Le State of Origin pour les nuls
par La Boucherie

  • 31 July 2012
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La Boucherie accueille aujourd'hui un nouvel apprenti en la personne de Mathieu Bastagros. Aucun lien avec le joueur toulonnais puisque le notre a préféré le meat pie de kangourou au KFC en allant passer deux mois en Australie, cet étrange pays où ni le football, ni le rugby, mais un mélange des deux, est le sport le plus populaire. Pour nous, il joue le reporter avec frontières en tentant de décrypter cette pratique déviante du rugby qu'est le rugby à XIII et plus particulièrement cette tournante douteuse entre trois équipes, connue sous le nom de State Of Origin. Comme pour tous les bizuts, nous vous invitons à l'insulter en commentaires.

Par Mathieu Bastagros,

En partant deux mois en Australie, je pensais troquer les fameux Brive-Racing du vendredi soir pour assister aux joutes épiques du Super Rugby, opposant Quade Cooper, le meilleur joueur du monde sur Youtube à Daniel Carter , le meilleur joueur du monde du CHU de Christchurch !
Mieux encore, je pensais pouvoir expliquer d’où je venais en parlant de Matt Giteau ( aka « Gits », aka « Respo Casque dans le Gang de la Crête » ) puisque je suis également un honnête citoyen de la rade. Pour ceux qui sont tombés sur cet article par hasard et les supporters du Racing, je vous rappelle que Giteau fut le capitaine emblématique des Wallabies, compilant 92 sélections et 684 points.
Que nenni !

 

XIII POINT BARRE.

Pour résumer les réponses reçues : le XV n’excite personne ! C’est en fait le troisième sport en Australie (derrière le football australien, sorte de football gaélique en moins violent, et le rugby à XIII). Au début, j’ai crié au scandale, à la sodomie arbitrale, j’ai appelé Francois Guers en PCV… Ça ne pouvait pas être vrai : ils sont trois fois moins que nous, se contrefoutent de ce sport mais on arrive quand même à prendre des branlées à chaque match !
Après quelques recherches, j’ai été forcé de constater que les locaux ne m’avaient pas menti : les matchs des Wallabies se passent assez souvent en milieu de semaine, ils ne sont diffusés que sur le câble, et une défaite contre les Écossais en test match ne fait même pas la une des quotidiens sportifs !

N’étant que deux mois au pays des kangourous, il m’était impossible d’essayer de comprendre les règles du foot australien. Un espèce de mélange de foot/rugby/volley/handball/UFC, où les joueurs portent des marcels dégueulasses… Je passe mon tour ! En revanche, je me résigne petit à petit à regarder des matchs de « Rugby League » (le nom du rugby à XIII là-bas) ! Et puis je me rassure en me disant que Rodolphe Pires est un inconditionnel du XIII. Et si Rodolphe aime, ça ne peut pas être si pourri !

Les Australiens portent un amour tel à ce sport, que lorsque notre cher Sonny Bill Williams a quitté les Bulldogs en 2008 en cassant son contrat, il a été élu l’homme le plus détesté d’Australie… Juste devant Amrozi, le terroriste qui avait fait exploser une discothèque à Bali (tuant plus de 200 personnes dont une majorité d'Australiens) ! Comme si Gorgodze devançait Mohamed Merah au classement français 2012…

 

INCROYABLE STATE OF ORIGINS.

Après une phase d’adaptation assez difficile pour un spectateur du Top 14 et un supporter toulonnais (on tourne à une moyenne de 5/6 essais par match…), j’ai commencé à réellement apprécier ce jeu, probablement en même temps que la bière australienne ! Et puis j’ai eu la chance de tomber à la bonne période : celle du « State of Origins ». Sous ce nom pré-historico-antico-MaxGuazzinien et digne de la promo que ferait Canal + pour un « Montpellier-Rennes » le dimanche soir, se cache en fait une série de trois matchs opposant les meilleurs joueurs des deux principaux

