Le Rugby pour les très nuls qui n’y connaissent rien #3

Aujourd’hui, on va parler renvois…

Partie 3

Hier soir vous avez fait un rêve étrange. Un rêve où les rucks n’étaient pas contestés, les mêlées poussées sans vice et les matchs disputés sans passes afin de réduire à néant le nombre d’ « en-avant ». Ceci n’était pas un rêve mais bien la réalité : Programme de la nuit d’Eurosport 2bis, Play-off de rugby à XIII St Gaudens – Limoux.
Mais voilà vous êtes du genre persévérant et vous souhaitez passer au niveau supérieur : comprendre les règles du rugby classique. Le rugby, le vrai, celui que tout le monde connaît, celui qui coûte 31 millions d’euros par an à Canal +, celui du philosophe Villegueux et du poète Cudmore, celui qui change d’allure et d’approche selon l’hémisphère où l’on se trouve, bref le Rugby Union… le Rugby à XV© (marque déposée).

Bien évidemment plusieurs raisons plausibles à cette nouvelle lubie : vous souhaitez briller en société, vous trouver un point commun avec Steve Walsh, « servir de crachoir » à Jalil Narjissi ou simplement faire semblant de vous intéresser à la passion (stupide) de vos amis, collègues ou conjoint(e)s qui attendent la Coupe du Monde depuis déjà 3 ans 8 mois et 3 semaines. Si tel est le cas, et que vous n’êtes pas très très chaud-chaud (cacao) à l’idée de vous farcir les 457 pages du règlement, accompagné de ses 124 amendements et 52 variantes : cette chronique est faîte pour vous.

Chapitre II : Le coup d’envoi : Formalité ou geste technique ?

Les coups d’envoi au centre du terrain se font :

    Au début de chaque mi-temps (sauf la troisième)
    Après que des points aient été inscrits au tableau d’affichage (on parle alors de « renvoi »)

Trois conditions pour qu’un coup d’envoi soit valide. Ce n’est pas compliqué : TROIS !

    Le ballon doit « faire » 10 mètres.
    Le ballon ne doit pas sortir des limites du terrain.
    Les équipiers du joueur qui donne le coup d’envoi ne doivent pas partir avant le dit coup de pied.

Bon, entre nous, qu’un joueur parte avant le coup d’envoi… ça peut arriver ! Qui ne s’est pas pris de sympathie pour ce frêle 2ème ligne de 115kg qui, charmé par le petit clin d’œil en coin et les quelques mots doux glissés par le pilier droit adverse, entame un pas de danse chaloupé en sa direction afin de… afin de… de… de le DESTRONCHER BORDEL !!!!! Et nous c’est vrai qu’on aime ça la déstronche (du provençal “tronchon” : la tête, auquel on ajoute le préfixe latin « dés » synonyme de séparation -> séparer la tête du reste du corps. Exemple d’emploi : « Tiens aujourd’hui j’ai déstronché un escargot : il était bien bon ! »). Alors pour ce sympathique jeune homme, nous pouvons pardonner son impatience et passer outre.

En revanche là où je n’ai pas envie de passer outre, c’est pour notre demi d’ouverture, notre ouvreur, notre 10, notre kicker enfin celui qui est considéré comme le cerveau de l’équipe et qui, avouons-le, est parfois plus proche du GO que du stratège qui doit mener son équipe à la victoire. Comment un joueur professionnel, payé en grande partie pour ça, peut-il ne pas réussir à respecter les deux conditions restantes ? Le vent ? Soleil dans les yeux ? Chaussures neuves ? Ballon sous gonflé ? Distraction féminine en tribune ? Caleçon qui rentre dans la raie des fesses ? Nous n’avons pas la réponse, mais nous espérons avoir prochainement une interview exclusive de Sébastien Fauqué afin de nous expliquer ce phénomène.

Je vous entends alors me demander « Mais qu’est-ce qui se passe si le ballon sort du terrain ou si il ne fait pas 10m ? Le fautif est exclu pour action merdique ? L‘équipe adversaire gagne le match par KO ? Ses coéquipiers ont le droit de lui latter les parties génitales à la mi-temps ? ». Rien de tout ça (enfin on ne peut pas totalement infirmer concernant la dernière question). Cependant outre le fait de se faire copieusement huer par le public et d’être cité dans ce papier, le rugbyman coupable de ce mauvais geste offre une mêlée ou une touche au centre du terrain à l’équipe adverse. Celle ci peut également être sympa et laisser l’adversaire refaire le coup d’envoi, mais ça on espère jamais le voir sur un terrain de rugby car autant le respect on aime, autant l’humiliation on trouve ça bien mais pas top.

« Et alors ? C’est grave ? C’est quoi une mêlée ? C’est comme dans Super Smash Bros Melee © ? Et la touche ?»

Je vois que tu y prends goût jeune padawan ! Mais chaque chose en son temps, car je traiterai le chapitre Touches et Mêlées (et non pas « touchés emmêlées ») la prochaine fois, alors patience Obi Wan.

En attendant je vous conseille de bien réviser cette première leçon très technique, et s’il le faut n’hésitez pas à vous mettre en condition dite de match. Prenez le ballon de rugby de votre enfant, frère, cousine ou grand oncle et mettez vous à 10m d’une zone nettement repérable (ex : les géraniums de belle-maman) tout en essayant d’éviter une autre zone nettement repérable également (ex : le jardin du voisin) et amusez vous à donner de grands coups de tatane dans ce bon vieux ballon juste après l’avoir fait rebondir (c’est-à-dire en terme technique taper le ballon « en drop »). Bien sûr nous déclinons toutes responsabilités auprès de votre belle-mère et vos voisins…et votre mobilier si vous n’avez pas de jardin.

Il existe également un autre type de renvoi : Le renvoi aux 22

A ne pas confondre avec « le renvoi au 22 » qui désigne une mutation dans les Côtes d’Armor pour faute professionnelle grave. Ici le 22 correspond à des mètres et à la ligne qui se situe à 22m et parallèle aux deux en-buts.

Ce renvoi est effectué lorsque :

    Le ballon sort des limites du terrain suite à une tentative infructueuse de drop ou de pénalité,
    L’arbitre a un doute,
    Ovale Masqué le décide,
    Un joueur aplatit dans son propre en-but ou sort des limites de celui-ci avec un ballon rentré auparavant par l’adversaire.

Attention cette dernière phrase est un test, si vous l’avez comprise votre cas n’est peut-être pas si désespéré.
Pour qu’un renvoi aux 22 soit valide, le ballon ne doit pas être droper en arrière, en touche ou que notre sympathique 2ème ligne ne parte pas trop vite. Sinon mêlée ou touche sur la ligne des 22. Mais comme écrit précédemment, ceci est une autre histoire…

Johnny WillKillSoon

L’Immonde du Rugby N°13

Sauvons le Stade Français. En peignoir.

L’Immonde du Rugby revient pour son 13ème numéro. Il paraît que ça porte malheur. Et c’est vrai, puisque Ovale Masqué a perdu un bon ¼ de son texte après une manipulation foireuse sur le PC de l’Ovale-Cave… ce qui explique ce léger retard. Mais l’Immonde est bien là, et il est bien rempli, alors annulez tout vos projets de sorties ce soir et préparez vous à un numéro exceptionnel, qui accordera une grande place aux problèmes du Stade Français, mais aussi à ce grand malade qu’est Alain Penaud, à Mike Phillips, Frédéric Michalak, et bien d’autres encore …

A lire sur le Rugbynistère.

