Les rugbymen et la pub, partie 2
par Le Stagiaire

  • 08 October 2012
  • 12

 

Par Le Stagiaire

 

Après un premier volet dédié aux performances vidéos de nos athlètes préférés, voici la deuxième partie de notre compil’ “Les-rugbymen-qui-se-font-du-blé-en-vendant-leur-tronche-au-monde-capitaliste”. La dernière fois, je vous ai présenté les prestations théâtrales que vous subissez le plus souvent à la mi-temps des matchs, si bien sûr vous n’avez pas eu l’intelligence d’utiliser les dix minutes de battement pour aller pisser et chercher d’autres bières. Cette fois ci, nous allons nous pencher sur la publicité dite “print”, ces posters du diable qui pourrissent les beaux arrêts de bus payés avec vos impôts. Dans le cas bien sûr où cette propagande n’est pas affichée en 4 par 3 à l’entrée de la zone commerciale du coin.

Tout d’abord, je précise que nous ne nous intéresserons pas aux publicités “imposées” par les sponsors des clubs ou de l’équipe de France. Il y aurait sinon beaucoup trop de boulot (Oh, t’es sur la Boucherie là, t’as cru quoi) et ce ne sont pas les plus funs à revoir puisqu’elles sont financées à coup de dizaines de milliers d’euros. A défaut d’être original c’est donc généralement propre et soigné et c’est par conséquent vachement plus difficile de se moquer.

Comme vous avez pu le constater sur la partie vidéo de ce dossier, les rugbymen ne sont pas encore aussi “bankables” que leurs potos footeux et héritent donc des contrats un peu moins juteux et bling bling. Généralement, on fait appel à eux pour plusieurs raisons :

  • Ils sont bien foutus donc on va les foutre à poil pour promouvoir notre tout dernier boxer. Ou notre dernier rasoir. Quoi, vous vous rasez pas à poil vous ? Vous souriez même pas à la fin en voyant dans la glace à quel point ça vous rend beau-gosse ? Vraiment ? Et vous avez même pas une mannequin qui vient se frotter contre vous en vous susurrant que vous êtes tout doux et qu’elle vous mangerait bien ? Bah changez de rasoir hein.
  • Ils représentent les Valeurs ©. Et ça tombe plutôt bien parce que moi j’ai pas un rond, ma notoriété ne dépasse pas les portes de la région et une petite campagne corporate bien clichée pour dire à quel point mon entreprise respecte ses adversaires partenaires, à quel point le patron respecte l’arbitre ses salariés et à quel point on est proche des supporters clients, ça peut pas faire de mal.
  • IIs passent à la télé donc ils doivent être connus et rapport notoriété/prix on pourra pas faire mieux. Surtout que payer plus cher pour un footeux qui viendra à la conférence de presse en maserati et qui lâchera à peine son casque Beat by Dre, MERCI. Et puis on va pas prendre un handballeur alors qu’ils sont corrompus comme des politiques et qu’on vient de démontrer au grand jour que les Valeurs du handball©, en fait, c’était vraiment de la branlette. Non, vraiment, un p’tit rugbyman, c’est bien.
  • Dernier cas de figure, il vient du même village que moi, et en en parlant au boulanger , je peux peut-être me faire pistonner pour le rencontrer et négocier un prix pas trop dégueulasse. Il pourra pas me dire non, ma tante a été son instit’ en primaire. De toute façon, ça quittera pas le village, j’imprime 500 flyers et on en parle plus. Et puis dans le pire des cas s’il refuse, il m’offrira probablement deux places pour le prochain match pour se faire pardonner, ça fera plaisir au gosse.

C’est ainsi que nos braves rugbymen, une fois débarrassés des obligations commerciales imposées par leurs employeurs, peuvent se retrouver sollicités par quelques entreprises plus ou moins grosses, pour des campagnes de com’ plus ou moins inspirées. Le tout, encore une fois, à condition d’avoir une notoriété pas trop dégueulasse et de ne pas avoir fait les gros titres en vous battant (et en perdant en plus, bonjour l’image d’entreprise de loser) contre une table de nuit.

Yannick Jauzion évoque ses problèmes d’incontinence.

