L'Histoire du Tournoi des Six Nations
par La Boucherie

  • 06 February 2013
  • 16

Par Feneb,

Enfin. Après des mois à endurer l’indigent spectacle que nous offre le Top 14, notre soif de joutes épiques à peine étanchée par 6 journées de H-Cup (et encore, on ne nous sert pas du Glasgow – Castres chaque semaine), voila que Le Tournoi a repris. Moment béni, où enfiler les pintes de bière au pub en début d’après-midi comme un O’Gara enfile les pénalités n’est pas perçu comme un signe d’alcoolisme mais comme un instant de fraternité entre les peuples. Mieux que les hirondelles, le début du Tournoi annonce l’arrivée du printemps, les beaux jours, les dimanches après-midis encroûtés dans le canapé. Ces matchs qu’on refait le lundi matin à la pause-café avec les collègues, la sourde angoisse de perdre contre l’Angleterre, la consolation de voir ces derniers cafouiller contre des adversaires prétendus plus faibles, Guy Novès qui se plaint des doublons tandis que son équipe continue à gagner …

Le tournoi est un de ces instants de bonheur qui comblent nos fins de semaine, tout comme Patrick Sébastien ou Michel Drucker. Mieux qu’une tradition : un repère, un phare dans la longue nuit de l’hiver.

A ce sujet, un petit rappel sur l’Histoire du Tournoi ne semble pas vain.  

Genèse du Tournoi du VI Nations – XIVème siècle

Peu le savent, mais l’origine du Tournoi remonte au XIVème siècle. A l’époque, seules deux équipes s’affrontaient : l’Angleterre et la France, lors de rencontres mémorables disputées dans la plus pure des traditions bouchères. Bien avant Twickenham ou Saint-Denis, les stades champêtres de Crécy, Harfleur ou Azincourt ont été les théâtres de générales sanglantes, d’yeux crevés et de crânes fracassés (il est amusant de noter que le bruit rigolo de l’occiput qui cède – crunch – est resté ; cette onomatopée désigne toujours les rencontres franco-anglaises, 700 ans plus tard).

A vrai dire, l’enjeu l’emportait franchement sur le jeu. C’était même un peu n’importe quoi, les deux équipes faisant fi des règles pour mieux se taper dessus. Les arbitres étaient bien entendus corrompus, comme aujourd’hui.

Coup d’envoi de France – Angleterre 1346 ; notez que les Anglois n’étaient pas à 10 mètres…
Coup d’envoi de France – Angleterre 1346 ; notez que les Anglois n’étaient pas à 10 mètres…

En ces temps anciens, les arbitres écossais avaient tendance à favoriser tant qu’ils pouvaient l’équipe de France, en vertu d’une Vieille Alliance tacite entre ces deux pays. Mais les Anglais n’étaient pas en reste : ils réalisent le Petit Chelem en 1415 en s’imposant sur la pelouse du Stade Municipal d’Azincourt, largement avantagés par un arbitre irlandais totalement acquis à leur cause.

(En effet, le Tournoi des II Nations, à l’époque, ne concernant, comme son nom l’indique, que deux équipes, il aurait été excessif de parler de Grand Chelem ; c’est donc le Petit Chelem qui récompensait l’équipe remportant toutes les rencontres).

Mais revenons à Azincourt : le public français, furieux, entonna un chant injurieux à l’encontre de l’arbitre du match : « Aux latrines, l’arbitre ! Aux latrines, l’arbitre ! », entonnèrent-ils tous en chœur … Cet air célèbre est resté, connu encore aujourd’hui sous le nom de chanson de (Alain) Rolland.

Monsieur Rolland signale un en-avant … notez qu’un petit malin a volé la tête à Ovalion.
Monsieur Rolland signale un en-avant … notez qu’un petit malin a volé la tête à Ovalion.