Document exclusif : l’échange de mail entre Laporte et la FACEM

Là, je crois que tu viens de te faire niquer Bernard.

L’équipe de hackers de la Boucherie Ovalie a pénétré dans la boîte mail de Bernard Laporte et a repéré l’échange à l’origine de la désormais fameuse escroquerie subie par le Stade Français. On voit tout de suite que Bernard a eu affaire à des professionnels. Nous ne pouvons pas vraiment lui en vouloir d’avoir été si crédule…

Cliquez sur les images pour agrandir.

La réponse de Bernard :

Vern Crotteur analyse les chances des Bleus…

Des articles sérieux et intéressants, c’est aussi ça la Boucherie.

Salut les Frenchies !

Plus que deux mois et demi jusqu’au début des hostilités … Grand temps pour examiner un peu plus en détail les chances réelles de l’Equipe de France. Qu’est-ce qui pourrait la faire gagner ? Et qu’est-ce qui risque de la faire perdre ? Bon, ça, on a déjà une petite idée … Mais qu’on se rassure dans les chaumières. Ici, on ne va pas faire le coup du «grand quotidien sportif» dont les journalistes à deux kopeks parlent de rugby comme d’autres parlent de show business. Ce qui est réellement intéressant ce n’est pas de savoir si Marco a eu tort de se priver des services de Caveman, ou si Huget a véritablement le niveau international. Non, ce qui importe, maintenant que des choix définitifs ont été faits, c’est de s’interroger sur le contexte de la coupe du monde, et sur les caractéristiques du jeu ainsi que le «type» de joueurs qu’il faudra pour s’imposer.

Il faut déjà rappeler que des éléments extérieurs peuvent avoir leur importance. Demandez donc à Freddy … Septembre – octobre dans l’hémisphère Sud, en l’occurrence en Nouvelle Zélande, c’est un peu comme mars – avril en Irlande … Autant dire que ça peut arranger les équipes qui pratiquent un rugby pondéré et pédestre, c’est-à-dire un rugby joué à la vitesse d’un tracteur lancé à fond de seconde. Le fameux «rugby pragmatique», cher à tant de techniciens du TOP 14, qui a donné naissance à l’expression «jouer à deux à l’heure».
Du point de vue de la météo donc, Marco, Mimile et Dédé peuvent déjà se frotter les mains: le 15 national ne sera pas complètement largué. Remarquez, je dis ça, mais en novembre dernier, la météo n’a pas empêché les Kangourous australiens de mettre près de 60 points à des Coqs (en plâtre).
Second facteur notoire, sur le plan du calendrier cette fois, le Tri-nations 2011 se jouera de la fin juillet à la fin août. En voilà un détail intéressant ! D’une part, c’est vrai, les trois géants du Sud auront eu loisir de jouer des matches relevés à peine deux semaines avant le coup d’envoi de la Coupe du monde. Avantage hémisphère Sud. Mais en revanche, au niveau de la fraîcheur physique, c’est un élément extrêmement positif pour la France. Marco et sa bande d’éclopés arriveront avec deux mois de prépa physique dans les jambes. Enfin pour certains, ça ressemblera plutôt à de la rééducation en fauteuil roulant … Mais tout de même, si la France parvient à aligner 15, voire 22 joueurs capables de courir sur leurs deux jambes, elle aura déjà comblé une bonne partie du fossé athlétique qui la sépare du Sud.
D’autant que si Dan Carter ou Richie McCaw se blessaient sérieusement durant le Tri-Nations (on ne leur souhaite pas, mais sait-on jamais ?), les Blacks seraient bien emmerdés …

Mais pour les Français, tout dépendra aussi de leur capacité à imposer leur jeu, ou un jeu, puisqu’ils cherchent encore. C’est là d’ailleurs que les choses se corsent. Tout d’abord, finissons-en avec une légende tenace. Pour gagner en coupe du monde, il est vrai qu’il faut pouvoir s’appuyer sur un socle solide … C’est ce qu’on appelle les «fondamentaux». Une défense solide, un buteur régulier et une bonne conquête. Mais la France ne se rend pas en Nouvelle-Zélande pour gagner la Coupe du monde … Autant croire au Père Noël ! Elle y va pour limiter les dégâts, c’est-à-dire se qualifier pour les ¼ au minimum, et avec un peu de chance, faire rêver ses fans jusqu’en ½.

Pour arriver aussi loin dans la compétition, les Bleus ne pourront pas se contenter de quelques ballons de récupération ou des fautes concédées par l’adversaire. Il faudra avant tout produire du jeu ! Parce qu’il est évident que cette coupe du monde, plus que toute autre depuis 1987, sera une compétition tournée vers l’offensive, notamment grâce à la (plus toute) nouvelle règle «plaqueur-plaqué». Bien sûr, ce ne sera pas un rugby champagne débridé, mais les équipes qui produiront un gros volume de jeu et qui seront capables de conserver plus longtemps le ballon auront un avantage indéniable, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Dans le cas de la France, il s’agira de trouver en trois mois des solutions que Marco et ses deux acolytes n’ont pas trouvé en trois ans. Autant dire que c’est pas gagné. Mais c’est de cette animation offensive que dépendra le salut de l’équipe. Il va falloir trouver franchir les défenses adverses dès les premiers temps de jeu, plutôt que de miser sur une capacité très théorique à déstabiliser l’adversaire au bout de 2 ou 3 temps. Et ça veut dire, en premier lieu, qu’il va falloir rentrer dans les intervalles, gagner ses duels et faire jouer des soutiens arrivés à hauteur pour assurer la continuité du jeu et de l’avancée.

Le groupe sélectionné par Marco laisse entrevoir quelques espoirs à cet égard. Certes, il y a beaucoup de joueurs polyvalents et pas assez de spécialistes peut-être, surtout à l’aile où les qualités d’un Julien Malzieu auraient beaucoup apporté pour franchir dans le couloir du 10 par exemple, ou pour fixer davantage la défense dans cette zone, mais on ne peut que se réjouir du fait qu’un trio arrière Médard-Heymans-Clerc pourrait apparaître dans l’équipe de France type de cet automne.
Par ailleurs, si la configuration idéale au centre (Mermoz + Rougerie) a peu de chance de voir le jour, compte tenu de la blessure de Roro, on peut croire le sélectionneur quand il affirme qu’Estebanez est loin d’avoir donné toute la mesure de son talent … Associé à Mermoz, voire à un Trinh Duc décalé en 12, Skrela prenant le poste d’ouvreur, Estebanez pourrait être la bonne pioche de cette coupe du monde.
Encore que pour briller un tant soit peu, il faudra avant tout régler le «very big» problème du rugby français en général, et de l’Equipe de France en particulier, à savoir les attitudes au contact, la qualité des soutiens au porteur et la vitesse des libérations de balle. Bonne chance à Marco … Je ne voudrais pas être à sa place.

