Le Labo'ccitan analyse Toulouse-Leicester (23-9)
par Le Stagiaire

  • 15 October 2012
  • 12

 

Par Le Stagiaire

 

Tout d’abord, je tiens à dédier ce texte à Damien Try, le Yannick Nyanga de la

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Boucherie. Après s’être infligé tous les matchs du Stade Toulousain depuis le début de la saison (et surtout les comptes-rendus à faire qui vont avec), le voilà absent pour le premier match intéressant de l’année. En bon gros opportuniste que je suis, je prends donc le relai pour ce premier

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Labo’ccitan européen de la saison.

 

Le Contexte :

Oh miracle ! Pour la première fois de la saison, le staff des Rouge et Noir semble aligner une “équipe-type”, une vraie, sans Beauxis, sans Burgess et évidemment sans Trevor Brennan, (toujours suspendu on vous le rappelle). Une troisième ligne qui fait rêver (avec le featuring Dusautoir-Nyanga qu’on attendait tous), une paire de centres complémentaire, et les arrières les plus en forme actuellement (oui, avec Vincent Clerc, sauvé par les votes du public la semaine dernière après la prestation tragi-comique de “Matanavou-les-studios” et “Donguy Bedos” à Bordeaux). Dans les travées du Stadium, qui accueille la joute, il se murmure même qu’on pourrait voir une combinaison réussie après un lancement de jeu.

Mais attention à ne pas s’emballer, il faut “respecter l’adversaire” comme le précise Maître Guy. Les Tigres du Leicester ont en effet été champions d’Europe deux fois de suite ! Bon c’était il y a dix ans certes. Mais ça laisse des traces ce genre de palmarès. On est presque soulagé que Brive ne soit pas non plus dans la même poule du côté des champions de France en titre.

Il faut dire que malgré le chambrage à peine déguisé du Gourou toulousain, l’équipe adverse affiche quelques beaux arguments. De nombreux internationaux anglais sont alignés et vues les conditions climatiques au début du match, on nous annonce à tout va que “le match va se jouer sur des détails”. En gros, sur la qualité de l’arbitrage en mêlée et les buteurs.

 

Le match :

Sur l’une des premières actions du match, Louis Picamoles perce et trouve le relais de Fritz qui vient main-main dans l’intervalle. Le centre toulousain, qui arrivait beaucoup trop vite pour pouvoir espérer changer de direction sans y laisser un genou, est finalement repris à quelques mètres de l’en-but anglais. Et Jean-Marc Doussain, décidément revenu au niveau qui était le sien pendant la coupe du monde, nous gratifie d’un superbe en-avant en voulant extraire la balle du ruck. Un superbe geste technique qu’il faut saluer puisqu’il anéantira une des plus belles actions du match.

Dans la foulée, il continuera avec deux trois parpaings qui nous feront presque regretter le repositionnement de Fritz à la mêlée le week-end précédent. Afin de se mettre au niveau de ce probant début de match, l’arrière du Stade Toulousain, Clément Poitrenaud, nous éblouit alors d’un geste technique (et tactique) dorénavant mondialement connu : la Poitrenade. Dans son en-but, il veut dégager son camp au pied mais voit la trajectoire du ballon décoller à peu près aussi lentement que Félix Baumgartner pour le Red Bull Statos qui a lieu au même moment (il a mis deux heures pour atteindre les 36km d’altitude nécessaires au record). Le ballon, comme un avertissement au parachutiste, s’écrase quinze mètres plus loin, près de la touche où traînait Toby Flood (qui se cachait probablement de la prochaine charge de Picamoles). Occasion inespérée pour l’Anglais, il s’empare du ballon et s’apprête à se jeter victorieusement dans l’en-but. Mais c’était sans compter sur le retour héroïque de Yoann Huget (qui traînait lui aussi par là pour être au plus près des photographes et surtout mettre en valeur son meilleur profil). A l’impact, Flood met le pied en touche et c’est au tour d’Huget, sonné, de voir des étoiles au dessus de sa tête.

Afin d’être sûr de ne pas glisser, Toby Flood a décidé de jouer tout le match assis.

 

Un peu plus tard, Picamoles se mettra à nouveau en évidence, mais pour de mauvaises raisons cette fois. Pénalisé pour être passé sur le côté d’un regroupement, il permet à Leicester d’ouvrir le score et de mener 3-0. Heureusement pour les champions de France en titre, l’apprentissage de Doussain au côté de Jean-Ba Elissalde commence à porter ses fruits. Après une action vicieuse au possible (dans la lignée de celle contre Toulon), le demi de mêlée obtient une pénalité bien placée que Big Mac s’empresse de transformer. Ouf, on est pas passé loin de la crise.

