Le Labo’ccitan analyse Racing – Toulouse (13-19)
par Damien Try

  • 31 January 2012
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Par Damien Try,

 

Après le formidable match aller au Stadium qui avait vu les Toulousains s’imposer grâce à « l’essai de l’année 2011 » selon la rédaction pas du tout chauvine de Canal +, les spectateurs pouvaient beaucoup attendre du match retour. La mafia des Hauts-de-Seine avait fait les choses en grand en choisissant de ne pas jouer à Colombes mais au Stade de France. On saluera cette initiative qui a épargné aux supporters toulousains les 6 changements de bus et RER avant le quart d’heure de marche à pieds pour rejoindre l’inaccessible stade Yves-du-Manoir. Malheureusement, les supporters du Racing n’ont pas du être avertis de ce changement, j’ai bien regardé dans les tribunes, et il n’y avait que très peu de bleu et blanc.

Un festival de jeu espéré donc ? C’était oublier les habitudes du Stade Toulousain : match au Stade de France = ennui. En effet, soit on aligne l’équipe bis des crabos face au Stade Français en « galvaudant le Stade de France » comme le disait feu Max Guazzini, soit c’est un match de phase finale et on verrouille le jeu en attendant que la profondeur de banc face la différence. Ce n’était ni l’un ni l’autre ce week-end, mais Toulouse ne souhaitait visiblement pas déroger aux bonnes habitudes. Ayant une marge déjà confortable pour le véritable objectif de ce championnat (la première ou la deuxième synonyme d’un match en moins, pour jouer sereinement la H-Cup), le Stade Toulousain n’avait donc rien à perdre dans ce déplacement.

La première mi-temps est à sens unique, les Racingmen ne touchent pas le ballon, les Toulousains les écrasant en conquête, mais ne concrétisant pas. C’est sur le score très clément pour le RM92 de 0 à 6 que la mi-temps est sifflée. Du multiple de 3, avec notamment un drop de Beauxis en début de match, bien servi par un pied francilien, car quand Doussain n’arrive pas à ouvrir, c’est l’adversaire qui s’en charge. Je n’ai en fait pas bien vu la seconde partie de cette mi-temps, car j’étais en état de choc : Guy Novès a fait une blague. Encore aujourd’hui je me demande si j’ai bien entendu, mais oui, Guy Novès, Le Guy Novès, l’homme pour qui une victoire en coupe d’Europe a des airs de mauvaise nouvelle, a fait une blague. Je vous la livre, savourez au passage la pertinence de la question de “la Guille”, mais éloignez les enfants, les femmes enceintes et les personnes sensibles.

“Content du match de Lionel Beauxis pour l’instant ?
– Je lui reproche le poteau là, il devait faire un poteau et Jauzion devait suivre et reprendre pour marquer, et puis on a loupé.”

Voilà. Je vous laisse reprendre vos esprits. Les joueurs ont eux aussi du être choqués, puisqu’il n’y a rien à dire sur le jeu dans la demi-heure qui a suivi. Toulouse reste sur ses basiques, et le Racing déploie le flamboyant french flair qui a fait sa renommée : le jeu au pied. La seule différence en fait, c’est que les Toulousains récupèrent leurs chandelles. Mais la défense extrêmement active du Racing bloque les attaques hautes-garonnaises, et la rencontre s’enlise un peu. Heureusement pour les téléspectateurs que le facétieux Romain Poite voit dans la blessure au cuir chevelu du pilier dreadlocké Tuugahala l’occasion pour son passage hebdomadaire aux Spécialistes Rugby, et conseille aux soigneurs de lui couper les cheveux.