Devant, en tout cas, la sélection de Picatchou et de Lakafia montre que Marco a saisi l’ampleur du problème du franchissement. Avec un Nallet en forme, un Servat de retour de blessure et un Dusautoir fidèle au poste, ça fait au moins cinq avants capables de franchir et de faire jouer après contact. Pour une équipe habituée à lancer des charges à grands coups d’épaule, ça pourrait modifier sensiblement la donne au niveau offensif.
A coté de cela, il faudra évidemment assurer les fondamentaux, même s’ils ne suffiront ni à faire gagner l’équipe, ni à faire réellement pencher la balance en sa faveur. La place de la mêlée en particulier devra être revue à la baisse. Déjà, Domingo et Barcella seront vraisemblablement forfaits, au moins jusque début octobre. Ensuite, il faut bien voir que Paddy O’brien, grand gourou de la mêlée parmi les arbitres de l’IRB, a déjà fait comprendre que la marge de manœuvre des piliers sera extrêmement limitée. Ceux qui espèrent pouvoir jouer des duels en mêlée seront sans doute déçus. Si tu prends l’ascendant à l’impact tant mieux, sinon inutile de tenter de manœuvrer ton vis-à-vis, tu vas te faire siffler.
De toute manière, ça ne change pas grand chose pour la France. Contre les Blacks puis les Anglais ou les Argentins, la mêlée ne sera pas une sinécure, il ne faut pas se faire d’illusion. L’important sera d’assurer des sorties propres et non d’obtenir des pénalités dans ces confrontations-là.
La touche en revanche sera «LA» rampe de lancement par excellence, nul doute ! Il faudra être extrêmement rigoureux et précis dans ce secteur. La présence d’un Lakafia ou d’un Picamoles au centre de la troisième ligne, limite un peu le nombre d’options de saut, mais c’est un risque qu’il faut courir. Surtout, il va falloir être plus performant pour contrer les touches adverses, ce qui impose pratiquement la présence d’Imanol ou de Bonnaire en troisième ligne, au détriment de Fufu, joueur de rupture par excellence, encore que, mis à part les ligaments de sa main, il n’a pas rompu grand-chose cette année.

Il ne reste plus qu’à dynamiser le jeu de la charnière, et surtout faire en sorte que Parra change de disque et passe enfin la troisième … Et là, tu as des chances de faire quelque chose ! Je ne dis pas que Parra n’est pas bon, loin de là. Mais s’il semble très à l’aise derrière un pack qui avance et qui contrôle la situation, il lui reste encore à prouver qu’il peut être ce premier attaquant et cet accélérateur du jeu que sont certains des demis de mêlée adverses. Le Yach lui n’a peut-être plus ses jambes de 20 ans, mais son côté filou, son aptitude à faire jouer les gros autour des regroupements et son jeu au pied offensif pourrait s’avérer utile.
D’ailleurs, il me semble que le jeu au pied court peut être l’une des armes qui permettra à l’équipe de France de surmonter, à court terme, certaines de ses lacunes offensives, surtout face aux murailles défensives qu’elle va trouver sur sa route. Trinh Duc a progressé dans se secteur, mais ce serait sans doute pas bête de travailler encore plus ces coups de pied de récupération, façon Lamaison en 99 par exemple … à condition de ne pas rendre bêtement le ballon.

Voilà ! C’est pas si difficile le rugby finalement … Tu réunis tous ces ingrédients-là, tu rajoutes une bonne dose de défense en béton, un fond de mental guerrier et un soupçon de chance et, qui sait, la France ira peut-être plus loin que ses résultats récents ne le laissent présager.

Vern

PS: Si vous avez des questions, voire pire, des idées, un avis à partager, n’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires. Le débat est ouvert !

Le rugby pour les vraiment très nuls qui n’y connaissent rien #2

Une des grandes forces du rugby c’est le fait que tout le monde puisse y jouer : les grands, les petits, les forts, les maigres, les gros, les filles, éventuellement les roux…

Partie 2
(La partie 1 est ici)

Pour cette seconde chronique, maintenant que vous connaissez les bases de ce jeu de gentlemen, je vous propose d’en découvrir les acteurs. Donc comme le suggère le XV de Rugby à XV, il s’agit d’un sport qui se joue avec quinze joueurs dans chaque équipes (et non pas deux fois sept joueurs et demi, ce qui n’aurait aucun sens). Mais qui sont ces 15 joueurs aux morphologies si différentes ? Quels sont leurs rôles, leurs vies, leurs œuvres ? Sont-ils des bêtes sanguinaires ou seulement de véloces brebis égarées sur un champ de bataille ? Ce premier chapitre tend à vous renseigner sur ces cas sociaux indispensables à n’importe quelle équipe de Rugby.

 

Chapitre I : Profession : Rugbyman / Poste : Rugbyman ?

Une des grandes forces du rugby c’est le fait que tout le monde puisse y jouer : les grands, les petits, les forts, les maigres, les gros, les filles, éventuellement les roux… Mais évidemment tout le monde ne peut pas jouer à n’importe quel poste. C’est votre profil qui forcera la décision.

Par exemple, si vous faites plus de 100kg et courrez le 100 mètres en 6min24 (ou plus)…vous êtes un Avant, un “gros” (au sens affectif bien sûr), un quintal (postes du n°1 au 8). Voici les offres d’emplois qui s’offrent à vous :

– Piliers (n°1 pour la “pile” gauche et n°3 pour la droite)

Vous n’êtes pas très sportif et votre déplacement manque de fluidité. Vous êtes la fierté de votre grand-mère qui s’extasie de vous voir engloutir, à chaque fois, une demi-douzaine d’assiettes de son cassoulet maison. Vos amis vous traitent de « gros sac » dans votre dos mais jamais en face. Vous êtes un Pilier mais vous avez (malheureusement) trente années de retard. Autrefois cantonnés aux épreuves de force (la mêlée fermée) et phases dites statiques (les regroupements et les touches), les piliers doivent désormais tout faire : courir, plaquer, arbitrer, simuler des blessures, répondre aux interviews, bref être des sportifs. Ce sont les baromètres de la mêlée de leur équipe, et l’ami des tout petits qui trouvent leurs visages ronds et leurs têtes « sans cous » forts sympathiques.

– Talonneur (n°2)

Vous faites un complexe par rapport à vos compères de la 1ère ligne (les deux piliers) car vous êtes plus petit et moins gros. Vous compensez tout de même par une plus grande tonicité et la faculté de savoir vous servir de vos deux mains. Vous êtes un Talonneur. Comme son nom semble l’indiquer le talonneur talonne, et il talonne tout ce qui se trouve sous ses pieds. Le ballon lors des mêlées fermées, mais aussi les joueurs adverses qui traînent dans les regroupements (ou ruck ou mêlée ouverte ou pyramide humaine ou gang bang). Il a, comme dit précédemment, de “bonnes” mains qui lui servent à lancer avec précision le ballon en touche (si ce n’est pas le cas une reconversion en pizzaïolo s’impose) ou à mettre des fourchettes à Stephen Ferris.

– 2ème ligne ou 2ème latte (n°4 et 5)

Vous faites peur aux enfants à cause de votre carrure et de votre barbe. Vous êtes le premier sollicité lorsqu’il s’agit d’aller récupérer le chat coincé dans l’arbre et on préfère vous surnommez « la poutre » plutôt que « la perche ». Vous êtes un 2ème ligne. Les deuxièmes lignes sont, selon une coutume ancestrale, les plus grands joueurs de leur équipe. Ils participent activement à la poussée lors des mêlées, déblaient dans les regroupements pour protéger ou récupérer des ballons (il n’est pas rare de les voir récupérer aussi quelques « pièces détachées »), et sautent en touche lorsque les piliers arrivent à les soulever. En revanche la possession d’un cerveau pour ce poste est facultatif, voir même déconseillée.