Toujours haché et perturbé par les maintes fautes de main dûes à la pluie, dur dur de trouver un quelconque plaisir devant ce match. Bien sûr, Dusautoir va bien mettre un tampon spectaculaire. Mais bon, on sait tous qu’il fait ça uniquement pour donner un peu de matière aux mecs qui n’ont que ça à foutre de repasser sous tous les angles ses meilleurs plaquages au ralenti dans des vidéos Youtube de 10 minutes. D’ailleurs ça n’empêchera pas les Anglais de récupérer une nouvelle pénalité, à nouveau transformée par Toby or not Toby (3-6). Mais après un bon travail de Picamoles sur un contest, Mac Alister égalise. Une nouvelle “animation” (j’extrapole un peu pour donner plus d’intérêt à mon texte qu’au match, vous m’en voudrez pas) vient alors mettre du piment dans la rencontre. Sur un renvoi aux 22, Steenkamp laisse traîner sa jambe (à moins que ce ne soit son double menton) et fait tomber l’Anglais qui s’apprêtait à jouer vite. Nigel Owens (en représentation sur le terrain depuis le début du match) ne se fait pas prier et envoie le pilier toulousain se reposer sur la touche pour dix minutes. On espère alors que les Anglais vont profiter de leur supériorité numérique pour emballer un peu la rencontre. Mais non. On se rappelle qu’ils sont anglais et qu’en plus, il pleut. Du coup, les plus grosses prises de risques auxquelles on assiste sont des départs au ras après une mêlée. Départs au ras qui mèneront à des en-avants, qui mèneront eux-mêmes à des mêlées, écroulées cette fois.

Ce moment où Castrogiovanni réalise qu’il va encore devoir faire une mêlée face à Johnston…

 

Durant ces minutes, Mc Alister aura même l’occasion de faire passer les locaux devant, mais histoire de faire croire qu’il n’est pas infaillible et calmer ses groupies, il ratera volontairement la tentative. Toby Flood lui n’en a rien à foutre de ses groupies et redonne l’avantage à son équipe dans la foulée. Et alors qu’on croit que tout est perdu, que nos espoirs sont vains, que ce dimanche n’est qu’un long vendredi soir, le jeune Kifickou choisit son moment pour se faire remarquer et jouer les premiers rôles. Après un ballon récupéré au niveau de la ligne des quarante anglaise, il pousse au pied, dépose Youngs à la course, bénéficie d’un rebond favorable et se jette dans l’en-but adverse. La foule est en délire, certains pleurent, certaines supportrices montrent leurs seins et on croit même voir des miracles avec des handicapés dorénavant capables de se lever de leur fauteuil pour faire la ola, “ce double salut nazi socialement acceptable” comme le décrit si bien Gaspard Proust. Cette scène de liesse, mélange des séries Spartacus et Friday Night Lights est aussi invraisemblable que fausse puisque je viens de l’inventer pour maintenir votre attention (d’où le passage des seins nus).

L’ouvreur All Blacks des All Red & Blacks rate la transformation et manque donc l’occasion de rajouter deux points de plus à la cagnotte (sur la transformation, je crois même avoir vu Guy Novès faire le signe des trois points, au cas où). Arrive la mi-temps (durant laquelle Vincent Clerc marque son essai syndical, mais dans une pub cette fois) et la partie la plus chiante de la partie ne fait donc que commencer.

La deuxième période est un calvaire que je m’inflige jusqu’au bout pourtant (par conscience professionnelle ou parce qu’il n’y a rien d’autre à foutre un dimanche aprem faut le reconnaître), une sorte d’adaptation rugbystique de la scène de la torture dans “Orange Mécanique”. Les fautes de main et les mêlées s’enchaînent dans une sorte de cercle vicieux insoutenable, le tout pimenté par les jeux de mots de Matthieu Lartot, aussi prévisibles que le prochain en-avant du match. Même le réalisateur ne sait plus quoi filmer pour nous empêcher de zapper. On a donc le droit de suivre deux ou trois tours de ola successifs, partageant presque l’angoisse des spectateurs sur place de la voir s’arrêter en tribune présidentielle. Enfin, on n’en voudra pas aux spectateurs de vouloir occuper leurs mains. C’est pas sur ce match qu’ils ont eu beaucoup l’occasion d’applaudir le jeu à la toulousaine et ils n’ont même pas pu se toucher sur un Luke Magalie Steur qui a alterné le très bon dans le jeu au pied court et le plus approximatif dans le jeu au pied de déplacement. Que faire donc quand on est le meilleur public de France et qu’on n’a même plus un petit Michalak à siffler ? Ben on siffle le buteur adverse évidemment… et on se rabat sur la ola… C’est triste le rugby professionnel, hein André. A l’époque ça aurait déclenché une générale dans les tribunes, c’était quand même autre chose. Et contrairement aux sifflets, ça respectait les Valeurs®.

