Pourquoi la France va gagner la Coupe du Monde 2015.
par Aguilera

  • 13 December 2012
  • 9

 

Par Aguiléra

 

« Putain, encore trois ans, mais jamais nous n’avons été aussi proches. »

« De quoi parles-tu, Serge ? »

« Nous avons fait notre meilleure tournée d’automne depuis longtemps : les Aussies, les Argentins et même ces barjots de Samoans dans un match que nous aurions perdu en temps normal. Seuls les Blacks ont fait mieux que nous, mais nous savons bien qu’ils brillent surtout en matchs amicaux, »

« Alors ? »

« Alors, je dis que tous les signaux sont au vert. Nous allons gagner la Coupe du Monde en Angleterre. »

La phrase résonne comme un coup de tonnerre dans la salle pourtant feutrée des Barbarians, dans l’hôtel de Serge Blanco à Brindos : feu de cheminée, lumières tamisées, fauteuils clubs en cuir patiné, tables basses, plaids écossais, trophées et photographies jaunies aux murs. L’atmosphère, jusque-là détendue, s’électrise d’un coup.

Les participants à la réunion forment un aréopage des décideurs du rugby français : outre Serge Blanco, participent Paul Goze, Pierre Camou, Serge Kampf, Fabien Pelous, et Bernard Lapasset, bref, du lourd, au propre et au figuré.

Serge Kampf prend la parole : « Serge, je veux bien admettre que nous avons fait une jolie tournée, mais bon, dans trois ans, quel sera l’état des troupes, les jeunes auront-ils confirmé ? Les Black sont encore bien au dessus et il nous manque toujours cette constance nécessaire au plus haut niveau ».

Blanco : « J’ai une certaine expérience, qui m’a fait comprendre que le trophée mondial est toujours attribué non pas à l’équipe qui le mérite le plus, ce qui n’a d’ailleurs aucun sens en sport, mais selon des critères souvent politiques . Rappelle-toi : l’Afrique du Sud en 1995 et la Nouvelle Zélande l’an dernier. Dans les deux cas, l’équipe qui recevait se devait de l’emporter pour préserver la stabilité politique de son pays, même si l’enjeu était tout de même moins important en Nouvelle Zélande où seuls les moutons sont assez nombreux pour organiser des manifestations d’envergure.

D’autre part, les trois nations majeures du Sud ont gagné la Coupe du monde. Au Nord, seule l’Angleterre a été sacrée. La France n’a jamais gagné alors que la Coupe de 2007 lui était promise. Bon, il faut dire que nous nous étions singulièrement compliqués la tâche en reconduisant un sélectionneur fan de Sarko et de l’UMP.

Enfin, la France a provoqué une sympathie presque planétaire lors de la finale perdue 2011. Donc, c’est à notre tour. Il faut capitaliser là-dessus. A nous de faire en sorte que l’équipe soit à la hauteur et que les contraintes extérieures soient sous contrôle. »

Pierre Camou gémit : « Mais Serge, tu sais bien que les clubs ne cessent de nous mettre des bâtons dans les roues. Chaque rassemblement du XV de France donne lieu à des négociations sans fin sur l’indemnisation, la mise à disposition. L’Equipe de France n’est plus la fierté du rugby français. Pour eux, seuls les clubs ont une légitimité parce qu’ils ont la puissance financière. »

Blanco : generic viagra online « Bon, on va mettre le rugby pro entre parenthèses pendant trois ans. J’ai mon plan. Comme vous le savez tous, je prends la suite de Pierre à la tête de la Fédé dans deux ans. »

Bernard Lapasset : « Euh Serge, il y a des élection quand même. »

Blanco : « Des quoi ? Bon, moi à la Fédé, Paul à la Ligue, ça va éparpiller grave. En gros, nous avons deux ou trois gros clubs fournisseurs d’internationaux qu’il faudra surveiller. Les autres, pas de soucis, ils sont trop fiers quand il ont un ou deux joueurs en sélection et ils acceptent sans problème de s’en priver, hein Paul ? »