Les instances du rugby européen faisaient de leur mieux pour limiter les débordements, mais il faut reconnaître qu’elles étaient franchement dépassées. Les joueurs reconnus coupables de mauvais gestes étaient systématiquement suspendus pour le prochain match … suspendus, oui, mais par le cou, au gibet de Montfaucon. Autant dire qu’on y réfléchissait à deux fois avant de fourchetter les yeux de l’adversaire. Mais dans l’ensemble, les deux équipes s’étripaient gentiment dans le respect des Valeurs de notre noble sport.

Séance de cryothérapie pour éviter les courbatures aux cuisses ; on n’a rien inventé…
Séance de cryothérapie pour éviter les courbatures aux cuisses ; on n’a rien inventé…

L’ancêtre du Tournoi perdura pendant 116 ans, tout de même … Le

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bilan est plutôt équilibré, et à vrai dire on ne sait pas très bien dire laquelle des deux Nations tira son épingle du jeu. Les historiens sont assez divisés à ce sujet.

Bernard Lapasset remettant le trophée au capitaine des Bleus …
Bernard Lapasset remettant le trophée au capitaine des Bleus …

Pour une sombre histoire de droits TV, le traité de Picquigny (ou pick-and-go treaty en Anglois) mit fin au Tournoi qui ne renaîtra de ses cendres qu’à la fin du XIXème siècle. On se demande bien ce qu’on pu faire nos ancêtres de leur week-end pendant tout ce temps-là.

Les gendarmes interrompant une troisième mi-temps bien arrosée, en pleine danse du Limousin
Les gendarmes interrompant une troisième mi-temps bien arrosée, en pleine danse du Limousin

On n’a retenu pratiquement aucun nom des joueurs de l’époque, hérauts anonymes, les archives de Midol ayant entièrement brûlé lors du grand incendie de Toulouse de 1463. Un nom toutefois a traversé les âges, celui de Jeanne d’Arc, célèbre demie de mêlée du Stade Orléanais. Alors qu’elle était au faîte de sa gloire, elle fut accusée d’avoir utilisé une oreillette lors d’un match de Top 14 à Domrémy (oui, je sais, c’était autre chose le championnat à l’époque…). Discréditée, moquée à cause de ces soi-disant « voix », jetée en pâture aux tabloïds Anglais, sa carrière subit un coup d’arrêt fatal, ce qui fit dire à Pierre Salviac au sujet de commission de discipline qui la condamna au bûcher : « le Cauchon est dans le maïs ». Sacré Pierrot, va, déjà là, et toujours un bon mot d’avance…

Ce soir, on vous met … ce soir, on vous met le feu …
Ce soir, on vous met … ce soir, on vous met le feu …

La Renaissance du Tournoi – 1883 – 1909

C’est au début des années 1880 que le Tournoi revit le jour. Il faut dire que le rugby et ses règles avaient été inventés quelques années auparavant, ce qui laissait augurer de rencontres moins sanglantes que celles disputées pendant la Guerre de Cent Ans.

Le tournoi des VI Nations était alors … le Tournoi des IV Nations, ces – déjà – affreux britanniques ayant refusé d’intégrer les Français. Il se jouait alors entre les seules Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et Irlande. Un Tournoi consanguin, dont rien ne pouvait naître de bon, et qui dura un peu moins de 20 ans.

Le XV de la Rose, 1892. Si anciens, et déjà bien vilains
Le XV de la Rose, 1892. Si anciens, et déjà bien vilains

Le palmarès est plutôt équilibré, et à la surprise générale l’Ecosse et le Pays de Galles gagnaient non seulement des matches mais aussi des Tournois. Le Pays de Galles réalisa même le premier Grand Chelem de l’Histoire en 1908. Bon, ça ne durera pas.

Palmarès du tournoi des IV Nations 1883 - 1909
Palmarès du tournoi des IV Nations 1883 – 1909

Le Tournoi des IV ou V Nations, 1910 – 1945 ; petites et grandes boucheries…

Ces fourbes de Britanniques, à la recherche d’un faire-valoir, voulurent intégrer un cinquième larron à qui ils pourraient coller une branlée assurée chaque week-end. Compte-tenu de l’éloignement géographique des Italiens, rédhibitoire à l’époque (l’Eurostar n’allait alors pas plus loin que Gare du Nord), ils se rabattirent en désespoir de cause sur leurs meilleurs ennemis Français.

