au Martini, j'ai connu des Irlandais de meilleure compagnie.
Mais le fait que je sois au moins aussi mauvais que vous, c'est notre chance. Je connais leur point faible, et c'est pas des paroles en l'air puisque c'est moi qui l'ai entraîné. Vous le connaissez, enfin s'il jouait en slip vous le reconnaîtriez de suite. Donc dès que vous avez le ballon, et pour peu que vous ne vous vautriez pas tout seul, vous foncez sur le frisé au regard d'enfant. Ce type-là, c'est des années à appliquer ma stratégie avec David Marty comme partenaire. Donc je vous le dis, si vous clignez des yeux en le fixant il reboot et passe en mode sans échec. Ca veut dire qu'il tient debout mais y'a plus de connexion. »

Les Italiens s'appliquèrent donc à écouter ce précieux conseil et il faut avouer que l'intéressé ne nous aura pas déçus. Se prendre une percée par un 9 de 58kg et un essai par le capitaine du Stade Français, on approche du combo parfait.

« On a une seconde chance les gars, le mec qui m'a piqué ma place en face n'aime pas la vie. Je crois qu'il est heureux quand il pleut, comme un paysan qui pleure tout le temps parce qu'il se traîne des ampoules de 15cm dans ses bottes en plastiques humides. Du coup, pour peu qu'il sélectionne du bon, du qui gagne à lui tout seul, il en fait n'importe quoi. Il va mettre le Fofana à l'aile, qui devra donc attendre des passes de Fritz. AHAH ! Même avec mon équipe de branques j'aurais du mal à faire pire. Du coup le gamin va vouloir faire son boulot de centre, et il va y arriver. Vous allez vous faire transpercer comme des pucelles les gars, sauf que quand il se retournera pour trouver son ailier y aura évidemment plus personne. »

Et Fofana perça. On regrettera qu'il ne soit pas capable de tenir à un contre dix Italiens pendant une bonne minute le temps que les arrières français se recoiffent.

« Bon par contre les gars va falloir gérer en mêlée et en touche. Je vous le répète, vous êtes des nazes et si quand vous gigotez vous faites illusion, sur les phases statiques c'est carrément flagrant. Oubliez vos pauvres mères qui vous regardent, et contentez vous de vous rappeler que les types d'en face jouent dans le championnat aux 200 mêlées foirées par match. Ne poussez pas, contentez vous d'attendre. Une fois sur deux ils rentrent trop tôt, la fois suivante avec un peu de bol l'arbitre qui n'y voit rien sifflera pour nous quand ça s'écroule. Donc vous vous serrez, vous pensez à rien, vous ne bougez surtout pas et ça devrait bien se passer. »

Et voilà comment la France foire une bonne partie des mêlées et se fait sanctionner. Exception faite de celles qui n'ont aucune chance d'aboutir, cherchant un De Pénalité à l'extérieur dans un match de Tournoi… comme un vulgaire Toulouse-Agen.

« Je ne sais pas si je vous ai déjà dit à quel point vous êtes nuls ? Bah vous l'êtes, mais vraiment. Du coup va falloir tricher un peu les gars. Déjà je vous invite à parier sur votre victoire, personne n'y croira et ça vous fera gagner un peu de pognon pour compléter vos smics. D'autre part va falloir en faire chier quelques uns, Pascal Papé notamment. Oui ta gueule Sergio, je sais bien que c'est un taré qui secoue énergiquement la boite crânienne de son adversaire sans raison apparente, mais là c'est pas pareil. D'habitude on lui demande juste d'être cinglé, là on lui a collé la responsabilité de capitaine. Pour lui un capitaine c'est un grand black super gentil et toujours poli, il va être complètement perdu. Du coup dans les rucks, même si vous êtes des gros tâchons, y a la place pour le mettre misère. »

Et Pascal Papé s'effaça. Il n'a jamais vraiment eu envie de tuer quelqu'un, pire il a même baissé les yeux lors de conflits. Oui. Pascal. C'est effrayant.

« En défense vous valez rien, enfin c'est pas pire qu'en attaque quoi. La bonne nouvelle c'est que comme en face ils ont mélangé tous les postes ça risque d'être n'importe quoi. Donc en gros, c'est les centres qui vont devoir faire le boulot. Comme vous l'avez compris y en a un dont vous ne craignez pas grand chose. L'autre par contre c'est pas pareil, il va vous foncer dedans juste parce qu'il aime ça. Donc vous vous collez à 4 ou 5 et vous attendez qu'il s'empale. Non putain ! On s'en fout des ailes, je vous ai dit qu'il n'y avait personne et de toute façon on ne l'a jamais vu faire une passe. S'il vous défonce trop la tronche, ce qui risque d'arriver vu que vous êtes mauvais comme tout, hurlez DROP ! Il va le faire, il le fait souvent en club, par contre la dernière fois que c'est passé c'était… c'est jamais passé. »

Et Florian Fritz percuta. Encore et encore. Seul comme un Fofana bien souvent. Ah si, il a fait une passe et on a mis un essai. Comme quoi c'était pas con comme idée, mais visiblement ça n'entrait pas trop dans le plan de jeu.

« Voilà. A défaut d'être bons, si vous n'êtes pas trop cons vous pouvez gagner ce match. Profitez-en parce que sur les autres vous allez prendre de sacrées discount viagra dérouillées, ça ne se représentera plus. Et franchement, si cette fois-ci je pouvais ne pas avoir honte de vous à vouloir vous éclater la tronche avec une bêche je suis preneur. Contre l'Angleterre, l'Irlande ou même l'Ecosse vous allez tomber sur les bons joueurs, aux bons postes, et vous allez rentrer avec des pleins paniers de points dans la tronche. Allez barrez-vous, vous me dégoûtez, je vais aller faire semblant de dire à la télé que je crois en vous et j'en chie des briques rien qu'à l'idée de dire du bien des bras cassés que je me traîne. »

Et par la magie d'un discours de leader, fédérateur d'un groupe uni, mais aussi bien aidé par une équipe de France qui a tout fait pour faire honneur à sa légende, l'Italie gagna (comme d'habitude, désormais) son match.

La suite est simple. On va gagner très péniblement contre de mauvais Gallois et de rigolos Ecossais, en vainqueurs couverts de honte. Puis, parce qu'on ne sait pas pourquoi mais c'est comme ça le French Flair, nous allons exploser ces favoris d'Anglais chez eux. Et c'est en champions assurés que nous perdrons de 3 points en Irlande, sur un drop raté de Broc… de Skre… de Fritz. Car je le sens mes braves, cette cuvée 2013 aura de quoi remplir le karma français. A la montferrandaise, se vautrant en haut des marches et en s'éclatant les dents sur le tapis. Que la prophétie s'accomplisse, et qu'à jamais dans l'histoire résonne notre honte, le menton fier, le regard au loin.

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