Pierre Salvioque #2
par Pierre Salvioque

  • 15 May 2012
  • 17

Et voilà. Un malheureux tweet, et on me tombe dessus. J’ai bien dit un malheureux tweet, pas un tweet malheureux, entendez-moi bien. Parce qu’honnêtement, il me semble pas avoir dépassé les bornes des limites, j'ai simplement donné un judicieux conseil de carrière aux jeunes journalistes femelles, leur faisant gagner un temps précieux dans l'avancement de leur carrière, à toute cette clique de prostiputes. Déjà que j’avais plus trop le droit aux blagues racistes, après Ecosse-Bouffeurs de Nems, mais si maintenant la misogynie est aussi mal vue que de jouer à la main les pénalités à Toulouse, on peut plus se marrer tranquillement quoi…


Non, vraiment, l’humour est plus banni que la fourchette dans ce milieu pourri qu’est le rugby, nous sommes en train de perdre les Valeurs. Rappelez-vous ! Le rugby, c’est les chants paillards dans lesquels on parle de violer une jeune fille endormie en revenant de Nantes. Le rugby, c’est la haine de tout ce qui est différent de soi, qu’il habite de l’autre côté de la Manche, ou de l’autre côté d’Anglet. C’est pas Justin Bieber et la gentillesse consensuelle de Michel Drucker. Heureusement qu’Eric Bayle se charge de remettre les gonzesses à leur place de temps en temps, et que Thomas Lombard exploite encore le filon des blagues sur les nationalités. Moi je pense me consacrer aux blagues sur les homo, j’en avais sorti une sur twitter y a quelque temps, tout le monde avait gueulé mais j’avais pas eu de problème.

Aaaaah twitter. Quand je m’étais fait dégager comme un misérable du serre-vis pubic, après des années de bons et loyaux services, j’avais bien tenté le blog sur Youhou.fr, mais ça ressemblait trop au métier de journaliste pour moi. Twitter c’est plus pratique, en 140 caractères y a moins de chances de faire des fautes d’orthographe. J’avais trouvé la recette parfaite pour faire parler de moi :

1/ Le message : un truc choquant, polémique, qui fasse réagir. Il n’est pas nécessaire d’être insultant, mais c’est souhaitable. Mon fond de commerce c’est le rugby, mais un cerveau comme le mien peut se permettre de sortir de son champ de compétences.

2/ Le clin d’œil : ma botte secrète, ma carte Caisse de communauté « Vous êtes libéré de prison », 3 petits caractères ;-) en fin de message, qui t’absolvent complètement de ce que tu viens de dire. Pratique non ? Imaginez-vous dans la vraie vie, vous mettez une grosse main aux fesses d’une passante, elle se retourne outrée, et bim, le coup du clin d’œil. C’était de l’humour, une blague potache, une touche de

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fantaisie, c’est bon ça va elle ne peut rien dire !

3/ Les retombées : si l’étape 1 a été bien réalisée, les réponses ne devraient pas tarder à pleuvoir. Tout d’abord il faut feindre l’étonnement, genre « Ben quoi, c’est rigolo, la preuve c’est de l’humour », et ensuite ne pas hésiter à insulter les gros beaufs qui ont mordu à l’hameçon.

Ayé, c’est gagné, vous avez occupé de l’espace, c’est la gloire. La technique était bien rôdée, je m’en servais quelques fois par mois, ça marchait au poil. Du coup j’ai un peu trop pris confiance et ça m’est revenu dans les dents. Dommage, j’avais encore plein de super vannes déjà prêtes, quand j’ai reçu le recommandé de RTL, j’étais en train de taper le message « En fait les chambres à gaz n’ont jamais existé ! ;-) ».

Maintenant là-bas je suis dans la peau de Tolofua, tout le monde attend mon prochain lancer en touche pour dire du mal de moi. Je pense arrêter d’y offrir mes points de vue lucides et riches en enseignements, ces bobos, geeks et hipsters de merde accrochés à leurs iPhones ne me méritent pas. Retour aux racines, au grand journalisme, sur le site de la Boucherie Ovalie, dernier bastion des Vraies Valeurs, qui sait que xénophobie, misogynie et biture sont les mamelles de l’humour. Ici, j’ai carte blanche, je peux dire ce que je veux. Le patron des lieux, cette baltringue en collants violets, m’a dit que de toute façon personne ne lisait les textes, qu’il fallait que je mette des images avec une légende rigolote pour avoir des clics, mais l’interface éditeur du site est trop compliquée ça m’a gonflé, de toute façon mes 40 ans de métier feront la différence.

Et puis ce site et les Rochelais(es), c’est une grande histoire d’amour. Tout d’abord y a eu mon pote le père Elissalde, le seul journaliste (avec moi) qui ose encore ouvrir un peu sa gueule, qui s’est fait asticoter sur le plateau des Spécialistes. Ensuite, y a eu son fils qui leur a fait une publicité monstrueuse il y a quelques mois. Tiens d’ailleurs ça me fait penser, il faudra que je demande au guignol costumé le mot de passe de leur compte twitter, on va rigoler.

Allez, je vous laisse bande de cons, je vais investiguer pour mon prochain billet sur ce fléau dont personne ne parle par peur de représailles, le dopage dans le rugby. Je peux enfin citer des noms, y a enfin eu des cas positifs. Je le savais. Et qu’on me dise pas que le cannabis c’est pas vraiment un produit dopant, ça fait courir plus vite c’est sûr, c’est pas un hasard si la Jamaïque règne sur le sprint mondial.

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