L’amiral Nelson Montfort, prenant fièrement la pose après l’interview du coach Anglais lors d’Angleterre - France 1910
L’amiral Nelson Montfort, prenant fièrement la pose après l’interview du coach Anglais lors d’Angleterre – France 1910

Grand bien leur prit : les Français, comprenant rapidement qu’ils n’auraient pas droit aux honneurs, eurent à cœur d’apporter leur touche personnelle, en réintroduisant doucement mais sûrement le germe de la Boucherie.
L’année 1913 est à marquer d’une pierre blanche. Lors d’un mémorable France – Ecosse disputé au Parc des Princes (et oui, déjà … le Parc de Princes avait été inauguré en 1900 pour les J.O. de Paris), l’arbitre de la rencontre échappe de peu au lynchage d’une foule en furie, échaudée – certainement à juste titre – par des décisions douteuses.

Le Parc des Princes en 1913 ; les hooligans néo-nazis y étaient encore rares à cette époque, pour des raisons essentiellement chronologiques…
Le Parc des Princes en 1913 ; les hooligans néo-nazis y étaient encore rares à cette époque, pour des raisons essentiellement chronologiques…

L’Ecosse s’impose 21 à 3, et les Français sont exclus du Tournoi, après leur 4ème participation seulement. Bien joué.

France - Ecosse 1913 ; vous l’avez bien cherché, Monsieur Bevan…
France – Ecosse 1913 ; vous l’avez bien cherché, Monsieur Bevan…

Les Britanniques n’auront pas vraiment l’occasion de profiter de leur compétition à 4, une autre Boucherie, celle de 14-18, mettant entre parenthèses le Tournoi pendant 4 ans, de 1915 à 1919.

En 1920, au nom de l’amitié entre les peuples, la France est à nouveau autorisée à participer au Tournoi des V Nations, et continuera à perdre match après match, laissant ainsi les britanniques se partager le gâteau comme avant.

Globalement, durant la période 1910 – 1945, c’est l’Angleterre qui domine le tournoi et laisse les miettes à ses trois colonies.

Palmarès du tournoi des IV ou V Nations 1910 - 1945
Palmarès du tournoi des IV ou V Nations 1910 – 1945

Si notre valeureux XV de France ne brille pas par ses résultats, il continue de porter haut et fort les valeurs bouchères.

Le 21 avril 1930, la France affronte le Pays de Galles à Colombes. Une victoire assurerait aux Français le gain de leur premier Tournoi ! Mais les Bleus n’ont pas attendu la création de la Coupe du Monde pour endosser merveilleusement le rôle du looser magnifique. Plutôt que d’assurer la gagne, le XV de France préfère jouer la carte de la violence gratuite et distribue mandales et mornifles à des pauvres Gallois qui ne savent plus où donner du poireau, mais s’imposent tout de même 11 – 0.

Le Stade de Colombes, plein à craquer. Depuis y joue le Racing…
Le Stade de Colombes, plein à craquer. Depuis y joue le Racing…

Résultat des courses : le Tournoi échappe aux Français, qui se retrouvent à nouveau exclus de la compétition à cause de leur comportement jugé archi-violent. On reconnait bien là la mesquinerie légendaire des britanniques : la France a enfin le niveau, la France est susceptible de remporter la compétition … donc on l’exclut ! Revenons à l’époque bénie de la fin du XIXème siècle et jouons à nouveau entre nous, sans ces foutues grenouilles qui puent l’ail et la sueur dans les regroupements ! Damned…

Après 10 ans d’embargo, les Français n’en peuvent plus. Se souvenant des circonstances qui avaient conduit à leur réintégration en 1920, ils n’hésitent pas une seule seconde : la France déclare la guerre à l’Allemagne et déclenche la seconde Boucherie mondiale de 1939 – 1945.

