Le Rade’Labo analyse Stade Français – Toulon (19 – 19)
par Jonny WillKillSoon

  • 21 February 2012
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Par Jonny WillKillSoon. Capitaine à l’illustration (et sans doute au procès très bientôt).

 

Le contexte :

Toulon, troisième quelque part entre le duo de tête et le peloton, se paie une petite virée à Paris afin de draguer en boîte et sortir avec une ou deux danseuses du Crazy Horse. Ou pas. En fait, il s’agit plutôt d’un raid suicide sur la pelouse maudite du Stade de France. Le but étant de ne pas repartir avec trente ou quarante points dans le museau face à un Stade Français qui, s’il voyage très mal, sait recevoir les petits provinciaux.

Pilou entouré de ses ex

Le stade de France bien calme et bien rose pour un Toulonnais. Les danseurs pseudo-brésiliens qui sont sensés célébrer le carnaval autour d’une tong géante finissent de nous perdre. Plusieurs supporters des rouges et noirs s’en vont d’ailleurs, croyant s’être trompés de stade. Mais les envoyés de la Boucherie étaient prévenus.
A rencontre spéciale, dispositif spécial : Daniele Rairault sera notre homme de terrain (pour intimider Roncero), Jonny WillKillSoon sera dans l’espace presse et Pilou… à la buvette.

 

Le fil du match

Le premier quart d’heure se joue entre les soixante mètres de chaque équipe, le ballon passant d’un camp à l’autre, soit par maladresse, soit par une récupération plus ou moins habile, qu’un en-avant vient presque toujours conclure. Lors de la première mêlée, Roncero semble pousser en travers, chose que l’arbitre, M. Raynal (aucun rapport avec Jonah Lomu) a plus ou moins repéré. Il arbitrera quasiment toutes les mêlées du côté du pilier susnommé, ce qui permettra de voir régulièrement la bouille déconfite de l’Argentin, signifiant qu’il ne comprend pas pourquoi l’arbitre siffle faute. Classique mais jouissif.


Roncero ne comprend toujours pas l’arbitrage français

Bilan rapide : la Grôle s’est trouée deux fois et Sir Wilko (que son nom soit béni) a doublement déchiré le poteau du milieu parisien, portant la marque à 6-0 pour Toulon. Dans les gradins, le peuple toulonnais frémi, car il se gèle, mais également, parce qu’il suppose que décrocher un bonus défensif dans l’enceinte dionysienne (Pilou connaît bien Dionysos justement) semble jouable.

A la vingtième minute de jeu, un accrochage éclate entre le candidat à la présidentielle, Pascal Papé et Bakkies Botha. Pour celles et ceux qui ne s’intéressent au rugby que pour frimer à la Plage ou dans d’autres soirées toulonnaises (déconnez pas, on a les noms), on vous rappelle que Botha, c’est lui. Bakkies donc, s’amuse à parler à Papé, qui, après l’avoir saisi par le col, le menace de lui déchausser les dents à coup de poing et de tête (Yoann Huget’s style). L’échange philosophique en restera là (pour le moment) mais déjà on s’excite. Botha is back (ou Back is Botha).

 

 

 

A la vingt-quatrième minute surgit le drame. Au cours d’une action de jeu anodine, la jambe droite de Wilkinson est prise en porte-à-faux sous le corps de son propre demi de mêlée, Tillous-Borde. Dans le stade, Daniele et d’autres varois crient au complot, Pilou déclenche une bagarre à la buvette (il verra la suite du match en cellule de dégrisement), Jonny tente d’envahir le terrain pour porter secours à son idole et à Mayol, on déplore une tentative de suicides collectifs. Fort heureusement cette année, ce n’est plus Tom May qui le remplace mais bien un certain Matt Giteau qui glisse à l’ouverture pour laisser place à une paire de centres 100% ex-stadiste : Messina – Bastareaud.

 


Rien de mieux que le noir et blanc pour renforcer le caractère dramatique de cette scène : Jonny est raccompagné par ses parents !

9-6 à la pause grâce à un premier coup de pied réussi de Giteau juste avant la mi-temps. Si le RCT dispose de stars, il n’en a pas pour autant de rudoyant conquérants. Gros point faible : la touche, puisque l’alignement toulonnais a perdu sept ballons, deux pizzas et les clefs du bus (ou du camion) pour rentrer après le match. Le duel des airs opposait les deux plus gros pourvoyeurs de ballons en touche du championnat (Pierre Rabadan pour Paris et Christophe Samson pour Toulon) et il a largement tourné à l’avantage du premier nommé.

Durant l’entracte, la caméra spéciale voyeur de Canal + (la paluche, c’est ça) nous permet de voir Bernie devenir Dingue en pourrissant des joueurs qui de toute façon ne pitent pas un beignet à ce qu’il leur raconte. Néanmoins, on présuppose qu’il y aura du sang, de la chique et du mollard. Pendant ce temps, l’ancien club de Max Guazizni propose au public une course de voiture à pédales (pour de vrai). Sans commentaires.