 

On commence avec Yannick Jauzion qui fût lors de ses grandes années, probablement un des meilleurs joueurs du monde. Et bien à peu près à la même période (2006-2007), il a joué les mannequins pour promouvoir… une marque de robinetterie. Budget limité oblige, la marque n’avait pas les moyens d’embaucher, en plus, un directeur artistique. Du coup, on fout une photo de Jauzion (toujours avec le maillot de cette équipe Neutre qui aura décidément fait un sacré recrutement au fil des années) en train de taper une pénalité. Le truc qu’il fait jamais mais ça lui donne un air important et puis c’est pas une vidéo, personne ne pourra vraiment se rendre compte qu’il a les pieds carrés. On a aussi demandé au stagiaire marketing de jouer les concepteurs-rédacteurs et de pondre un petit texte pour expliquer en quoi l’association Jauzion/Robinetterie Hammel était évidente. Oui parce que c’est vrai que quand on y réfléchit comme ça, ça saute pas aux yeux. Dans un premier paragraphe, on précise que Jauzion est un ambassadeur des Valeurs du Rugby©. rien que ça. Façon titre officiel, comme “Membre du conseil constitutionnel” ou “Maitre Jedi”. Non, faut reconnaître que ça en impose. Quand on y pense, quel branleur ce Jonny Wilkinson de se faire anoblir par la reine d’Angleterre. Je suis sûr que le mec a même pas son certif’ officiel d’ambassadeur des Valeurs du rugby ©. Pfff.

Dans le deuxième paragraphe, on fait s’exprimer Yannick Jauzion (enfin on l’a juste fait signer en bas en vrai) qui nous explique que les Valeurs du rugby © et les valeurs de l’entreprise c’est un peu la même chose. Et que donc la robinetterie Hammel, elle est bien. Après un tel argumentaire, dur de pas être convaincu. Et nul doute que la prochaine fois que le plombier viendra changer votre robinetterie pour mettre du “Hammel”, votre femme remerciera Yannick Jauzion.

Ce que j’aurais fait : Quitte à parler tuyauterie et fuite d’eau, pourquoi ne pas prendre Jérome Porical, la plus grosse tanche du rugby français, comme ambassadeur ? “Car si je suis une vraie passoire en défense, ma robinetterie, elle, ne fuit pas !” avec une photo où il fait un clin d’oeil complice.

 

La Miche Tonneuse

 

Vous connaissez la marque Kaporal ? Si on se contente d’analyser la pub, voilà ce qu’on peut en déduire. Kaporal, c’est un peu une marque qui voudrait à la fois habiller Dracula et Booba. Une touche de gothique avec le canapé rouge de mégalo et la pose du prince de la cité. La décontraction du jean qu’on viendrait sublimer d’un aigle façon IIIème reich brodé sur le cul. Kaporal, c’est la marque des jeun’s marseillais (elle a été crée ici) qui sortent en boite draguer des minettes après avoir vidé une bouteille de whisky (pur t’as vu) mais qui rêve de se taper l’héroïne de Twilight. Du coup : meuf de Twilight = vampires = Dracula. La cible de Kaporal doit donc se sentir vampire. Mais, street cred’ oblige, on va garder une touche de virilité et on va mettre un nom de marque qui rappelle bien l’univers de la guerre et la domination. Et Colonel Reyel aussi, mais ça c’est venu un peu après, ils ont juste pas eu de chance.

Pour le coup, la Miche n’est donc pas là pour représenter les valeurs© mais bel et bien la virilité et la beaugossitude du rugbyman. On touche les filles (qui bavent), les mecs (qui crèvent de lui ressembler, enfin dans l’idée) et les gays (qui font les deux à la fois). Vous noterez que le jean Kaporal vous habille tellement bien que vous êtes dispensés de mettre un tee-shirt. A moins que ce ne soit tout simplement que vous ayez tout claqué dans le jean et que vous n’ayez plus rien pour acheter le reste. Dernière explication possible, Michalak était tellement mauvais en 2008 que même l’équipe Neutre n’a pas voulu de lui.

Ce que j’aurais fait : Pour représenter la communauté des petits merdeux qui ont des désirs inassouvis d’abus de pourvoir, pourquoi tout simplement ne pas choisir Morgan Parra comme ambassadeur ?

 

Dans le genre publicité cheap et lolante pour un mec qui joue en équipe de france, Clément Poitrenaud a un sacré book. Si je l’ai épargné la dernière fois pour la publicité Delpeyrat, il n’y

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échappera pas cette fois ci. J’ai donc choisi les deux plus belles : Taquipneu et Atalian.