– 3ème ligne aile ou flanker (n°6 et 7)

Vous êtes un fantasme ambulant pour la gent féminine et le chouchou de votre prof de sport. Tout ce qui est notice et mode d’emploi n’est pas vraiment votre truc, et vous préférez prendre les gens pour des teuteus plutôt que de vous pliez aux règles. Vous êtes un 3ème ligne aile. Les flankers sont athlétiques, à la fois puissants et mobiles. Ils adorent plaquer : plaquer au ras, plaquer à la carotide, plaquer en l’air, plaquer en cathédrale, plaquer sans ballons, plaquer leurs petites copines et quand ils s’emmerdent ils sautent en touche ou marquent des essais. Ils aiment également les ballades en poney et faire l’amour sur la plage après certaines 3ème mi-temps bien arrosées.

– 3ème ligne centre (n°8)

Votre père est un 2ème ligne et votre mère est auvergnate. Vous faites votre footing avec vos 12 neveux sur le dos et une semi-remorque accrochée à chaque pied. Vous étiez tourneur-fraiseur dans le Vercors et on vous a fait miroiter gloire et fortune dans le Rugby. Vous êtes un 3ème ligne centre. Le troisième ligne centre est un joueur très puissant et tonique assoiffé de sang (il tient ça de son père). Il est assez technique pour un gros et aime bien aller chatouiller les petits joueurs adverses. Il adore faire semblant de pousser en mêlée ou de sauter en touche. Quand il a le temps il fait même des trucs cochons avec son n°9 derrière la mêlée (communément appelé « 89 »).

Voilà pour les 8 de devant (ou pack). A noter que les 5 de devant représentent la puissance de combat de l’équipe, les 2 flankers l’endurance et le n°8 le sex-appeal.

Maintenant si vous êtes plus rapide que puissant, que vos mains vous servent à autre chose qu’à manger et que vous avez de l’admiration pour les kamikazes japonais, il y a forcément un poste d’Arrière (ou « trois quarts ») qui vous correspond.

– ½ de mêlée (n°9)

Vous n’êtes pas très grand et votre prof de sport ne vous l’a jamais pardonné. Vous avez passé une grande partie de votre scolarité dans le cagibi au fond de la classe car la maîtresse n’aimait pas votre tête. Vous avez une joie de vivre proche du zéro absolu et vous n’aimez pas salir vos vêtements. Vous êtes un demi de mêlée ou « 9 ». Petit, rusé et véloce, le ½ de mêlée (ou « petit lutin qui gesticule dans tous les sens ») compense son manque de puissance par une agilité et une fourberie supérieures aux autres. Il est le premier maillon de la chaîne d’attaque et c’est à lui que revient le privilège de diriger le jeu de son équipe. Gueuler sur des molosses qui font deux fois son poids lui procure des plaisirs incontrôlées qui peuvent parfois aller jusqu’à l’érection quand il leur tape sur le cul. Il est le joueur qui introduit le ballon en mêlée, ainsi que le premier relayeur après une touche.

– ½ d’ouverture (n°10)

Vous étiez très doués au football mais votre licence vous a été retirée suite à un plaquage dangereux sur le gardien de votre propre équipe. Vous êtes photogénique quand vous faites du sport et vous avez plus d’amis sur Facebook que Barack Obama. Être le sauveur de la patrie est une idée qui vous séduit et vous possédez déjà une carte de fidélité à la clinique la plus proche. Vous êtes un demi d’ouverture ou ouvreur ou « 10 ». Aussi bien à l’aise avec ses pieds qu’avec ses mains, le demi d’ouverture est le cerveau de l’équipe grâce à une capacité d’analyse rapide (mais pas forcément efficace) et une bonne vision du jeu. Il aimerait que les phases de défense se fasse « en touché » et que les ballons de son ½ de mêlée (avec qui il forme la charnière) arrivent avant le 3ème ligne adverse. A moins que le « 9 » fasse un caprice, c’est lui qui s’occupe de toutes les phases de jeu où l’on utilise le pied.

– ¾ centres (n°12 et 13) et ¾ ailes (n°11 et 14)

Vous êtes prétentieux et vous pensez pouvoir survivre à un tsunami ou à un plaquage de Cudmore. Vous trouvez Usain Bolt rapide mais pas imbattable. Vous êtes croyant et vous pensez qu’il y a un être supérieur quelque part dans l’univers qui vous protège. Vous êtes donc un joueur de la ligne de trois quarts : trois quarts centres pour les plus costauds et trois quarts ailes (ou ailiers) pour les plus rapides. Les ¾ sont des joueurs qui jouent leurs vies à chaque ballon que leur offre la charnière. Tous les plus grands subterfuges leur sont alors autorisés pour marquer des essais : vitesse supersonique, cadrage-débordement, feinte de corps, feinte de passes (ou juste une passe pour certains joueurs). Rouflaquettes et chevelures éblouissantes font également partie des éléments de bases du parfait ailier.

– Arrière (n°15)

Vous faites tout, tout seul et vous trouvez que vous le faites bien. Vous avez hésité entre un diplôme d’ermite confirmé et une formation pour devenir jardinier dans l’armée de l’air. Vous aimez avoir des responsabilités mais pas trop. Vous êtes un arrière (ou « 15 »). L’arrière aime la solitude et les ballades aux bords du terrain. En défense, il est le dernier rempart avant la ligne d’en-but et donc celui que l’on remarque le plus lorsqu’il se troue lamentablement sur un plaquage. Parfois il reste derrière pour couvrir le terrain ou pour discuter avec les remplaçants qui s’entrainent dans l’en-but, parfois il apporte sa contribution à l’offensive de son équipe en amenant le surnombre entre les trois-quarts (on dit alors qu’il s’intercale). En gros il fait comme il veut…

Si aucuns de ces profils ne vous correspond vous pouvez toujours devenir arbitre et ainsi avoir la chance de pouvoir assister aux plus beaux matchs de rugby gratuitement. Six arbitres, six bières dans un pack. Coïncidence ? Je ne crois pas :

Arbitre de champ : Pour devenir arbitre de champ, il est obligatoire de posséder un BAFA niveau 2 ainsi qu’une solide expérience avec les enfants de 6 à 12 ans. Connaître quelques règles pour pouvoir frimer devant ses collègues de travail mais pas plus, le but étant de ne pas connaître plus de règles que n’en connaissent déjà les joueurs. En cas de problème, mieux vaut se fier aux réactions du public qu’à ses assesseurs.

Arbitres de touche : C’est comme les joueurs, les moins doués sont sur la touche. Au nombre de deux, ils assistent l’arbitre principal qui ne peut quand même pas tout voir. Ils ont pour mission de marquer les touches et valider ou non les coups de pied. Avoir une bonne vue et être du signe de la « Balance » sont les qualités principales recherchées pour un arbitre de touche.

4ème arbitre : C’est comme les joueurs, les moins endurants sont au bord du terrain. Gentil médiateur entre les entraîneurs et tout ce qui se passe autour du terrain, son rôle est d’assurer la sécurité intrinsèque des arbitres et de la sienne par la même occasion. Il valide les remplacements et réalise la feuille de match. C’est aussi lui qui cafte quand les 3ème ligne se font des câlins en douce…

5ème arbitre : A fortiori un emploi fictif créé par la FFR. A confirmer…

Arbitre vidéo : C’est comme les joueurs, les moins bons sont en tribune. Il a le rôle le plus important puisque c’est lui qui est désigné pour mettre les bières au frais. Sinon durant le match, à chaque fois que l’arbitre principal n’est pas certain de la validité d’un essai, il fait appel à ses yeux et aux 102 ralentis qu’il peut visionner tranquillement dans sa loge. Il a tout le temps pour prendre une décision dont il se fout complètement et passe le reste de la partie à grignoter des biscuits apéros et à griller des merguez.