Les animations du Stade de France sont de plus en plus incroyables

Ca redémarre pourtant mal pour Toulon qui subit durant de longues minutes, le point d’orgue étant une énorme percée de Sackey (on croit rêver) qui sera rattrapé un demi-centimètre avant la ligne par Armitage. Cette action verra Pascal Papé plonger dans l’en-but pour conclure une série de passes après contact et mettre en défaut la défense varoise (qui avait pourtant tous ses joueurs dans la ligne). Lorsque Papé se relève, il en profite pour gentiment brancher Botha. Les enfants présents au stade sont évacués et enfermés en lieu sûr.

Par la suite, l’équipe parisienne va se montrer régulièrement indisciplinée pour espérer creuser l’écart et Giteau et Lapeyre se chargeront (avec toutefois moins de réussite que le Maître) de maintenir leur équipe à flot.
En fin de rencontre, si le RCT aspire à garder le ballon et rentrer à la maison avec un point de bonus défensif, Giteau décide d’enflammer les dix dernières minutes de la partie à grand coups de chistéras à 5 mètres de l’en-but, bien épaulé en cela, par Smith et Armitage qui tenteront de dynamiter l’épais rideau défensif parisien. C’est sur la sonnerie des cloches de la cathédrale que Giteau réalise une ultime sautée pour Armitage qui parvient à déposer Sackey et s’affaler dans l’en-but.

19-17 pour les Parisiens, Botha en profite au passage pour se rappeler au bon souvenir de Papé, sauf que cette fois-ci un attroupement se crée, des tartes volent, les esprits des joueurs s’échauffent, les spectateurs toulonnais aussi, Sackey tire une giflette à Orioli (il voulait apparemment le provoquer en duel) et, au milieu de tout ce tumulte, Botha sourit, vraisemblablement à l’aise dans ce genre de situation.
La sirène a retenti depuis de longues minutes déjà. Tout le banc toulonnais crie à Lapeyre de rester loin du ballon. Giteau ôte son casque, place son tee et reprend son souffle. Dans les coulisses du Stade France, certains supporters parisiens font une offrande à Ramiro Pez, la divinité des buteurs malchanceux, mais rien n’y fera. Giteau s’élance sous les sifflets (une première !), le ballon s’élève et ça passe. 19 partout, fin du match.

 

 

 

Bernard Laporte est heureux (mais pas trop), Mignoni lui fait un bisou, Boudjellal lève orgasmiquement les bras au ciel, certains couples en profitent pour faire l’amour, des groupies inscrivent leur numéro de téléphone sur leur string pour les jeter sur la pelouse, en direction de Giteau et à Toulon, plusieurs dizaines de personnes se balancent dans le port, probablement radioactif, pour fêter ce troisième nul de la saison, comme s’il s’agissait d’une victoire en Coupe du monde.
Après le feu d’artifice d’Armitage, le stade français nous en offrit un, au cœur du Stade. Paul (Pot) Sackey n’est toujours pas redescendu de son trip aux dernières nouvelles.

 


Mourad Boudjellal a usé de subterfuges pour “pénétrer” sur la pelouse

Les joueurs toulonnais :

La première ligne : Tantôt dominée, tantôt dominatrice en mêlée, la première ligne toulonnaise a alterné le bon (les ballons portés) et le franchement médiocre (lancés en touche).

La deuxième ligne : On regrette que Samson parte à Castres la saison prochaine. Le meilleur sauteur du club a été l’auteur d’une bonne prestation, même s’il se fait prendre sur l’essai de Papé. Rentré plus tard, Shaw ne s’est pas économisé autour des rucks, avec une belle aptitude à sortir tard des regroupements pour gêner les libérations de l’équipe adverse. Mention très spéciale à Botha pour l’image du match : lors de son premier accrochage avec Papé, il se tient droit, le maillot déchiré, une trainé de sang sous l’œil gauche et il sourit, ravi.

La troisième ligne : Bon travail de la cheville ouvrière toulonnaise. Missoup a fait une bonne forme pour son retour de suspension et arboré un casque à fleurs du plus bel effet. Plus discret, Captain Joe n’en a pas moins été l’un des plus vaillants. Mention très spéciale aussi pour Armitage, décidément l’homme fort du RCT, partout sur le terrain et qui délivre l’équipe en toute fin de match.


Sauras-tu retrouver le joueur qui s’est trompé de casque ?

La charnière : Bonne prestation de Tillous-Borde qui a compris que partir au ras, c’était le travail des gros. Dommage qu’il tente d’assassiner Wilkinson. Ce dernier a fait un bout de match intéressant, 6 points, deux touches trouvés et deux-trois bonnes passes. Sa performance reste néanmoins, éclipsée par celle de Matt Giteau. L’Australien a confirmé sa capacité à prendre ou trouver des intervalles, sa vitesse d’appuis, sa vision du jeu et ses qualités de buteur. Il pourrait presque s’appeler Jonny Wilkinson. Plusieurs femmes veulent un enfant de lui.

