Pierre Albala-Dijo en virée dans le sud…
par La Boucherie

  • 11 June 2011
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Bonjour à tous, amis du ballon ovale.

J’ai un gros mal de casque. Terrible à ce niveau là de la compétition. Dire que le week-end n’a même pas commencé. Dire surtout que dimanche c’est l’Open Rugby du Lac. Un Tournoi que j’ai parcouru en long et en large durant toute ma jeunesse. Maintenant j’y vais en admirateur. Histoire de voir la marmaille aussi grosse que le cuir, courir dans tous les sens, sous l’œil avisé et un brin râleur des parents. Les tournois comme cela, c’est l’école de la vie ; faites moi pensé à vous en toucher deux mots un de ces jours.

On parlait donc de mal de tête. Effectivement avec l’ADADGRMCI (Amicale Des Anciens Du Gaz du Rugby Moufles et Châtaignes Incluses) on s’est fait un gros week-end de bringue en pleine semaine. Du joli. On est parti dans le Lubéron en car à une petite vingtaine de personnes. Mâles uniquement, je ne vous fais pas un dessin.

Départ 3h30 du mat mardi. Très bien. A 3h45, on avait déjà commencé l’apéro. Des gars avaient tiré les rideaux, histoire de ne pas voir qu’il faisait nuit dehors (ou que le jour se levait) et d’autres avaient mis deux radios. La première avec des vieux CD, type Glenn Miller, Joséphine Baker ou Carlos. Du grand art. L’autre radio diffusait un son continu strident, c’était un chant de cigales. Ca, c’était l’idée du gros Marcel. Parait que ça permettait aux glaçons de bien se mélanger au Ricard. Il disait qu’à cette heure là, ni le verre, ni l’jaune, ni les glaçons, ni nous, étions habitués à siroter un 45 pépère. Alors il fallait remettre le tout dans son contexte. Créer son propre univers, son atmosphère et son décor. Bref, des conneries de deuxième ligne qui se met à réfléchir de bon matin.

Après avoir cassé la gueule à deux bouteilles de Ricard et trois de rouge, on s’est mis en tête de faire une belote. Avec une bonne vieille planche coincée entre les sièges, évidemment. Toute une organisation. Deux contre deux, forcément. On a passé 20 minutes à définir les règles concrètes de la partie. Belote normale ? Vache ? Coinche ? Contrée ? Je crois qu’on a réussi à faire un mix de tout ça. Je jouais avec Lulu, comme d’habitude. Après deux mènes, on leur avait mis deux capotes. 500-0. Propre. Le gars d’en face, un petit teigneux que je ne connaissais pas bien, commençait à devenir rouge. Son partenaire, Michou – un bonhomme court sur pattes avec un grand cou – était en fait son beau-frère. On sait plus trop de quelle manière d’ailleurs. Au bout d’un moment, les deux se sont fâchés. Il s’en est fallu de peu pour ne pas que ça vire au pugilat. Le petit teigneux fait un appel à carreau (du moins c’est ce que l’autre à compris), Michou ne peut rien faire et bing un autre capot. Sa sœur, le curé, sa femme, tout y est passé au petit teigneux. Les deux se sont plus parlé du voyage. Avec Lulu, on a bien ri.

10h30, arrivée. Je crois qu’on a fait des visites de tous les petites abbayes et monastères du coin pendant trois jours. Je me rappelle juste qu’à un moment, un dénommé frère Louis nous a emmené dans les caves du monastère. Début des opérations 11h, fin de l’aventure 23h le lendemain. Faut dire que c’était pas une cave pour les tafioles. Les saucissons pendaient au plafond, au même titre que les jambons de 150 kilos. Même qu’à un moment, les piliers ont tenu à faire une mêlée contre les jambons et les carcasses. Du grand n’importe quoi. Bref, il devait bien y avoir une trentaine de tonneaux de vins différents. Un vrai stage d’œnologie. A la fin, il n’y avait plus de règles. C’était sans foi, ni loi. Les types buvaient directement au goulot, sous les tonneaux. Le frère Louis était en string et dansait avec un jambonneau. Un sacré bordel. On a tous fini complètement noirs.

C’est l’un des seuls souvenirs que je garde de cette virée sudiste. La belote, la cave du frère Louis et la bagarre sur l’aire d’autoroute au retour. Un camionneur avait un poster d’Imanol Harinordoquy et de Jean Lebrun dans sa cabine. Lulu lui a sauté dessus, lui a cassé le tarin et l’a foutu dans le coffre du camion. C’est pas beau, je sais.

Pierre