C’est bon, vous êtes désormais prêt à découvrir les mille et une règles farfelues qui font la beauté de ce sport. En revanche moi, pour vous les prodiguez, je le suis un peu moins. En plus ce soir j’ai mon entraînement de bars parallèles, ça va être tendu. Le seul avantage c’est qu’il y aura sûrement Romain Moite à l’entraînement, va pouvoir m’éclaircir sur deux ou trois petites choses…

Johnny WillKillSoon

Le rugby pour les vraiment très nuls qui n’y connaissent rien #1

On a lu certains commentaires du site, on croit que certains en ont besoin….

La Coupe du Monde approche et vous ne comprenez toujours rien au rugby ? C’est pas bien grave, de toutes façons vous êtes probablement trop fainéants pour vous lever à 5h du mat et regarder les matchs. Si ce n’est pas le cas, la Boucherie Ovalie vous offre un petit cours de rattrapage… votre professeur s’appelle Johnny WillKillSoon, c’est un petit nouveau et il risque de revenir très bien bientôt pour compléter son ouvrage !

C’est bientôt les vacances et celles-ci vous ne les avez pas volées. L’intégralité de vos RTT y est passée ainsi que quelques avantages en nature. Cependant on ne peut pas dire que vous partez l’esprit libéré. En effet, le mois de septembre vous obsède déjà. Vous en avez des sueurs froides. Des insomnies passagères. Vous sentez l’étau se resserrer. Dans quelques mois vous allez devoir faire face aux réveils matinaux, aux conversations technico-tactiques interminables autour de la machine à café, aux pronos endiablés avec argumentation à l’appui, et autres calculs scientifiques à base de bonus offensifs. Oui la Coupe du Monde de Rugby approche à grand pas et il vous faut une mise à niveau urgente avant ce grand événement, au risque de devoir révéler à tout votre entourage la triste vérité concernant la médiocrité de vos connaissances rugbystiques.

Le Rugby parlons-en ! Vous avez déjà vu des bouts de match par ci par là mais jamais assez pour vous faire une idée précise des règles. En général vous changez de chaîne quand le journaliste au bord du terrain intervient pour la troisième fois pour dire que l’herbe est verte, que le vent souffle et que le joueur qui vient de quitter la pelouse sur une civière n’a qu’un léger trauma crânien. Et puis voir des athlètes aux mensurations démesurées courir, s’attraper et se grimper dessus ne vous a jamais réellement excité. Mais voilà le temps presse et il ne vous reste plus que 3 mois pour faire la distinction entre un coup d’envoi et un renvoi aux 22, un coup de pied par-dessus et une chandelle ou encore un coup de pied rasant et un coup de pied dans la gueule. Si vous êtes désespéré(e)s et que vous avez beaucoup de temps libre, cette chronique est faite pour vous.

Préambule : Principe et Origine du Rugby

« Le Rugby est un sport qui se joue à 15 contre 15 avec plein d’arbitres, à la mi-temps il pleut et à la fin c’est les anglais (ou le Stade Toulousain quand il n’y a pas de doublons) qui gagnent ». Si vous avez compris ça, vous avez tout compris au Rugby. Enfin presque. Il vous reste seulement à comprendre comment il faut faire pour gagner un match ; mais ceci n’est qu’un détail… Donc avant de rentrer dans LE détail, un petit peu d’histoire pour pouvoir se la péter un peu.

Hum, hum, nous sommes en 1823 dans la ville de Rugby, petite bourgade du pays de Warwickshire situé au centre de l’Angleterre. La scène se déroule au Collège de Rugby où se dispute un match de football très important puisqu’il compte dans la moyenne du troisième trimestre. Ce match oppose les chasubles rouges de la classe de Mlle Owen contre les roux irlandais abandonnés par leurs parents. Le ciel est menaçant et la lumière ne filtre qu’à peine derrière les nuages noirs qui viennent du nord colorant la terre, les lacs, les rivières. C’est le décor de ce match qui changera le cours de l’Histoire. En effet, alors que l’on semble se diriger vers un terrible 0-0 synonyme d’échec scolaire pour ces 22 jeunes gens, un éclair de génie vînt illuminer la rencontre. Le jeune WWE (ou William Webb Ellis pour les intimes), frustré de voir toutes ses frappes à ras-le-terre freinées par le terrain innocemment gras, décida de retirer sa chasuble (il recevra une amende de la FIFA pour ce geste), porta l’ingrat ballon rond dans ses bras ébouriffés, raffuta le dernier défenseur et s’en alla pointer le premier essai de l’histoire au nez et à la barbe rousse du gardien adverse. L’arbitre siffla main. WWE fût expulsé. Le Rugby était né.

Les anglais mirent ensuite une vingtaine d’années pour se rendre compte que le Rugby avait le potentiel pour devenir une activité drôlement fun (enfin drôle ça dépend pour qui…) et ils décidèrent d’en créer les règles. Bon je ne vous cache pas que c’est à partir de là que tout a basculé. Dieu seul sait ce qui a bien pu se passer dans la tête de ces maudits Britanniques mais alors tout y est passé : mêlée, ruck, pack, pick&go, drop, tee, arbitrage vidéo…TOUT ! Mais j’oublie le plus beau, l’objet coupable de toutes les détresses humaines, capable de réduire à néant le plus parfait des coups de pieds ou de rendre fou le plus expérimenté des arrières, également responsable de nombreux suicides collectifs à travers le monde : l’Ovale ! (à ne pas confondre avec Ovale Masqué). A ce jour nous ignorons toujours le comment du pourquoi de sa création (je parle toujours du ballon hein) mais d’après un document que m’a remis un informateur secret au Kremlin après avoir menacé de remettre Pierre Salviac au commentaire, c’est uniquement pour faire chier.

Après ce petit intermède historique, passons maintenant aux principes même du Rugby.

Prenez un papier, un crayon, ouvrez les guillemets et notez : « Le Rugby est un sport viril mais correct, qui se joue sur un terrain rectangulaire avec à chaque extrémité du terrain des perches en forme de H. Les passes doivent se faire à la main et en arrière selon les règles, mais peuvent également se faire sur une même ligne (dit à hauteur) selon les puristes ou légèrement en avant selon Fabien Galthié. Le but est d’avoir plus de points que son adversaire à la fin du match même si on affronte les Anglais et même s’il pleut (les points de suture ne rentrent pas dans le décompte final même si, ici, on aimerait que ça change) ».

Il existe trois façons de marquer des points :

L’essai : Saisissez-vous du ballon, avancez vers la zone d’en-but adverse et, une fois à l’intérieur, écrabouillez la gonfle au sol avec une pression de haut en bas. Bravo, vous avez marqué un essai ! Maintenant réessayez avec, face à vous, une tribu cannibale autochtone qui aurait été forcée de manger du Special K Light pendant 9 semaines. Vous venez de comprendre la difficulté de marquer un essai. Très bien. Quelques exemples à ne pas reproduire : Caucaunibuca http://www.youtube.com/watch?v=TsfBn_PrTgQ et quelques amis à lui http://www.youtube.com/watch?v=s31hBB0UEqo … Il existe également l’essai de pénalité mais j’y reviendrai plus tard (dès que Romain Moite m’aura expliqué la règle…)

Après le ballon bien aplati et l’essai bien validé (= 5 points), il est possible d’engranger immédiatement 2 points supplémentaires grâce à la transformation qui suit. Pour cela rien de plus simple : représentez-vous mentalement une droite perpendiculaire au côté de l’hypoténuse du stade, par rapport à l’abscisse et l’ordonnée spatio-temporelle de l’endroit où le ballon a été aplati. Ensuite sur cette ligne imaginaire, le buteur de l’équipe qui a inscrit l’essai place son tee (petit support fait en plastique, sable, bois, cuir, inox, fer forgé, cendres mortuaires ou peaux d’animaux faisandés sur lequel on pose le ballon pour le maintenir en équilibre avant le coup de pied). Si le ballon passe au-dessus de la barre horizontale et entre les deux poteaux verticaux, on dit que l’essai est transformé (5+2 = 7 points). Suite à ça le public exulte, les joueurs se replacent et Guy Novès tire la gueule.

