Le Lab'Occitan analyse Toulouse – Stade Montois (37-22)
par Damien Try

  • 28 August 2012
  • 11

 
Par Damien Try

C’est la rentrée pour le Lab’Occitan ! En effet, pas de compte-rendu pour le match du week-end dernier en raison de la désertion de ses membres. Le Stagiaire était indisponible car puni-cagibi : il avait oublié de racheter (de sa poche) du café pour nous le préparer lors des réunions d’avancement, et n’avait donc pu voir le match puisqu’enfermé dans un placard tout le week-end. J’étais pour ma part indisposé, je n’avais pas encore tout à fait récupéré des férias de Vic-Fézensac (fin mai), et l’on m’empêchait de boire dans ma chambre de Purpan, ce qui est rédhibitoire pour le visionnage d’un match de Top14. Au final ce n’était pas si pénible que ça de laisser Ovale Masqué se faire chahuter par certains supporters toulousains qui ont peu apprécié son compte-rendu. Je les rassure tout de suite, je vais dire du bien du Stade Toulousain aujourd’hui (une fois n’est pas coutume).

 

Le contexte :

Après la victoire étriquée contre Castres la semaine dernière, le Stade Toulousain recevait ce week-end le Stade Montois. Canal+ annonçait un « match de préparation » pour Mont-de-Marsan. Et oui, les Montois ne jouent pas vraiment le Top14, sachez-le. Ils sont en tournée dans les stades français, offrant cinq points en remerciement de l’accueil, et ne joueront réellement que les matchs contre les quelques équipes auxquelles ils ont une chance d’avoir une pseudo-illusion de peut-être prendre le bonus défensif. Enfin, c’est visiblement ce que tout le monde pense.

Pour le petit Guytou, ce n’était pas un match de préparation, mais le lendemain de Noël : il avait fait sa liste en sélectionnant les plus beaux joujoux des centres de formation depuis des mois, et maintenant qu’ils étaient sous le sapin, il allait enfin pouvoir les étrenner. Il n’avait en effet pas pu le faire la semaine passée : si l’année dernière il avait reçu une voiture téléguidée de l’hémisphère sud et n’avait qu’à la sortir de l’emballage pour qu’elle écrase tout sur son passage, cette saison il a eu des legos : il va falloir un peu de temps de construction avant de faire mumuse. Les Castrais acceptant mal l’imprécision il avait pris son mal en patience et joué avec les jouets de l’année dernière, mais les Montois ne sont pas à une brique mal placée près, et c’est donc une équipe « en devenir » qui est alignée : il ne jouera avec son super-jouet kitutou « Dark Destroyer », mais avec son nouveau nounours Guillamon, Tolofua la tortue ninja et les tout frais sortis de l’usine Boukerou et Maka. Au cas où, il y a de toute façon sur le banc la poupée Ken surfeur pour la mêlée, et la boule de bowling qui emporte tout sur son passage : la première ligne Steenkamp-Lacombe-Johnston.

 

Le film du match :

A l’entrée des joueurs, je constate avec plaisir que le staff s’est rendu compte de l’agression visuelle que sont les maillots marron du week-end précédent, et s’est fait prêter un jeu de maillots du Toulouse Olympique XIII.

Dès la première minute, Huget s’illustre en bottant directement en touche, le match est lancé. La première pénalité ne se fait pas attendre, et Péchambert montre qu’il a bien compris qui joue à la maison en offrant une pénalité aux Toulousains. Malheureusement ses assistants veillent et rendent la pénalité à qui de droit, permettant à l’ouvreur noir et jaune Duvallet d’en profiter pour ouvrir le score, 0-3 à la deuxième minute de jeu. Selon Canal+, « Mont-de-Marsan tient son exploit, il reste 78min à jouer”.

Les Toulousains ne se démontent pas, récupèrent une pénalité dans les cordes de Magalie Stère, mais, au plus grand plaisir du public d’Ernest Wallon, décident de prendre la pénal-touche. Bon choix, puisque quelque secondes plus tard, Poux s’écroule dans l’en-but pour un essai validé à la vidéo. Une pénalité pour un passage à vide discutable d’Huget plus tard, et les Montois recollent au score, 7 à 6.

