Lettre ouverte au public toulonnais
par Pilou

  • 09 January 2013
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Mercredi 9 janvier 2012

Il y a peu, mon camarade Pastigo, même s’il est clermontois, s’était fendu d’une excellente lettre à l’attention du président Boudjellal, le président de ton club (ton président de fait ?), en forme de cessez-le-feu, entre deux peuplades de supporters.

L’effet de cette missive étant aussi utile que la note du match Canal +, j’ai hésité puis je me suis souvenu que « nous sommes sous contrat de bénévolat. Ça veut dire qu’en plus de ne pas être payés nous avons surtout le droit de faire ce qu’on veut. » Donc, je tente ma chance.

Public toulonnais, je ne te reconnais plus.

Je prends le temps de t’écrire cette lettre que de toutes façons, tu ne liras pas car, c’est bien connu, tu es ignare et illettré… Enfin, c’est ce que les autres disent et pensent de toi. Le plus couillon dans tout ça, c’est que tu leur donnes raison.

Comme tes homologues supporters, tu aimes à te plaindre de l’arbitrage. Pauvre type, facteur ou employé de banque la semaine et arbitre de Top14 le week-end… Curieux sacerdoce que de se faire conspuer par une bande d’ivrognes, toujours mieux informés (tous les supporters connaissent parfaitement les règles) et toujours mieux placés (c’est vrai qu’on voit mieux du haut des gradins qu’à côté des joueurs, best generic viagra prices sur le pré).

Je peux donc difficilement te blâmer d'adhérer à une tradition bien installée de ce sport (comme les bifles et les troisièmes mi-temps), même si faire comme les autres en tapant sur l’arbitre, c’est davantage une preuve de conformisme que de clairvoyance.

Néanmoins, tu te distingues nettement des autres cohortes de fanatiques par ta capacité à te comporter comme un voyou, à l’image sans doute de ton club et des joueurs qui ont porté ou portent ce maillot dont tu es si fier, mais que tu défends si mal.

Les jours de match, tu te rends religieusement au temple, ce stade Mayol, cette forteresse en bois que tu affectionnes tant… Je me demande pourquoi. Tu me répondras l’ambiance, la magie du truc, les copains ou les générales « à l’ancienne © », mais je m’interroge toujours.

Apprécies-tu le spectacle ? Regardes-tu vraiment le match ? J’en viens à penser que pour toi, le stade, c’est avant tout l'exutoire de tes tensions, de tes passions non assouvies et de tes frustrations latentes.

Mention spéciale à celui qui a pointé un laser sur David Mêlé (qui paraît déjà bien assez malvoyant, quand on voit ses choix de jeu) lors de la réception de Perpignan. Franchement, penses-tu qu'il soit acceptable, en 2012, de posséder encore ce genre de gadget des années 90 ?

Je parle comme un observateur extérieur, et c’est bien le cas. Je ne vais plus au stade parce que tu m’insupportes et me saoules, avec tes sifflets et tes vociférations aux embruns anisés et aux effluves de bière à la pisse.

Dimanche dernier, tu t’es encore brillamment illustré. Il y a peu, Philippe Guillard faisait l’éloge de notre club, qu'il avait si souvent combattu sur le pré, et toi, tu siffles ses joueurs, comme s’ils étaient des voleurs, des moins que rien, alors qu’ils ont véritablement réalisé un « exploit » (en leur rappelant, bien amicalement, qu’ils sont toujours neuvième du classement).

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Je pense aussi à cette jeune personne, installée dans un des appartements situés au dessus du stade (et qui peut suivre les matchs de son balcon, la veinarde). Etant d’origine francilienne, elle avait pour l’occasion revêtu un maillot du Racing, et accroché un drapeau des deux clubs à son balcon. Tu n’as rien trouvé de mieux que de la pourrir verbalement et de la traiter de tous les noms d’oiseaux.

Du coup, je me demande, ce que tu me feras à moi, qui ne vis pas à Toulon et qui suis né dans les Bouches-du-Rhône (et en plus, je ne sais pas siffler).

Forcément, j’en viens à penser à l’impensable, au drame, au tragique : Mourad, ses millions, un départ annoncé dans un crissement de Maserati. Puis plus rien. Quand Mourad sera parti…

Quand il partira avec ses millions sous le bras, on ne verra plus guère de stars du rugby arpenter les ruelles toulonnaises et gonfler le chiffre d’affaires des bars du Mourillon (coucou Willie Mason).

Avec un peu de chance, on arrêtera de parler de nous à la moindre occasion et la presse titrera sur autre chose qu’un article sur Wilkinson aimant se rouler dans l’herbe ou sur la douloureuse question de savoir si les slips que porte Michalak l’empêchent de buter correctement. Tu n’auras donc plus à répondre aux piques des autres supporters ni à monter au créneau pour défendre la dernière saillie de ton président (n’oublie pas que l’enfer, c’est un peu les autres). Le club finira probablement en ProD2 et tu te régaleras de mêlées relevées à grand coup de manchons.

Le seul avantage notable, c’est que le rugby arrêtera d’être un effet de mode et que le club retournera à ses geeks, ceux qui comprennent ce sport et qui savent où se trouvent Graulhet et Montauban.

Parce qu’il y a de vrais amateurs de rugby à Toulon, on l’oublie parfois. D’ailleurs, tu as remarqué que je te tutoie sans distinction depuis tout à l’heure. En fait, dans cette masse grouillante, beaucoup sont des amoureux anonymes du ballon ovale, faisant preuve de respect et de politesse (on aurait peine à le croire, mais oui).

Je n’ai pas pris la peine de séparer les victimes des coupables. J’ai arrosé dans tous les sens, j’ai avoiné tout le monde et je ne m’en excuse pas. En fait, ces mêmes amateurs et moi-même sommes les premiers coupables de t’avoir enfanté, de t’avoir laissé t’installer dans notre stade, au sein de notre club, avec ton comportement grossier et tes méthodes vulgaires.

Espérons qu’à l’avenir tu te cantonnes aux sites et forums spécialisés, là où tu peux sévir sans limites ni nuisances.

Je t’adresse mes meilleurs vœux rugbystiques malgré tout,

Pilou

PS : La taille ridicule de cette lettre ne t’aura sans nul doute pas échappée, mais il faut m’en excuser, j’ai la faiblesse d’être toulonnais (ou pas).

PS à Pastigo : J’ai suivi ton conseil dans ta lettre précédente. Viens, la table est mise :

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