La pénalité : Lorsque le public crie, l’arbitre accorde une pénalité à l’équipe qui reçoit. S’il se fait insulter ou si la faute est trop flagrante, la pénalité revient à l’équipe visiteuse (sauf à Biarritz et à Castres). Suite à cela, l’équipe non sanctionnée (ou équipe protégée) peut choisir de « tenter » la pénalité. C’est en général à ce moment là que tous les entraîneurs du monde nous proposent leur splendide imitation de Passe-Partout qui vient de retrouver sa troisième clef. On prend alors le même buteur qui place le même tee (cette fois-ci à l’endroit même où la faute a été commise) mais la réussite de ce coup de pied vaut cette fois 3 points.

Le drop : Si vous êtes Anglais, Toulonnais ou l’unique supporter du Racing-Métro 92, vous devez connaître ce geste technique. Mais siiiiiiiiiiii ! C’est quand vous n’arrivez plus à avancer en attaque, que la moitié de vos joueurs est au sol et l’autre moitié bien au chaud enterrée sous le ruck. Devant cette situation désespérante, la solution la plus rentable (et la plus raisonnable aussi) est de droper le ballon entre les perches (un coup de pied, mais sans tee cette fois, qui se frappe après le rebond du ballon au sol) afin d’empocher 3 nouveaux points.

Maintenant que vous comprenez un peu mieux ce sport, je compte sur vous pour ne pas faire la vulgaire erreur de crier un vieux « Pénalty !!!!!!! » à chaque plaquage ou un « GOALLLLLLLLLLLLL » à chaque coup de pied réussi, car franchement je le vivrais mal. Si vous ne voulez pas vous faire remarquer, évitez aussi les phrases du style « L’autre équipe était vraiment plus forte et mérite entièrement sa victoire ! » ou « Sorry, Good Game !». Dans le premier cas, vos absences conjuguées de chauvinisme et de paranoïa risquent d’alerter la sensibilité des amateurs de rugby les plus assidus. Pour ne pas vous griller je vous conseille un sobre « Avec un autre arbitre, on gagne le match ! ». Dans le deuxième cas, on peut vous prendre pour un Anglais et votre espérance de vie risque de décroître exponentiellement à chaque seconde. Un « Désolé, bien joué quand même :) » me paraît nettement plus adapté. Maintenant (et je m’arrêterai là pour le moment) rien ne vous empêche de supporter une équipe parce que le demi de mêlée est trop mignon, que le talonneur ressemble à votre boucher-charcutier, ou parce que le pilier arbore un magnifique protège-dent Hello Kitty. Pardon ? Demi de mêlée kesako ? Ah oui vous partez vraiment de loin en effet…

Jonny WillKillSoon

Frédéric Michalak : L’annonce

Il n’est pas venu vous dire qu’il s’en allait…

Aujourd’hui, la Boucherie accueille un collectif  qui doit sans doute être fan de Guilhem Guirado, L’amicale des pizzaïolos du TOP14. Mais ils sont aussi et surtout fans de Frédéric Michalak, ce joueur qu’on aime tant détester, et qu’on aime aimer tout court quand il veut bien se rappeler qu’il peut être génial. Retour sur un moment émouvant de sa fin de carrière toulousaine, et l’annonce de sa “décision”…

Fébriles, c’est la gorge serrée que nous attendions en ce 27 avril, dans un moment plus solennel encore que l’annonce de la liste des 30 de Lapincolline, l’annonce de notre idole, que dis-je, notre icône, celui qui nous a tant fait vibrer sous les maillots toulousain et tricolore, j’ai nommé Frédéric Michalak (FM82 pour les intimes)

Alors, restera, restera pas? La question restait encore entière à ce moment là. Aurions nous droit l’année prochaine aux crochets dévastateurs et imprévisibles (tellement que même lui ne sait pas encore ce qu’il fera de la gonfle, mais qui s’en soucie après tout?) du messie, les meilleurs 3ème lignes du TOP14 en frissonnaient d’avance et brulaient un cierge à la bonne mère pour voir partir leur pire cauchemar sous d’autres cieux.(et si au passage Schalk Burger, le Rémy Martin sud Africain, les mains en mousse en moins mais approximativement le même nombre de chromosomes, pouvait lui faire la bise à sa façon, ça ne serait pas pour leur déplaire)

Pour le soutenir dans cette épreuve difficile, Clément Poitrenaud, le compagnon de toujours, tenait à être présent. Il fallait bien ça pour soutenir son pote.

On avait découvert ces deux minots au creux de l’hiver de la saison 2000/2001, quand le grand manitou du ST, n’ayant plus le choix blessures obligent, avait dû se résoudre à lancer dans le grand bain ses 2 pépites du centre de formation. On les retrouvera quelques mois plus tard au SDF, décomplexés, Fred enquillant les pénalités comme qui rigole (si si, rappelez-vous, Fred fut un bon buteur à un moment donné!) et brandissant finalement ce fameux bouclier, objet de tant de convoitises.

L’ère des duettistes Michalaud et Poitrenak venait de commencer et ils allaient nous régaler de leurs pirouettes sur tous les terrains de France et de Navarre.

Remercions au passage pour cette remarquable inversion de syllabes Pierre Sapiac, trublion de service et compagnon fidèle de Pierre Albala-Dijo, par ailleurs déjà auteur du célébrissime : “Betsen, et son jumeau Nyanga, la garde noire du XV de France”… (Comment ça c’est raciste ? N’est pas Thierry Roland qui veut…), cet inénarrable ex-commentateur du service public, qui nous ferait presque apprécier Mathieu Lartot, sa verve incroyable, ses jeux de mots foireux et sa connaissance poussée des règles de l’ovalie…

Fred, c’est avant tout un 10 moderne comme dirait Berni le dingue, c’est-à-dire un 10 qui bute. Et c’est la tout le problème de Fredo : buter. En effet, depuis quelques temps déjà son ratio est plus faible que celui de Gerald Merceron un soir de finale… Au début on a pensé que c’était un problème physique, après changement des 2 genoux, on s’est aperçu que non. Le problème était donc bien plus profond, c’était le mental. Fredo devient donc un adepte de la préparation mentale, pratique ô combien reconnue et jugée utile par un certain Vincent M., pizzaiolo depuis 20 ans qui sévit en fin de journée sur les ondes d’une radio monégasque.