Les deux équipes « ont des intentions » et envoient du jeu, les visiteurs relançant sans complexes de leurs 22. Du jeu à la main devant sa propre ligne d’en-but, des perches snobées pour aller en touche, des jeunes Français sur le terrain, deux équipes joueuses ? Mon dieu ! La Prophétie ! C’était écrit dans les livres anciens, mais seuls quelques allumés ayant trop lu le « Da Vinci Code » y accordaient un quelconque crédit. Et pourtant, ce 25 août de l’an de grâce 16 après le doublé championnat de France-coupe d’Europe a vu la résurrection du joyau qu’on croyait perdu à jamais : le mythique Jeu à la Toulousaine. 14ème minute de jeu, départ du neveu Maka sur une mêlée aux 40 mètres toulousains. S’ensuit un essai de 60 mètres en quelques temps de jeu, 15 passes en 57 secondes, 10 joueurs touchant le ballon, pour une conclusion du renard Vincent Clerc. Une merveille d’essai qui restera dans les anthologies (enfin, au moins celles de cette année), en succession de passes courtes et libérations rapides. McAlister, malgré la gêne visible de la béquille subie sur cette action, transforme pour donner l’avantage 14 à 6 à son équipe.


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Mais les Montois ne sont pas en reste et profitent d’un ballon de récupération au milieu du terrain, jouent intelligemment le coup sur l’aile droite, et après un subtil à-toi-à-moi marquent un bel essai par l’intermédiaire de Dubié quelques minutes plus tard. On pourrait reprocher à Matanavou de mauvais choix défensifs sur le déroulement de l’action, mais la construction montoise est particulièrement bien réussie. McAlister est contraint de laisser sa place à Lionel Beauxis. 14-13 après 17 minutes, du jeu de part et d’autre, des visiteurs prétendument petits Poucets qui ne s’en laissent pas conter, le match est alléchant.

Malheureusement le spectacle se dégrade un peu par la suite. Si Guy Novès confirme qu’il veut être ambitieux et que c’est pour ça que Toulouse ne prend pas les pénalités, la pénal-touche suivante est perdue par les Rouge et Noir. Bien que J-B Elissalde sur le bord de touche exigeait de ses joueurs la même sanction à l’encontre des Landais que celle qu’il avait réclamé pour la rédaction de la Boucherie Ovalie (« il faut les tuer »), c’est bien Duvallet qui profite d’une faute de Maka pour donner l’avantage au score à son équipe. Et les ennuis continuent avec le malheureux Tolofua qui retombe dans ses travers d’antan. Je suppose qu’il a passé son été à travailler ses lancers en touche, mais après 29 minutes très propres, il enchaîne un lancer pas droit par un lob de son bloc de saut. Heureusement, au troisième placage haut de Rabeni en 35 minutes, Péchambert fait preuve d’une grande sévérité en lui demandant d’arrêter. Il a failli lui taper sur les doigts, mais ça aurait été un peu dur. Novès pas si ambitieux finalement demande les points, et Beauxis redonne l’avantage à Toulouse, 17-16.
Juste avant la mi-temps, Jean Dri

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déal essaye de se déparer de son image trop lisse de gentil garçon par un ignoble acte d’anti-jeu. Quel voyou. Mais on ne me la fait pas à moi, sa faute est plutôt intelligente, puisqu’il ruine un 2 contre 1 petit côté qui aurait pu être bien dangereux. Duvallet toujours propre offre l’avantage aux Montois 17-19. Après le renvoi directement en touche du Lémurien, le public se réveille un peu et, sentant que son équipe a besoin de son soutien, les raccompagne au vestiaire sous quelques sifflets.

Place aux choses sérieuses, Novès change en deux temps sa première ligne, et fait rentrer l’expérience. Pourtant, tout va mal pour les locaux qui, face à une équipe appliquée, se met en danger en faisant n’importe quoi et déjouant complètement. Par un drop lointain à la 53ème, les seuls autres Stadistes dignes de ce nom prennent le large avec 5 points d’avance. Mais ceux qui ont vu le match de la semaine dernière le savent, le rugby se joue en 80 minutes, et à la fin c’est Toulouse qui gagne. Les champions de France ont la balle devant l’en-but montois, et sans un nouvel acte d’anti-jeu auraient peut-être pu marquer. Péchambert, toujours dans la dure répression, avertit que la 39ème fois sera la bonne, il ne veut plus voir ça. Toujours joueurs malgré le tableau d’affichage, les Toulousains demandent la mêlée, enthousiastes. Peut-être un peu trop, puisqu’ils sont sanctionnés pour être entrés trop tôt. Mais leur domination continue, et les Montois se mettent encore et toujours à la faute, commençant à subir. Péchambert est furieux : non non non, il faut arrêter les fautes, sinon… On prend finalement les points côté haut-garonnais, 20-22 à la 60ème. Finalement trop c’est trop, après avoir fait chuter Lamboley sauteur en touche, le capitaine Tastet est invité à se reposer 10 minutes. Les Toulousains prennent la touche, s’ensuit un groupé pénétrant qui écrase la défense et qui manque de finir en ballon mort sur la lancée, permettant à Lacombe de marquer le 3ème essai toulousain à la 65ème.