Fritz s’emmerdait tellement qu’il a décidé de défendre pour les deux équipes.

 

Pendant ces digressions, Big Mac enquille les points quand il en a l’occasion et fait grimper petit à petit le score. 14-9. 17-9. 21-9. Ah bah non merde, 17+3 ça fait 20. 20-9 donc. Puis 23-9 sur une énième faute en mêlée des Anglais. Des Anglais qui n’ont d’ailleurs pas l’air plus pressés que ça de refaire leur retard pour accrocher le bonus défensif. Comme si tout ça ne faisait en fait partie que d’un plan destiné à détruire l’empire capitoliste. Et vue la tronche isocèle de Guy Novès (assez habituelle en fait) sur le bord du terrain, je me prends à croire qu’il soupçonne aussi quelque chose. Si ma théorie complotiste a l’avantage d’ajouter un peu de suspense au match, elle ne se transformera dans les faits par aucune occasion marquante supplémentaire. Si ce n’est un ultime coup de pied de Fickou que Huget est à deux doigts d’aplatir dans l’en-but adverse. Hélas, l’ancien Bayonnais se fait fumer par Morris (qui ne s’appelle pourtant pas Philippe) qui lui aplatit in extremis dans les jambes.

Enfin c’est la délivrance, lorsque Clément Poitrenaud réalise sa meilleure action du match en dégageant le ballon direct en touche pour achever nos souffrances. OUF ! Voilà c’est fini, on l’a fait, on a survécu. Il ne nous reste plus qu’à zapper sur l’ascension dans l’espace de Baumgartner, qui est à peu près aussi passionnante mais qui a le mérite de nous laisser espérer un mort.

 

Les Joueurs :

Les gros auront été particulièrement sollicités et s’en sont au final plutôt bien sortis puisqu’ils ont permis à Mac Alister de mettre plus de pénalités que son vis à vis. La troisième ligne restera la plus grande satisfaction puisqu’ils ont été à la fois les meilleurs avants et les meilleurs trois quarts de l’équipe. Doussain a été très loin du niveau qu’on peut attendre d’un demi de mêlée d’une équipe championne de France (surtout quand on a regardé la prestation de Machenaud la veille) mais on lui donnera l’excuse des conditions climatiques. Notons aussi sur ce point le très bon coaching psychologique de Guy Novès qui fait rentrer Burgess à dix minutes de la fin, temps nécessaire au demi de mêlée australien pour nous forcer à modérer toutes nos critiques sur ses concurrents au poste. Derrière, Fickou a été très bon, en défense comme sur ses quelques ballons d’attaque. Je regrette quand même un peu de ne pas avoir eu l’occasion de voir l’action de son essai avec Yannick Jauzion à la place, juste histoire de rire un peu. Fritz fidèle à lui-même. Huget a été volontaire et plutôt en vue, plus que Clerc sur l’aile opposée en tout cas. Enfin Poitrenaud a été solide et rassurant sous les ballons hauts. Mais à la vue des conditions climatiques, il sera quand même resté le joueur le plus dangereux pour Toulouse pendant 80 minutes.

Côté anglais, pas grand chose à noter puisqu’ils n’ont rien fait pour se mettre en valeur. Manu Tuilagi a été l’un des rares à se faire remarquer avec quelques belles avancées, sûrement aidé par le fait d’être dans son élément (l’eau). C’était pas encore la baie d’Auckland mais si le match avait eu lieu en prime time quelques heures plus tard, Toulouse avait du souci à se faire.

Tuilagi se fout bien de la gueule de Poitrenaud en l’imitant plaquer…

 

Bonus :

Hier, nous avons eu la brillante idée de confier les clefs de notre compte Twitter à Pastigo, le hibou auvergnat. Depuis, Barbatrous nous aime encore plus fort.