Fredo c’est un esthète, un magicien du ballon ovale, un ambassadeur du French Flair au même titre qu’un autre magicien du Stade Toulousain, M. Cédric “trois touches directes par match” Heymans, autoproclamé meilleur ailier du monde, aussi imprévisible qu’un Michalak à ses plus grandes heures. Cédric c’est des relances de l’en-but qui peuvent aboutir aux essais du siècle mais c’est aussi les plus belles glissades et cagades du TOP14. (En terrain mouillé Cédric, ce serait bien de sortir les vissés de temps en temps quand même…)

Mais ce qu’on connait moins, c’est la face cachée de Fred, son alter-ego; on ignore trop souvent son côté touche à tout comme on dit. C’est un amoureux de l’art sous toutes ses formes. Quand un journaliste aventureux ose lui poser la question : “pour vous qu’y a t-il d’autres dans la vie à part le rugby et l’amour?”, Fredo n’hésite pas une seconde, ses yeux de lamantins s’illuminent et la réponse fuse : la musique et la peinture! Et oui on pourrait en douter mais c’est un adulte maintenant Fred, fini de balancer ses chaussettes sales et puantes dans la tronche de Pato Albacete quand il se fait interviewer dans le vestiaire, fini d’éponger son vomi sur le trottoir à la sortie des Coulisses à 5h du mat’ avec la veste de Clém et La Nyangue qui se marre en les regardant (ça c’est réservé à Byron en plus…)

Non qu’on se le dise, maintenant ce sera Fredo le sage. Il se ressource quand il se retrouve seul à seul avec sa toile et ses pinceaux, aussi à l’aise avec la technique du “clair/obscur” qu’il l’est avec les coups de pied de déplacement (hein? c’est quoi ça bordel un coup de pied de déplacement coach?) ou bien dans SON studio d’enregistrement, avec ses grattes et son piano, jouant la partition de l’homme orchestre comme lorsqu’on lui donne (trop peu souvent à notre goût…) les clés du camion, que coach Jean Ba ne voulait pas lâcher jusqu’à la saison dernière.

En exclu, Fred a bien voulu nous montrer son œuvre qu’il considère la plus aboutie à ce jour, intitulée “Autoportrait de moi même” (NDLR : pour des raisons de compréhension, les fautes d’orthographe ont été supprimées)

Mais revenons au direct, à notre émission, à “L’Annonce” (toujours dans le style cain-ri bling bling le Fredo, un peu comme pour LeBron James, ils avaient appelé ça “The decision”, je trouve que ça irait bien là aussi personnellement) en compagnie de FM82 et Clément.

Après quelques échanges d’amabilités, de compliments faux cul et de blagues graveleuses que seuls eux comprennent, on est plus tendus que Guytou un soir de finale, on la veut cette décision, bordel de m****!!

Il est 19h15 à présent, l’heure de l’annonce fatidique approche. Le café 64 est en ébullition, les ondes radio toulousaines frémissent…..NNNOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN il nous abandonne, l’ingrat! Monde de merde! On lui a tout donné, on l’a couvé, on l’a chéri et paf, prends ça dans ta gueule, il quitte sa famille! Il nous apprend sans ménagement, dans ce français approximatif qu’il affectionne tant, que son avenir ne s’écrira pas en rouge et noir….

Selon lui, la barrière de la langue ne constituera plus un problème (trop LOL, c’est bon Fred, te la raconte pas, on sait très bien que t’y capteras rien aux triples sautées redoublées des Sud-af…puis de toute façon OSEF, les Sud-af ils font que des cocottes !), sa nouvelle famille se trouve là bas à présent.

Les yeux embués, le petit Fredo ira probablement noyer son désespoir d’’avoir raté sa réintégration au ST dans l’alcool avec son plus fidèle ami, ou peut être ira-t-il se lover dans les bras d’Ovalion ce soir, Guy le gitan ayant depuis longtemps remplacé son favori, tout attendri qu’il était par la bouille incroyable du filiforme Jean-Marc. (NDLR : attention une contrepèterie s’est peut être glissée dans la phrase précédente…) Et oui faut le savoir, il a cœur gros comme ça le Guytou, faut juste ne pas toucher à ses filles (des rumeurs insistantes du côté du Wallon sous-entendraient que le boss verrait d’un très mauvais œil le surnom de son nouveau protégé : le « petit » Byron…affaire à suivre)

Fred, on t’en veut pas, continue simplement à nous vendre du rêve comme tu sais le faire, à Toulouse, à l’autre bout du monde, ou en 3ème série à Saint-Pipi-les-Agassous, longue vie aux chandelles en arrière et aux pieds en croissants!

C’est comme ça qu’on t’aime, avec tes traits de génie et l’incertitude permanente que tu crées, et franchement, franchement, on s’emmerderait grave si tu n’étais qu’un simple Jonny Wilkinson bis…

Allez bon vent et salut l’artiste!

L’amicale des pizzaïolos du TOP14

La lettre de Bernard Laporte à Mourad Boudjellal

Encore un document exclusif découvert par la Boucherie…

Paris, le 20 juin 2011

Cher Mourad,

Tes récentes interventions dans la presse à propos de la très chrétienne et charitable fondation qui a sauvé le Stade Français, grâce à mon entregent naturel et à mon carnet d’adresses politico-sportivo-casinotier-immobilier, me contraignent à recadrer les choses par écrit. Bon, en fait, j’ai dicté cette lettre à Max pour qu’il y ait moins de fautes d’orthographe et de syntaxe que si je l’avais écrite. Mais tu dois savoir ce que je veux dire, en bon éditeur de BD pourries que tu es.

Sache, mon bon Mourad, que l’ex-ministre, ex-sélectionneur du XX de France, et ex-futur Président de l’Aviron Bayonnais (entre autres) ne se laissera pas atteindre par cette provocation frauduleuse sous couvert d’une certaine loi de justiciés failliteux régaliens et oligarques sans vergogne (ici, Max avait du mal à suivre. Il n’était pas sûr pour certains mots).

Ta scandaleuse machine de guerre jette l’opprobre (là, c’est Max qui a trouvé le mot) sur une opération parfaitement limpide et tellement évidente que la même la DNACG n’a rien trouvé à y redire, alors qu’elle a envoyé Bourgoin et Albi en Prod D2 pour des broutilles.

Il faut vraiment être d’une parfaite mauvaise foi pour voir le mal dans le financement d’un club de rugby professionnel par une fondation caritative vouée à aider l’enfance malheureuse. Quoi de plus normal. Moi, j’ai bien été aidé par l’Etat français, qui m’a pris pour ministre (bon, je dis toujours ministre, mais j’étais juste secrétaire d’Etat), moi, un ancien sélectionneur du XV de France à la rue après une Coupe du Monde foirée. Et personne n’a trouvé à y redire. Bon, mes collègues n’étaient pas franchement sympas avec moi, mais mon cabinet (tu ne pensais pas que c’était moi, quand même) a quand même pondu un rapport faisant référence en matière de stades.

J’étais d’ailleurs sur le point de mettre mes nouvelles connaissances au service de l’Aviron quand le Président a émis des doutes sur mes compétences et mes méthodes. Quel gougnafier ! Greffier du Tribunal de Commerce de Bayonne et ça se croit bien placé pour donner des leçons de morale en affaires. Comme si signer quelques contrats de joueurs à sa place et de proposer de payer un squad d’entraîneurs à la prestation de services, ce qui permettait d’éviter de donner des sous à l’URSSAF, était répréhensible ! Ah, Max me dit que si. Au temps pour moi.

Il n’en reste pas moins que la fondation que j’ai trouvée grâce à des amis honorables (je n’en dirai pas plus pour ne pas leur nuire, il sont déjà scandaleusement harcelés par la justice), est tout à fait respectable. Canadienne (tu connais des canadiens malhonnêtes, toi ?) présidée par un personnage haut en couleur et reconnu dans ses activités industrielles (je ne sais pas exactement lesquelles, je n’ai pas compris) et dont le siège social est sis BP 52.0147. Max trouve ça quand même un peu louche, un siège social domicilié sur une boîte postale. Ah bon, moi je trouve ça pratique. On peut déménager plus facilement et les clients mécontents ne débarquent pas au bureau quand tu bois ton café.