Comme prévu, une fois la guerre terminée, la France est réintégrée dans le tournoi des V Nations en 1947, lorsque celui-ci reprend.

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De V à VI Nations – de l’après-guerre à nos jours…

Il faut attendre l’hiver 1954 pour que le XV de France remporte

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– enfin, son premier Tournoi des V Nations, ex-æquo avec l’Angleterre et le Pays de Galles. L’épopée glorieuse des Bleus donnera lieu à un film à la gloire de nos héros, un demi-siècle avant Invictus, avec Lambert Wilson dans le rôle du sélectionneur Pierre Labbé.

Le béret Eden Park, déjà accessoire de mode…
Le béret Eden Park, déjà accessoire de mode…

Et c’est enfin en 1968 que la France obtient son Premier Grand Chelem de l’histoire… Une équipe de légende, des noms qui ont rejoint l’imaginaire collectif, des joueurs portés pour toujours au panthéon du rugby ; jugez-en vous-même : Benoît Dauga… Walter Spanghero… les frères Camberabero… le papa Yachvili… Jo Maso… Jean Gachassin… Pierre Villepreux ! Une composition qui fleure bon le rugby d’antan, les envolées lyriques de Roger Couderc, et le cassoulet tiède (ça, c’est la faute à Spanghero…).

Le XV de France du premier Grand Chelem
Le XV de France du premier Grand Chelem

Au passage, on a enfin la réponse à la question qu’on se pose depuis des années : à quoi sert Jo Maso ? En tout cas on sait à quoi il a servi, alors merci pour tout, Jo (et maintenant, faut pas rester là…).

Ce premier grand chelem donna lieu à des scènes de liesse sans précédent dans toute la France, que l’on désignera pudiquement comme étant « les événements de 1968 »…

Les supporters chantant I Will Survive sur les Champs-Elysées, sous le regard bienveillant et protecteur des CRS
Les supporters chantant I Will Survive sur les Champs-Elysées, sous le regard bienveillant et protecteur des CRS

Nous passerons sous silence les années noires du Tournoi, de 1983 à 2005, durant lesquelles les fans de rugby durent supporter les commentaires de Pierre Salviac. Affreux, et indicible. Quand j’y pense… Heureusement nos enfants ne connaîtront pas cela…
Notons toutefois l’arrivée de l’Italie en 2000, la VIème Nation, rendue possible par la volonté des Britanniques de se trouver un nouveau faire-valoir. Objectif atteint, puisque les Italiens n’ont toujours remporté le moindre Tournoi, sauf pour ces pauvres Ecossais qui trouvent régulièrement le moyen de perdre contre eux.

Les Ecossais complétant leur collection déjà bien fournie de cuillères en bois
Les Italiens complétant leur collection déjà bien fournie de cuillères en bois

Bien entendu, la France n’a jamais perdu contre les Italiens. La défaite purement stratégique de 2011 (destinée, rappelons-le, à endormir nos futurs adversaires de la Coupe du Monde) n’étant logiquement pas comptabilisée dans les statistiques. Idem pour la légère déconvenue du week-end dernier à Rome, qui est due et seulement due aux joueurs du Montpellier Hérault Rugby qui ont sciemment levé le pied pendant toute la première mi-temps. Cette sombre affaire de paris truqués devrait d’ailleurs éclater dans les prochaines semaines.

Les trophées distribués durant le Tournoi

Le Tournoi, c’est un peu l’Ecole des Fans, Jacques Martin en moins (et Johnson Martin en plus) : nos amis Anglais ont inventé tout un tas de récompenses farfelues, histoire de gagner à tous les coups.