Paul Goze : « Oui, Serge. »

Blanco : « Donc, deux cibles privilégiées : Toulouse et Clermont. Toulouse, on est dans le dur : Bouscatel et Novès se prennent pour une réincarnation des cathares persécutés par l’Inquisition et le Roi de France. Aussi, à la moindre déclaration publique de Guy sur les doublons, le calendrier infernal ou ses joueurs blessés à cause du XV de France, je propose de lui envoyer un gros bras sans emploi ni scrupules, tiens Kelleher par exemple, pour lui faire comprendre qu’à la première allusion indélicate sur la Fédé ou l’EdF, il pourrait souffrir dans sa chair. »

Bernard Lapasset : « Mais enfin Serge, mais ce sont des méthodes de voyou ! »

Blanco : « Contrairement aux idées reçues, le rugby est un sport de voyous et de tricheurs et c’est ce qui fait son charme. De toutes façons, la fin justifie les moyens comme je l’expliquais à Lux lors du dernier tirage des poules de la H Cup. Novès est très courageux, mais quand un gros bras lui aura décrit la manière dont il va lui arracher les trois doigts qu’il utilise pour demander à ses gonzes de tenter la pénalité, il va y réfléchir à deux fois. Quant à Bouscatel, je me charge de lui expliquer que j’ai des relations dans tous les milieux, ce qui serait de nature à favoriser ses projets dans l’optique d’une reconversion professionnelle bien méritée. La mairie de Toulouse vaut bien une messe et du coup, il laisse la place libre pour Novès. Le billard à trois bandes, j’ai toujours aimé.

Pour Clermont, ce sera plus simple, ce sont des mecs qui n’osent pas trop la ramener. C’est dans leur nature d’Auvergnats besogneux et il faut dire que dix finales perdues, ça calme. Non, je vais leur promettre une sélection systématique de Parra dans le XV de départ de tous les matchs à venir de l’Equipe de France, ce qui évitera au merdeux de nous sur-jouer sa nervous breakdown bi-annuelle et de se consacrer à son club.

Pierre Camou : « Reste tout de même Boudjellal, il y a quelques bons jeunes sélectionnables à Toulon. »

Blanco : « Bon, j’ai mon idée là-dessus. Que cherche Boudjellal par dessus tout ? Un titre de Champion de France. Comme vous le savez, j’ai des relations plutôt privilégiées avec tous les arbitres français et je vais lui offrir le bouclier. Il aura même le choix de son sparring partner en finale, Clermont au hasard. Je lui demanderai juste d’ordonner à ses joueurs de respecter l’intégrité physique de Parra. Après ça, les discours de Boudjellal sur les vieux schnocks du rugby français seront oubliés, hein Paul ? »

Paul Goze : « Oui, Serge »

Fabien Pelous : « Ok, tu neutralises les présidents, mais il faut aussi s’occuper de l’équipe et trois ans c’est long, Il y aura les blessures, les méformes, les contrôles antidopage de Huget, les pétages de plomb de Fritz, Nyanga qui bouffe toute son énergie au moment des hymnes, un clash entre Laporte et Michalak, qui repart en

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Afrique du Sud. Papé peut même se convertir au bouddhisme et à la non-violence, tout peut arriver. »

Blanco : « J’ai toute confiance en Saint-André, Lagisquet et Bru pour gérer les joueurs. Le premier est un malin, il s’occupera des égos, le deuxième est un technicien sans concession, et le troisième un combattant hors pair, proportion idéale entre les hommes.