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états australiens (pour le rugby à XIII en tout cas), le Queensland (Brisbane) et le New South Wales (Sydney). Caractéristique assez originale, les joueurs ne sont pas sélectionnés selon leur lieu de naissance, ni même selon l’équipe dans laquelle ils évoluent, mais selon l’État dans lequel ils ont disputé leur premier match senior ! Nous nous abstiendrons de commentaires à ce sujet en nous rappelant que Steven Hall a remporté le grand chelem 2002 avec le XV de France…

Passons à la série de 2012 à proprement parler ! Le contexte est simple : les New South Wales « Blues » prennent des branlées depuis 2005, date de leur dernière victoire. Mais bon, cette année, ils y croient, surtout depuis que Mourad Boudjellal a payé la dernière traite du transfert de SBW en leur envoyant Pierre Mignoni, habitué aux victoires en phases finales, pour leur servir de coach mental !

Le premier match se déroule dans la tradition des années précédentes : les « Maroons » du Queensland jouent à leur main, et s’imposent sur un score de 18-10. A noter la performance Bonnairienne du dénommé Robbie Farah qui finit le match à 38 placages ! On commence à se dire que les Blues vont prendre 3-0, la même qu’en 2010 ! Mais les joueurs du New South Wales vont relever la tête !

Probablement transformés par la culture de la gagne de Pierrot Mignoni, ils vont réussir à s’imposer dans un second match totalement épique. Menés 6-4 à la mi-temps (#AustralianOpen), ils réussissent une entame magnifique (essais à la 44ème et 48ème), pour ne jamais se faire reprendre. Score final, 16-12, et tout un peuple se met à rêver de la fin de l’humiliation. Pierre Mignoni est porté en héros, mais doit malheureusement rentrer en France avant le dernier match pour permettre au Stade Toulousain de décrocher son 19eme titre de champion. Les dix jours d’intervalles entre les deux derniers matchs sont interminables. Le jubilé de la Reine passe au second plan, et toutes les chaines sportives consacrent deux heures de magazine à l’analyse de « l’Origin II » et aux pronostics de « l’Origin III ». Ce qui est cool avec les Australiens, c’est qu’ils sont archi fans de stats, de ralentis… du coup, c’est un peu comme la palette à Doudouce; en plus intéressant puisque non focalisée sur le contrôle manqué de Maxime Gonalons. Pendant ce temps-là, les Wallabies infligent un cinglant 3-0 au récent vainqueur du Grand Chelem après avoir perdu 6-9 contre les copains de Richie Gray… Mais ça, tout le monde s’en fout !

 

LA BOTTE MAGIQUE

Bref, l’excitation est à son comble en ce 4 juillet 2012 ! Le match est d’une intensité rare. Les dix derniers jours ont été marqués par des échanges par presse interposée entre les capitaines/sélectionneurs/porteurs d’eau, et ils s’apprécient à peu près autant que Guy Noves et l’ensemble des cadres de la FFR ! L’entame de match est équilibrée, chaque équipe y allant de son essai transformé. Mais les espoirs des Blues sont douchés juste avant la mi-temps puisque les Maroons inscrivent deux essais. 16-8 à la pause, ça parait mal engagé pour les joueurs de Sydney. Mais se rappelant que tout un peuple les soutient, les joueurs du NSW reviennent à hauteur de leurs adversaires, 20-20, à 5 min de la fin ! Avec Lionel Beauxis à l’ouverture, on en serait resté là et la série se serait terminée sur un légendaire match nul. Mais le botteur Maroon sort à ce moment-là un drop #BrockJamesClermontToulon2010 pour définitivement humilier les Blues du NSW !

Une fois de plus, les Blues pleurent et les Maroons chantent ! Tel un cheval de course moyen (ou le LOU durant le Top 14 2011/2011), l’adage « Toujours placé, jamais gagnant » leur va très bien ! Ils sont tellement désespérés que l’on parle d’un changement de règle pour l’année prochaine afin de leur permettre d’aligner Sonny Bill Williams, pourtant joueur Kiwi. “Esprit de Pierre-Yves Revol, sors de ce corps” !!!

Pour des adeptes de mauls, de rucks et de viande fraiche, ça reste tout de même difficile à comprendre… Heureusement, certains comme Mourad Boudjellal ont déjà assimilé les complexités ce sport, en témoigne la signature de Willie Mason.

PAROLE DE TOULONNAIS.

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