Il faut attendre la 51ème pour se réveiller un peu, avec l’essai du Baron Lo Cicero, accordé après arbitrage-vidéo (mode supporter on), ce qui est tout à fait scandaleux, vu que celui-ci se fait plaquer, reste AU MOINS 3 secondes au sol en gardant le ballon, avant de se retourner et d’aplatir (et encore de façon peu évidente). C’est soit disant « dans le mouvement », mais ça ressemble un peu à une double pénétration anale non consentie, apparemment c’est la mode de parler en image en ce moment. De toute façon j’ai le droit, tout ces mots sont dans le dictionnaire, je ne suis pas vulgaire.(mode supporter off). Le Racing prend alors les devants pour la première fois dans le match, bien servi par les performances en mêlée du marqueur de l’essai, qui change complètement la donne. Puisque c’est ça, Guytou change toute la première ligne d’un coup, quand Guytou fâché, Guytou toujours faire ça.

L’entrée de McAlister et quelques pénalités lointaines ratés plus tard, les buteurs des deux équipes se rendent coup pour coup en ajoutant 3 points chacun au tableau d’affichage. Il ne reste plus que 10 minutes à jouer, et le Racing mène toujours d’un point. Mais la conquête du Racing meurt à petit feu, et après une touche pas droite tout près de l’en-but francilien, la mêlée toulousaine reste stable et permet au jeune Galan de marquer l’essai de la gagne à la 76ème. Berbizier mange la feuille de match, les vieux de la vieille hochent la tête d’un air entendu en reprenant le dicton « le rugby est un sport qui se joue à XV contre XV, et à la fin c’est Toulouse qui gagne », en oubliant allégrement que les Rouge et Noir ont écrasé la rencontre et mené au score pendant 54 minutes. Novès quant à lui se désole à l’idée de cette victoire non prévue dans sa feuille de route, qui va contraindre son équipe de réaliser l’exploit de perdre à Biarritz dans deux semaines.

 

Les joueurs :

La première ligne toulousaine a haché menu en première mi-temps la mêlée du Racing, avant d’avoir beaucoup plus de mal face à l’entrée de Lo Cicero. Gros match du jeune Tolofua, qui a renversé à la manière d’un autobus le joueur du métro Imhoff, qui ne pourra pas reprendre la partie.


Merci au Rugbynistère pour la vidéo

La deuxième ligne a été très efficace, avec un Lamboley partout sur le terrain.
Sowerby aura fait quelque frayeurs à son équipe, mais la troisième ligne dans son ensemble aura fait un match solide en l’absence de Dusautoir, avec par exemple une belle montée de Bouilhou sous une chandelle, battant dans les airs en posant la première couche sur le malheureux Imhoff, 10 minutes avant son accident de la route face au talonneur toulousain. Mention spéciale à Galan bien sûr, qui marque l’essai de la gagne sur son premier ballon, se payant le luxe de battre sur son départ en mêlée un certain Sébastien C., un vendeur de polos bien connu.

La charnière a été un peu brouillonne, Doussain ayant eu du mal malgré un pack dominateur. Beauxis fait baisser ses stats avec seulement 6 points marqués, avant de sortir en se cassant le nez : Estebanez travaille pour le retour de Wisniewski en Equipe de France mais ça ne devrait pas être suffisant. McAlister aura un peu affolé le jeu en fin de partie, large artisan de la victoire finale.
Au centre Jauzion a fait un match solide, il semble perdre petit à petit la caravane qu’il avait accrochée à ses arrières. Il parait que Fritz était sur le terrain, mais je pense qu’il s’agit d’une légende urbaine.
Matanavu a largement gagné son duel face à Bobo, apprenant ce qu’est le pas de l’oie à celui qui en était le maître incontesté ces dernières années.

Côté Racing, on notera seulement la fantaisie de Berbizier qui a placé Estebanez à l’ouverture. Personne n’a trop compris pourquoi, mais en tout cas ça a fait plaisir aux Toulousains. Imhoff a passé une mauvaise soirée, Battut s’est fait assommer par un co-équipier et Chabal dans son rôle favori d’impact-player n’a eu aucun impact.