Palimpseste d’une pas trop jobarderie: CO/ MHR
par Ovale de Grace

  • 28 May 2012
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Par Ovale de Grâce

Comme je t’imagine, foule spartacienne de mes admirateurs, aimante et avide de ce compte-rendu forcément désopilant, savant canevas de ces jeux de mots drôles qui ont fait ma légende ! Autant te prévenir tout de suite, le miracle n’aura pas lieu, et telle Laurent Blanc incapable de séparer le bon grain de l’Evra, je ne pourrai pas faire d’un match du vendredi soir autre chose qu’un match du vendredi soir.

Le contexte :
On approche des phases finales et il s’agit de déterminer qui ira se viander la semaine prochaine contre l’empire capitoliste. Si le cœur des pronostiqueurs va plutôt à Montpellier, le match se joue pour Castres à la maison et l’équipe est au complet. Les « stars » du MHR qui l’ont amené l’an passé en finale sont en demi teinte ; même Fulgurance Ouedraogo n’est plus que l’ombre de lui-même depuis ses vacances néo-zélandaises et François Trinh-Duc est totalement transparent, les deux demis de mêlée sont out et seul Mamour-ka Gorgodze est assez constant… dans les sanctions.
Les Castrais, eux, poursuivent, sur les épaules de Chris Masoe et emmenés par le pied de Romain Teulet, leur parcours dans le 1er tiers du tableau. Comme tous les ans, ils attendent que l’Histoire rende grâce à leurs efforts et que la légende s’écrive sur le palimpseste de l’épopée ovale. C’est Monsieur Péchambert qui est désigné pour en être le scribe, outillé de son sifflet magique.
N’attendez pas de moi non plus que j’en fasse des tartines sur ce dernier, d’une part parce que j’ai la flemme de réécrire ce qui a déjà été écrit, et d’autre part parce que je ploie sous le poids de l’écrasante majorité des commentateurs éclairés qui pense qu’il a, de la seule force de ses petits bras noueux, réussi à faire déjouer 30 garçons flamboyants livrant un match qui aurait, sans lui été sublime.

Sublime: adj. qual. syn. Fulgence Ouedraogo

Le film du match :
Les deux équipes jouent en bleu et blanc, on reconnaît les Castrais à leur moustache très hipsterienne ; on notera que les rituels de reconnaissance sociale dans les tribus ovales passent très souvent par le système pileux et assimilé (décolorations, crêtes, moustache…), l’esthète en viendrait presque à regretter les scarifications ou autres tatouages de leurs homologues de l’hémisphère sud.

D’un côté comme de l’autre du terrain, dès le coup d’envoi confié à Pierre Bernard, on sent que le match va pas mal ventiler puisqu’il commence à un rythme d’une touche par mn environ.
Le CO ouvre le score dès la 2e mn, à la suite d’une faute en touche (ça commence) du MHR, puis se trouve en infériorité numérique dès la 5e où Lacrampe se tire (oui bon…) sur le banc de touche pendant 10mn.
Le MHR n’en profite pas, malgré les pénalités offertes par Castres, plus offensif donc forcément dans une situation plus risquée. Bustos Moyano a selon toute vraisemblance oublié de mettre ses lentilles de contact et bu un peu trop de camomille et ne réussit à passer aucune pénalité.
Castres, en revanche, bien plus « opportuniste » enquille et le score passe à 6-0 à la 14e grâce au pied chirurgical de Romain-cop Teulet qui, lui, ne s’embarrasse pas des questions existentielles des poètes argentins.
A la 16e, un 1er essai est refusé au CO, le MHR ne prend pas la mesure de la menace et Lacrampe, détendu (oui, je sais), après son séjour à l’ombre plante le ballon dans l’enbut montpelliérain à la 19e, essai transformé. Les pronostiqueurs commencent à avoir un peu chaud et je regrette vivement de ne pas avoir joué du blé puisque, pour une fois, il semblerait que j’ai eu le nez creux. Pendant que je tergiverse seule sur la tragédie de mon destin aux prises des bookmakers, Montpellier débloque son compteur sans grande conviction sur une pénalité réussie par Bustos Moyano.
De Marco sort à la 29e, ça commence à craindre menu pour le MHR qui n’y arrive déjà pas en supériorité numérique. 10 minutes assez intenses puisque si les cististes (je sais, je sais) arrivent à marquer un essai, c’est le CO qui creuse le score qui est de 19-8 à la mi-temps.

Le jeu reprend et Gorgodze a décidé de prendre le destin de son équipe en mains (si on peut appeler ça des mains). Ce genre de paris est forcément risqué et profite… au CO qui continue à enquiller.
Les Montpelliérains espèrent que le vent peut tourner quand Tekori est sanctionné par un carton rouge à la 62e minute à la suite d’une charge à l’épaule sur Escande. D’ailleurs, à la 70e, le MHR marque ; le score est de 25 à 15 et la lumière point dans le spleen rimbaldien ! La lueur est de courte durée et une nouvelle fois, les montpelliérains multiplient les fautes et le match se termine sur un compteur inattendu de 31 à 15.
C’est donc à Castres qu’il incombera de faire mentir les oracles et évidences du classement pour s’imposer jusqu’au Valhalla rugbystique !

Les joueurs :
– Côté perdants
Mamuka Gorgodze : si il ne devait en rester qu’un, ce serait lui. Evidemment, ce n’est pas un poète du pré, bien sûr, on aime se gausser de cette brute-épaisse gonflée de testostérone (GRRROOAAARR) ; force est néanmoins d’avouer que si il y a un joueur sur lequel son équipe peut compter, si il y a un homme qu’on emmènerait se sacrifier sur le champ de bataille d’une guerre perdue d’avance, c’est bien celui-là !
Bustos Moyano : Il aurait probablement préféré ne pas être aussi déterminant dans ce match, mais ses 3 coups de pieds ratés sur 5, son déjeu a coûté cher moralement au reste de l’équipe.

Côté vainqueur
Thierry Lacrampe : Tous les jeux de mots pourraves sont surtout des moyens pratiques de se rappeler son patronyme dans un club auquel pas grand monde ne s’intéresse, si ce n’est pour son haut taux de calembourisation (duo Labit/ Travers, Kockott, Masoe -qui n’est pas le fils à Jo- …). Au delà de la blagounette, Lacrampe a livré un match solide (avec une pause de 10mn), où il a montré combien il était une illustration parfaite du meilleur du CO : rugosité et rapidité.
Chris Masoe : toujours aussi déterminant dans le jeu, l’homme fort du CO a livré un match impeccable : puissance et fiabilité.
Romain Teulet : le discret arrière, efficace et sans moustache, a tout réussi avec un taux de 100% au pied ! Discrétion et efficacité.