Atalian donne aussi des cours pour apprendre à faire ses lacets

 

La première est assez fabuleuse puisqu’elle n’a tout simplement aucun sens. Bon, la marque veut se la jouer Valeurs© donc on fait venir un rugbyman, beau-gosse de préférence, on lui fait prendre un regard profond, et c’est dans la boîte. Pourquoi pas. Sauf qu’à un moment donné, faut bien faire un lien avec le rugby et expliquer qui tu es, toi, à nous emmerder avec tes affiches. Le publicitaire nous sort un bon jeu de mot pourri (C’est à l’arrière que se dessine les plus beaux succès) pour faire le lien avec le joueur et hop, on en parle plus. On a un peu envie de leur dire que les plus beaux succès se perdent aussi à l’arrière (cf finale H-Cup 2004) mais on va pas remuer le couteau dans la plaie, on est pas des putes. Si ? Bon ok, peut-être. Et toujours est-il que ça nous aide toujours pas à comprendre ce que veut la marque. On est un peu con mais ils pourraient faire un effort. Il faut donc lire les lignes en plus petits. Oui, c’est chiant. Pour un peu que vous passiez en voiture à 90 devant l’affiche, vous avez intérêt d’être vif d’esprit. Et si c’était le cas, entre nous, vous ne seriez pas en train de lire ces lignes? Donc pour arriver à cette étape de lecture, il faut soit être très curieux, soit très con, soit n’avoir que ça à foutre, soit être fan de Poitrenaud, soit être en train de faire un dossier sur les rugbymen et la pub. Si c’est votre cas, vous pouvez donc constater que, concrètement (on y arrive), Atalian fait un peu de tout et de rien. Voilà, tout ça pour ça. Bon on peut comprendre que ça les emmerde d’expliquer du coup. C’est comme aux diners de famille où tu dois expliquer successivement à toutes les personnes qui font semblant de s’intéresser à toi en quoi consiste tes études/ ton job. Même toi d’ailleurs tu te demandes ce que tu fous là la plupart du temps. Du coup au bout d’un moment, t’as juste envie d’être au chômage comme Ovale Masqué , au moins ça tout le monde comprend et après plus personne n’ose te faire chier à te demander des détails.

Ce que j’aurais fait à leur place : Encore une fois, prendre un ambassadeur qui représente mieux la marque. Pour ceux qui est de la polyvalence, je pense que Damien Traille est difficilement battable.
Mais dépêchez vous de le réserver, en bon casse-couilles toujours à pleurnicher, les syndicats de la SNCF pourrait bien y voir, à juste titre, un parfait porte parole.

 

Les nouveaux casques Décathlon par Lagarfeld, c’est vraiment de la merde !

 

Deuxième publicité avec Poitreval, cette fois ci franchement axée WTF. Si l’angle est intéressant (jouer sur la performance), le visuel est assez culte. En chef de chantier dans les pneumatiques, l’arrière toulousain a une bonne tête de vainqueur. Niveau performance sur le point, il est en effet imbattable. En tout cas, on ne pourra pas reprocher à la marque d’avoir joué uniquement sur la plastique du joueur. Même si, comme dirait ma grand-mère, “il a une tête à chapeau”, on l’a connu plus à son avantage. Le rapprochement pneus/appuis est bien trouvé même si on a envie de rappeler que Robert Doitrenaud qui fait une relance, dans la moitié des cas ça se termine 30 mètres plus loin et dans l’autre moitié il se vautre devant la défense sur son dernier appui. Ca serait emmerdant d’avoir les mêmes stats devant un virage quand on vend des pneus. Ah, et dernier point, il me semble qu’on dit “Arrière international”, pas “International arrière”.

Ce que j’aurais fait à leur place : Déjà j’aurais fait cadeau du casque de chantier à Skrela, ça pourrait lui servir. Ensuite, puisque la pub, ça reste 99% du temps des gros clichés, j’aurais pris Julien Bardy comme ambassadeur. Une pub pour des mécanos avec la symbolique du chantier, on peut vraiment prendre un mec qui n’est pas portugais ?

Si un Hachoir d’Or de la publicité la plus pourrie avait existé, Sébastien Chabal aurait probablement dû (à la manière de Mourad dans la catégorie “Phrase de l’année”) avoir sa propre catégorie. Mais comme il y en a marre de toujours parler d lui, on en analysera qu’une, celle pour les parfums Caron.