Les centres : La paire massive Messina-Bastareaud a été bien lue par la défense parisienne. Bonne en défense, elle a peiné à franchir, même si Bastaraud nous a encore gratifiés d’un porté de quatre joueurs sur dix mètres. Il n’a pas fait une passe durant le match, ne modifiant pas son score dans le duel des coffres qui l’oppose à Florian Fritz. Mais il arbore une superbe crinière blonde, dont on ignore dans quel pays c’est encore à la mode.

Les ailes : David Smith a réussi quelques bons coups de pied (il était temps). Il a régulièrement porté le danger chez son adversaire, en enrhumant son vis-à-vis, un certain Paul S., peu connu à Toulon. Palisson a été plus discret, la faute sans doute à sa nouvelle coupe de cheveux, issu du film les Evadés de Marcatraz.

L’arrière : Lapeyre a su bien utiliser sa puissance au pied. Il a tenté quelques bonnes relances lorsque le RCT dominait Paris en début de seconde mi-temps. Il passe une pénalité d’un peu plus de cinquante mètres en envoyant un missile sol-air. On remerciera également Thomas Castaignède d’avoir relevé ce qu’à la Boucherie nous avions mis en exergue depuis plusieurs mois maintenant : la coupe de cheveux du moine-surfeur s’inspire bien du style médiéval.

Les chiffres clés :

18 : c’est le nombre de minutes qu’a tenues le maillot de Bakkies Botha. 24, le numéro qu’il portera jusqu’à la fin du match, est également le nombre de sourires racoleurs qu’il a adressés à Pascal Papé.

1055 : c’est, en décibels, le bruit émis par Christophe Laussucq au bord du terrain pour crier son amour pour Steffon Armitage. Prochainement dans « The Voice » sur TF1.


Steffon aime bien la voix douce et suave de Christophe

4 : c’est le nombre de « FUCK » qu’on a pu lire sur les lèvres de Mickael Cheika tout au long du match. Nous n’avons pas comptabilisé tous les dérivés de ce mot.

1 : c’est le nombre d’étoile Midi Olympique qu’a obtenue Mathieu Bastareaud (comme Pierre Rabadan au passage).

1 (voire 2) : c’est le nombre de chances qu’ont Papé et Botha de se recroiser avant la fin de saison : en demi d’Heinekid Cup et/ou en phases finales de Taupe 14. On en salive d’avance.

6 : c’est le rythme cardiaque relevé chez Paul Sackey lors de son accrochage (gifle par derrière du plus bel effet) avec J-C. Orioli. Une vraie pile électrique !

14700 : c’est le nombre de femmes que Pilou a dragué à la buvette.

17 : c’est le nombre de vannes qu’on a oublié de faire sur Djibril Camara. Promis on se rattrapera la prochaine fois.

5 : c’est le nombre de coups de pied ridicules réalisés par Paul Warwick en un seul match. Encore loin du record codétenu par David Skrela et Benoît Baby.

Déclarations d’après-match

«  Si les étrangers ont le droit de se présenter aux prochaines présidentielles, je suis prêt à me pencher activement sur une campagne pour Botha 2017. Pour une France qui fait peur à la crise. » (Jonny WillKillSoon qui ne pense pas voter Eva Joly cette année)

«  J’suis pas bourrrrrrré !!! » (Pilou lors de son arrestation)

« Bon alors celui avec la crête avec la guirlande de Noël dessus c’est Bastareaud et l’autre c’est Armitage. Ou alors plus simple : celui qui court c’est Armitage ». (Daniele Rairault qui donne quelques conseils techniques à la Guille)

« Yo zyva, il a pas ouej Pastore ‘spece de bouffon ? » (Un jeune autochtone)

« Pourquoi ils l’ont laissé sur le terrain Warwick ? Même Contepomi sur une jambe il est meilleur ! » (Un supporter parisien qui milite pour des rajouts capillaires sur notre ami Felipe)

« C’était vraiment un match nul » (Le Stagiaire, jamais avare d’un bon mot)

« Pourquoi ils ont pas tenté la pénalité à la fin ? A m’en donné faut savoir assurer le bonus défensif. » (Contepomi, toujours pas très serein avec les additions)

« Et encore aujourd’hui, on avait décidé de ne pas jouer les touches » (Mourad Boudjellal qui a décidé d’être moins dans la provoc’)

« That’s so weird, I don’t see Paulo Quenelle » (le report de la semaine dernière n’a pas soigné l’alcoolisme de nos amis celtes)

« Paris frustré, Paris énervé mais Pascal Papé ! » (Ovale de Grâce)

« Tu devrais songer à t’arrêter, tu commences à être vieux maintenant. » (Felipe Contepomi à Jonny Wilkinson, après que celui-ci soit sorti sur blessure)

« Personne ne me plaque… Putain, j’espère que je cours dans le bon sens cette fois. » (Paul Sackey, lors de sa percée, juste avant de prendre Armitage dans la gueule)

« T’en fais pas Pilou, Ovale va venir payer ta caution. Par contre il m’a dit que pour les frais de déplacements tu pouvais aller te faire foutre.» (Jonny WillKillSoon)


Bakkies Botha a bien aimé cet article aussi