Le XV d’Angleterre remporte ses 5 rencontres ? C’est le Grand Chelem ! L’Angleterre perd un match mais finit première ? Champions d’Europe ! L’Angleterre finit deuxième en ayant battu Ecosse, Galles et Irlande ? Pas grave, Triple Couronne ! L’Angleterre finit avant-dernière, juste devant l’Ecosse battue 9 – 8 à Twickenham ? Qu’à cela ne tienne, ils gagnent la Calcutta Cup ! Ils perdent contre l’Ecosse mais battent l’Irlande ? Et hop, Millennium Trophy dans la poche ! Victoire contre la France ? Trophée Eurostar (si, si, je vous jure, je n’invente pas) !

Tout est prévu pour que les Anglais gagnent au moins un trophée, quelque soit le cas de figure … C’est plus que malin : rien n’est laissé au hasard.

Et s’ils perdent tous les matchs, me direz-vous ? C’est la cuillère de bois, la médaille en chocolat qui récompense même les plus nuls.

Le trophée de l'infamie...
Le trophée de l'infamie…

Au petit jeu de qui perd gagne, ce sont l’Ecosse et l’Irlande qui se tirent la bourre, avec 14 cuillères en bois chacune. La France arrive 3ème, avec 7 cuillères (si on compte les deux fourchettes de Julien Dupuy et Sylvain Attoub, ça fait deux services complets de couverts à salade). On pourra s’étonner que l’Italie soit la Nation qui en comptabilise le moins (4 seulement), mais on relativisera l’exploit si on rappelle que c’est tout de même 4 en 13 ans, soit un peu reluisant taux de 30% de cuillères en bois.

Pour être tout à fait honnête, les Anglais ne sont pas les seuls à s’être inventés des trophées sur mesure. Ainsi, l’Ecosse et l’Irlande se disputent chaque année le Centenary Quaich ; quant aux Français et aux Italiens, c’est le Trophée Garibaldi qui récompense chaque année l’équipe de France qui remporte le match. (On a déjà dit que les rencontres de 2011 et 2013 ne comptent pas !) 

L’imagination des instances dirigeantes est sans limite : d’autres trophées sont dans les cartons.

Ainsi, à partir de cette année, le Trophée Ryanair sera remis chaque année au vainqueur du match France – Irlande. La Coupe Bâton de Berger (Michel) sera remise à l’issue de France – Galles. La coupe Kronenbourg sera remise à l’équipe qui parviendra à s’imposer sur le score exact de 16 – 64.

Enfin, le Trophée Marc Lièvremont récompensera l’équipe qui parvient à finir deuxième du Tournoi en faisant jouer un demi de mêlée de métier à l’ouverture.

On évoque même la création d’un Trophée Lee Winter, dont les conditions d’attribution restent assez floues.

 

Un peu de géopolitique de comptoir pour finir…

Parmi les 6 Nations participant chaque année au Tournoi, le cas de l’Irlande est tout à fait singulier. En effet, cette équipe est constituée à la fois de joueurs issus de la République d’Irlande et de joueurs britanniques originaires d’Ulster (oui, cette province qui a réussi le faux exploit de battre deux fois Castres cette année). Deux pays, deux religions, deux cultures, deux peuples jadis ennemis qui se rallient sous la bannière verte pour porter

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le même maillot, en vertu d’une même passion : le rugby (contrairement aux arbitres de foot, qui ont aussi la même passion, mais pas le même maillot). Je ne sais pas vous, mais moi ça me fait chialer d’émotion tellement c’est beau, toute cette fraternité unie dans la victoire comme dans la défaite, même si c’est plus souvent dans la défaite en fin de compte.

Le Shamrock, ou trèfle, dont les trois feuilles symbolisent l’union de l’Irlande du Sud, l’Irlande du Nord, et, euh, l’Irlande du Milieu sans doute…
Le Shamrock, ou trèfle, dont les trois feuilles symbolisent l’union de l’Irlande du Sud, l’Irlande du Nord, et, euh, l’Irlande du Milieu sans doute…

Cette sympathique réunion Nord – Sud n’a pas été sans heurts, et a posé quelques problèmes pratiques, notamment en ce qui concerne le choix des hymnes et des drapeaux.