Le match ensuite est à sens unique. Un seul accroc à la fin de match toulousaine, les crampes inarrêtables de Yoann Huget. Depuis qu’il se rend à ses contrôles anti-dopage, il a peut-être peur de tous les produits, y compris l’eau, ce qui n’aide pas à l’hydratation je suppose. Les Toulousains continuent de jouer, à la chasse au bonus, qui viendra après un essai en force de Pika-moles. Les Montois prennent sur le levitra indien coup un deuxième carton jaune, puis un dernier, à nouveau sur fautes répétées, étant complètement dépassés en cette fin de partie. Le Stade amuse son public, et tente pour la dernière pénalité la fameuse passe au pied de l’ouvreur à son ailier, copyright déposé par le duo Elissalde-Clerc. Malheureusement, ce n’est pas cette paire qui est en action, mais plutôt Beauxis-Steenkamp, et l’action finit en touche d’en-but. Et puis les trois points avaient été demandés… La rencontre s’achève donc sur un 37-22 pas vraiment mérité par les Montois.

 

Les joueurs :

La meilleure équipe de l’Univers (et peut-être même plus) :

La première ligne de la première mi-temps (Poux-Tolofua-Guillamon), bien que relativement inexpérimentée, s’est très bien comportée. Paradoxalement, celle de la seconde mi-temps a été plus à la peine, avec 2 entrées anticipées. Steenkamp s’est même fait pénaliser ! Mais l’intérêt d’avoir Lacombe dans l’équipe, c’est de tenter des lancers en fond d’alignement, et les réussir. Bon retour à lui au Stade Toulousain, qu’il avait quitté au moment le moins opportun. On dit généralement que lorsqu’on ne voit pas un seconde ligne, c’est qu’il a été bon. On a beaucoup vu Maestri, il a été très bon. La 3ème ligne toulousaine livre une superbe prestation, menée par le capitaine d’un jour Nyanga. La charnière a eu du mal à se trouver, avec quelques passes n’arrivant pas à destination, mais Doussain a fait un match de marathonien, précieux sur les sorties rapides, et Beauxis mis à part un renvoi raté (sans conséquence) a été bon au pied. On a peu vu les centres, surtout Poitrenaud qui a du mal à entrer dans son match (peut-être déstabilisé par le sponsor Delpeyrat des Montois). Matanavou a essayé en attaque mais sans grandes occasions, et a visiblement progressé sur les chandelles sous la pression, et Clerc marque son essai syndical. Huget, à l’arrière, réalise un match solide, avec quelques placages cassés.

J’espère que le jeune Fickou n’écoute pas trop les commentateurs, parce que tant d’attentes sur sa petite personne risquerait de faire de lui non pas le prochain Yannick Jauzion, mais le prochain Nicolas Jeanjean… Enfin, Burgess n’a rien eu à faire, et a passé quelques minutes peinard à l’aile, lors de la sortie des bouclettes. Je persiste à penser que peut-être que Vergallo n’aurait rien fait non plus, mais mieux. Vergallo, vite.

 

Les Montois :

Beaucoup sanctionnés en mêlée (8 fois), la première ligne a souffert. Malgré un match excellent le 3ème ligne et capitaine Tastet s’est rendu coupable de la faute de trop, le « tournant du match » comme on dit. La charnière a été excellente, avec un Duvallet à 100% + un drop digne de François Steyn (version 2007, pas celui du Racing). Rabeni est un bon joueur, mais ne sait pas plaquer sous l’arcade sourcilière, ce qui lui a valu de se faire sortir à la mi-temps pour éviter le carton.
L’ailier Ryder a eu le droit à la vanne « Easy Rider » de la part des commentateurs de Canal+. Si maintenant les professionnels se mettent à faire le boulot des amateurs… Pas rancunier, je leur offre les vannes suivantes : si un jour il se retrouve dans une générale, prend la grêle, et s’effondre, on peut enchaîner « Ryder on the Storm », puis il tombe, Ryder. C’est cadeau ça me fait plaisir.

Match courageux de cette équipe annoncée par tous comme le yoyo 2012-2013, sitôt montée en élite pour mieux retrouver la ProD2. A tel point qu’on se demande si le Top14 ne devrait être rebaptisé Top13+1, mais il ne devait pas y avoir la place sur le nouveau logo marron caca du championnat qui tache les manches des maillots cette année. Ce match montre qu’ils peuvent battre n’importe quelle équipe comme le prévient leur capitaine, et je gage qu’ils le feront.

 

La déclaration :

Tastet (capitaine du Stade Montois) :

« Ouais, on est fier de notre match, parce que apparemment, on devait battre le record de points encaissés durant le championnat aux dires de certains connaisseurs du rugby » La bise à Fabien Pelous.

Le week-end prochain, Toulouse joue contre Biarritz, qui pense que la période de vaches maigres est passée. Pas de bol, non seulement ils sont toujours Biarrots, mais en plus Yachvili ne sera pas là.

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