Pas comme le précédent, ce Bisounours qui pensait diriger un camp de scouts. De toutes façons, avec Fabien, on les surveillera, hein Fabien ? »

Fabien Pelous : « Oui, Serge. »

Blanco : « Ah, au fait, plus de sélection pour Jean Didréal : il est hors de question que ce morveux me passe devant au nombre d’essais marqués en sélection. Vous verrez ça après ma mort, si je meurs un jour. On fera croire à Guy que c’est une concession que nous lui faisons. Et bien sûr, je garde le Yach, il sera trop

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vieux en 2015, et il m’est bien utile à Biarritz. »

Fabien Pelous, Pierre Camou, Paul Goze, Bernard Lapasset et Serge Kampf : « Ok, Serge. »

Blanco : « Bon, des suggestions …. Ou des critiques (non, là, je rigole) ? »

Bernard Lapasset : « Je ne suis pas si optimiste : nous avons certes de bons joueurs, mais aucun n’atteint le niveau technique et physique des joueurs du Sud. »

Blanco : « Tu ne m’as pas compris : ce ne sera pas sportif, ce sera politique. Si nous arrivons à monter une équipe taillée pour aller en finale, et ça on l’a déjà fait avec des clampins, la Coupe sera pour nous. Pour une fois, Bernard, tu feras entendre la voix de la France dans les instances internationales. »

Bernard Lapasset : « Mais enfin, Serge, ça ne marche pas comme ça ! »

Blanco : « Ah bon, tu as vu Invictus et tu penses que l’Afrique du Sud a gagné seulement grâce au beau sourire encourageant de Nelson Mandela et aux qualités morales exceptionnelles de François Pienaar ? Non, tu dois d’ores et déjà engager un processus de lobbying, rencontrer les arbitres internationaux, leur rappeler la prestation honteuse de leur collègue Joubert qui a privé la France d’une victoire méritée. Tu dois leur présenter la prochaine finale comme une compensation nécessaire, c’est un concept qu’ils maîtrisent très bien. Enfin, je t’autorise à leur faire miroiter des séjours d’un mois dans un hôtel 5 étoiles au Pays basque en été, je me dévouerai, j’ai l’habitude.

D’ailleurs, sachant que gagner une Coupe du Monde est bon pour le moral d’une nation et son redressement productif, je me propose d’envoyer à Arnaud Montebourg une invitation en loge pour le prochain match de l’EdF en même temps qu’un CD de mes essais en matchs internationaux. On ne sait jamais, s’il est toujours en poste dans trois ans, il nous débloquera peut-être une petite enveloppe pour financer les menus présents que nous offrirons aux arbitres. Il ne pourra pas donner décemment moins d’un million d’euros après avoir vu mes essais. »

Paul Goze : « Montebourg, ce Bolchevick !!!!! »

Blanco : « Paul, le rugby est neutre. Les politiques peuvent toujours nous être utiles quelque soit leur orientation. Par exemple, je n’ai rencontré Sarko qu’une seule fois dans ma vie (ce qui fait de moi un personnage pitoyable à côté de Laporte, ah ah), et bien, j’en ai profité pour faire débloquer un prêt bancaire qui coinçait un peu. »

Serge Kampf : « Mais, Serge, il fallait me demander »

Blanco : « J’ai suffisamment abusé de ta générosité, comme tout le rugby français d’ailleurs. »

Bernard Lapasset : « Mais enfin, Serge, pourquoi compromettre ta réputation pour un titre qui ne te profitera pas ? »

Blanco : « Compromettre ma quoi ? Ecoute, j’ai été un des meilleurs joueurs de mon époque, mais j’ai perdu une finale de Coupe du Monde et je n’ai jamais été champion de France. En 1991, les Anglais avait placé un contrat sur ma tête. Pour moi, gagner la Coupe là bas serait la plus belle des revanches. Après ça, j’arrête le rugby et je me consacre ma famille et à mes affaires. «

Serge Kampf : « Je n’y crois pas trop. »

Blanco : « En tout cas, c’est ce que j’ai promis à ma femme. Mais bon, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. »

La réunion se termine dans un éclat de rire général et on sabre le champagne en prévision de la victoire future. Ce soir là, à Brindos, des hommes ont rêvé.