Jusqu’en 1995, trois cas de figure se présentaient : lorsque l’Irlande recevait à Belfast, c’est l’hymne britannique, «God Save The Queen», qui était joué, au grand dam des Sudistes. A l’inverse, lors des rencontres disputées à Dublin, la fanfare locale interprétait l’hymne de la République d’Irlande, « Amhrán na bhFiann », ce qui agaçait fortement les Unionistes (en partie parce qu’ils étaient incapables d’en prononcer une seule strophe, mais pas seulement). Enfin, lors des rencontres à l’extérieur, pas d’hymne du tout.

Ci-dessous, le premier couplet de l’hymne de la République d’Irlande, histoire de rigoler un peu… Désolé, je crois que toutes les lettres ont été un peu mélangées, ce n’est pas possible autrement…

 

Seo dhibh a cháirde duan Óglaigh,

Cathréimeach briomhar ceolmhar,

Ár dtinte cnámh go buacach táid,

'S an spéir go min réaltogach

Is fonnmhar faobhrach sinn chun gleo

'S go tiúnmhar glé roimh thíocht do'n ló

Fé chiúnas chaomh na hoiche ar seol:

Seo libh canaídh Amhrán na bhFiann.

 

Bon. C’était quand même un peu compliqué tout ça, c’est la raison pour laquelle un hymne unique et rassembleur a été créé spécifiquement pour le XV d’Irlande. La proposition de la province du Connacht de reprendre les Lacs du Connemara de Michel Sardou ayant été refusée par les trois autres provinces, c’est finalement « Ireland’s call » qui a été retenu.

Mais rien n’est jamais simple en Irlande ! Lorsque des rencontres du Tournoi disputées à Dublin, on joue désormais… les trois hymnes les uns à la suite des autres ! God Save Save The Queen, puis la chanson imprononçable, et enfin Ireland’s call. Heureusement, à l’extérieur, on ne joue que ce dernier, parce qu’on n’a pas que ça à foutre non plus…

Ireland’s call a été repris depuis par les équipes de rugby à XIII, de cricket, de hockey (et de croquet ?).

Equipe nationale d’Irlande de Criquet, les fesses à l’Eire…
Equipe nationale d’Irlande de Criquet, les fesses à l’Eire…

Même bordel pour les drapeaux : il a fallu en créer un nouveau pour ne fâcher personne. Dans l’urgence, l’IRFU a bricolé un truc dégueulasse sur PowerPoint, et ça donne ça :

Le nouveau drapeau Irlandais, représentant les 4 provinces ; de haut en bas et de gauche à droite : l’Ulster, le Leinster, le Connacht et la Guinness.
Le nouveau drapeau Irlandais, représentant les 4 provinces ; de haut en bas et de gauche à droite : l’Ulster, le Leinster, le Connacht et la Guinness.

Pour vous donner une idée du caractère exceptionnel et unique au monde d’une telle union, essayons de transposer cet exemple à la France.

Imaginez un instant une équipe de France qui intégrerait en son sein des joueurs issus du Pays-Basque … Dit comme ça, ça parait dingue, impensable …

Photomontage illustrant une hypothétique intégration de joueurs basques en équipe de France ; désolé, c’est un peu raté, mais je suis une vraie quiche en Photoshop…
Photomontage illustrant une hypothétique intégration de joueurs basques en équipe de France ; désolé, c’est un peu raté, mais je suis une vraie quiche en Photoshop…

Et puis, on imagine à peine toutes les répercussions … Le pottok devrait être rajouté sur l’écusson à côté du coq et le drapeau devrait être entièrement retravaillé.

Projet de drapeau pour le XV Franco-Basque
Projet de drapeau pour le XV Franco-Basque

Enfin à l’instar de nos amis Irlandais, il faudrait que soient joués consécutivement deux hymnes lors des rencontres au Stade de France : la Marseillaise, puis Paquito El Chocolatero. Non, franchement, je crois que les mentalités ne sont pas encore prêtes, soyons réalistes … Un jour, peut-être ?

Bon tournoi à tous !

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