 

Sébastien Chabal, cher à Caron

 

Chabalou tape la pose, cheveux aux vents façon coiffé/décoiffé. Une belle crinière, un regard vigilant, les mâchoires serrées, c’est pas encore Nathalie Portman ou Charlize Théron mais notre Shreck national commence à se toucher en mannequinat. A ce rythme, il va finir sur les podiums, ce qui aura au moins le mérite de le changer du rugby. Est-il vraiment nécessaire d’analyser le slogan de la publicité ? “L’art de porter du Caron aujourd’hui”. Tu parles d’un art. L’eau de toilette tu t’en mets, ça fait un mélange dégueulasse avec ton déo, du coup t’en remets encore plus pour couvrir l’odeur du déo et au final tu te rends compte que tu cocottes beaucoup trop pour pouvoir approcher quelqu’un à moins de 50 centimètres sans l’asphyxier. Chabal aurait eu plus vite fait de se concentrer sur l’art de porter un ballon plutôt que sur celui de porter du Caron. Parce que quand on compte le nombre de fois où le ballon a explosé en même temps que son adversaire, on se dit qu’il aurait été meilleur au football américain. Enfin bon Chabal et la crédibilité publicitaire, on va pas s’attarder dessus. Quand on sait qu’il a fait une pub pour dire que, “comme sa mutuelle, il s’engageait à fond” et qu’il a quitté le Racing quelques mois plus tard en boudant…

Ce que j’aurais fait à leur place : J’aurais pas fait appel à un rugbyman. Les Valeurs du rugby © dans l’esprit populaire, c’est l’odeur de la transpiration, celle de la boue, les relents d’alcool et de vomis les lendemains de match. Pas de l’eau toilette… Allons. Encore le délire d’un pubard-hipster parisien ça…

 

Simmons et merveilles

 

On en a déjà pas mal parlé la dernière fois, mais revoilà Christophe Dominici, qui nous épargne au moins sur ce support, son piètre jeu d’acteur. Ici, on a juste le droit au regard profond et l’effeuillage intempestif. Contrairement à son apparition dans les Dieux du Stade, le photographe a correctement cadré même s’il avait de toute manière eu la décence de garder son slip. On ne s’attardera pas sur le visuel avec la classique mise en scène de la dualité, avec la disposition qui divise l’image en deux verticalement, avec à gauche, Dominici, et à droite, le matelas (qui ressemble plus ici à une vue au microscope d’un relevé de moelle osseuse tout droit sortie de Dr House qu’un truc confortable mais bon…) Ce qui importe ici, c’est davantage le slogan, tout simplement magnifique. Quelle inspiration, quelle créativité ! Car oui, “Christophe a beau être doux et ferme -Olalala Thierry on a frôlé l’oxymore, c’est HIST-O-RIQUE ! – il est loin d’être aussi réconfortant qu’un matelas Sensoft de Simmons” -Je suis déçu, je pensais ce joueur plus réconfortant-. Concrètement, la pub essaie de vous faire comprendre que si vous êtes déprimés, vous préférerez vous taper votre matelas que Dominici. Après tout pourquoi pas. Je suppose que ça dépend de la cible de la publicité.

Ce que j’aurais fait à leur place : Benjamin Fall dans un lit d’hôpital et un slogan du genre “N’allez pas croire que le fait de dormir sur un matelas Sensoft de Simmons me pousse à passer autant de temps ici. Voyons…” Clin d’oeil entendu. (Oui, j’aime bien ce procédé du clin d’oeil au lecteur et je vous emmerde.)

 

Qui est apparu le premier ? La poule, l’oeuf ou Julien Malzieu ?

 

Sans doute une des plus belles réalisations graphiques depuis le début du troisième millénaire. Julien Malzieu tient victorieusement un poulet comme il tiendrait la coupe du monde, un sourire satisfait mais un poil crispé. Faut dire que la bestiole a pas l’air ravie et aspire plutôt aux grands espaces et aux verdures d’Auvergne. En fond, on pourrait penser voir un Van Gogh mais non, c’est métaphoriquement la pelouse de Michelin (bien sûr). De même que le poulet n’est probablement pas innocent dans l’histoire. Et oui, je vous rappelle que le surnom de Jean Dridéal n’est ni plus ni moins que “Chicken”. Alors, vraie publicité pour les poulets d’Auvergne ou provocation auvergnate envers l’empire capitoliste ? Si une pseudo-marque d’origine toulousaine sort une publicité avec Clerc qui balance une assiette de cassoulet à la tête d’un bouddhiste, on sera fixé…

Ce que j’aurais fait à leur place : Une photo de Pastigo avec sa femme/soeur/fille (rayez la seule mention inutile)au milieu du poulailler , simplement vêtus d’une paire de botte et d’une fourche.

 

Kikou !

Celle là est juste pour les moteurs de recherche. Daniel Carter nu. Daniel Carter Porno. Daniel Carter Sextape. Marc Lièvremont Nu. (Ben oué tant qu’on y est).

 

Quand allons-nous dans le Cantal ?

Non, vraiment, là, je peux plus. Désolé…