Tu t’interroges sur l’origine des fonds. Mais 12 millions d’euros, c’est une somme finalement modique. Tu trouves que ça mérite des investigations poussées et coûteuses à la charge in fine du gros contribuable que tu es ? C’est l’argument massue que j’ai employé auprès des vérificateurs lors de mes quatre contrôles fiscaux, suspendus depuis sine die. Nico était d’ailleurs tout à fait d’accord avec moi quand je lui en avais parlé. Tiens, je pourrais lui parler aussi d’un Président de club de rugby dans le Sud de la France qui semble disposer de ressources sans commune mesure avec la vente de 500 exemplaires par an de Rahan le fils des Ages Farouches.

Tout ça pour te dire, Mourad, que ton attitude est intolérable et que, pour la peine, je ne lâcherai pas Basta. A moins d’un gros chèque. Mais il faudra qu’il soit vraiment très gros. Je te rassure, je n’enquêterai pas sur l’origine des fonds. Ce n’est pas compatible avec les valeurs du rugby.

Amicalement malgré tout,

Bernard.

(Merci à Aguiléra, journaliste à BELLE et au Merdol (la polyvalence…) qui a découvert ce document exclusif )

Fin de saison pour Pierre Albala-Dijo

Pierrot déprime. Putain de saison.

Salut les gamins !

Que les choses soient claires comme de l’eau de roche – et comme Vincent surtout – je n’avais absolument aucune envie d’écrire mon billet hebdomadaire. Trop de choses à faire, trop de préoccupations printanières. Quelqu’un a parlé de l’été ? Mon cul. Il pleut des tonneaux depuis deux jours, ça me file le cafard, moi.

En plus c’est la fin de saison maintenant, et ça c’est pas jojo non plus. Top 14 ? Fini. H CUP ? Idem. Tournoi des VI Nations ? Consommé depuis belle lurette. On n’est pas bien du tout. Les tournois de jeunes sont presque terminés aussi. Y a plus rien à faire. Je n’ai jamais aimé les fins de saisons de toute façon. La pire de ma vie ? Je m’en vais vous en toucher deux mots.

Mai 1973. Deuxième année cadets. Ma plus belle saison. La pire, aussi. Je dis plus belle saison car niveau ambiance au sein de l’équipe, on ne pouvait pas rêver mieux. On se mettait des sacrés polentes tous les vendredi soir, et le samedi on foutait 40 points aux équipes des environs. Avec un sacré niveau de jeu. Des avants qui faisaient peur dès le coup d’envoi et une cavalerie derrière qui plantait essai sur essai. Plus la fin de saison approchait, plus on sentait le truc venir. Le dernier match, le dernier rassemblement. Toutes ces choses là, quoi. Faut dire qu’en plus de la fin de saison, c’était notre dernière année tous ensemble. Certains arrêtaient tout simplement le rugby. D’autres partaient ailleurs pour les études. Plus ceux qui iraient jouer dans un club plus huppé. Notre bon vieux groupe était à deux doigts de la mort.

Quart de finale contre je ne sais plus quelle équipe. On sent la tension monter. On a toutes les cartes en main pendant le match. C’est plié à encore cinq minutes du coup de sifflet final. On cravache, ça devient dur. Comme le reste du temps, mais on a réussi à marquer par trois fois. Plus les pénalités et un drop bien claqué derrière la mêlée, de 50 mètres. S’il vous plait. Les entraineurs viennent nous plomber tout ça. Ils font rentrer deux gonzs, qui avaient commencé le rugby en début de saison pour le premier, à Noël pour l’autre. Difficile d’avoir le bon jugement dans cette situation là. Presque 40 ans après, je ne sais toujours pas si j’en veux encore aux coachs.

Donc. On gagne de quatre points, on défend dans nos 22. Les types d’en face accélèrent, écartent, et on prend une banderille en coin. Les deux joueurs qui venaient de rentrer dans notre équipe ont tout à coup oublié la technique du plaquage. Dans une arène et avec un taureau, les mecs seraient passés pour des héros. Le match est terminé, on est éliminés. Gros coup sur la tête. Impossible de s’en remettre… On réalise seulement dans le car que tout est bel et bien fini. Personne n’ose parler, les regards sont embués.

Je vous laisse, je vais boire un coup car j’ai envie de pleurer…

 

Objectif coupe du monde : Vern Crotteur fait (déjà) le bilan de l’ère Marco …

Pourquoi attendre ?

Salut les Frenchies !

Certains d’entre vous seront sans doute étonnés. Quoi ? Le bilan du sélectionneur national avant même le premier match de la compétition ? C’est vrai, la tradition voudrait qu’on attende l’élimination de l’équipe, quelque part entre la fin des matches de poule et la finale… Ne dit-on pas, dans la vallée des gaves, que c’est au retour du bétail qu’on compte les bouses ?

Pas faux. Mais moi, tel un Alain Delon du rugby, je passe outre les conventions et la bienséance, j’attends pas … Tant que ça peut faire parler de moi, je me fiche des critiques, des jaloux et des ingrats. Et puis, comme disait l’ami Fritz dans les Tontons flingueurs, « la bafe du krapeau n’embêche pas la karafane de basser ».

Ou, pour paraphraser le style inimitable de papy Villegueux, intermittent du Merdol et permanent des explications incompréhensibles: « en rugby, la performance s’inscrit dans un rapport de force continu, à la fois individuel et collectif. L’analyse de cette performance ne saurait reposer uniquement sur des observations empiriques conjoncturelles, c’est-à-dire liées à la phénoménologie particulière des aptitudes physiques, techniques ou tactiques déployées à l’occasion d’une compétition quadriennale».

Pour ceux qui n’auraient rien compris aux élucubrations de ce grand Gana du rugby français, il veut dire tout simplement que ça sèche peut-être une larme d’être bon une fois tous les quatre ans, mais c’est pas une excuse pour jouer comme des grosses merdes le reste du temps.  Un peu dur peut-être comme constat, mais au moins c’est franc et honnête.

Parce qu’il faut bien avouer qu’il y a une belle dose d’hypocrisie à dire qu’on va attendre la fin de la coupe du monde pour faire le bilan du travail accompli depuis quatre ans. Soyons clair, ça fait des semaines, sinon des mois que les faux-culs fourbissent leurs armes dans leurs salles de rédaction, ou leurs salles de conférence climatisées, en attendant de crucifier Marco, au cas où il se planterait en octobre. Ou alors, si d’aventure le Quinze de France faisait une belle perf, ils vont le couvrir d’éloges, en louant ses talents de visionnaire et de meneur d’hommes… Mais moi, je mange pas de ce pain-là. Je sais que j’avance en terrain miné, mais c’est aussi ça l’esprit rugby, faut oser, merde…

Alors, si on fait abstraction de la grand messe à venir, que retenir dès à présent des quatre années de l’ère Marco ? Assurément déjà, que la période 2007-2011 entrera dans les annales du rugby français comme une période de rupture… Rupture de style d’abord.

Difficile en effet d’imaginer un contraste plus saisissant qu’entre le Kaiser, alias Bernie le dingue, et Marco, gentil animateur du centre aéré de Marcoussis. Cette différence de style s’est répercutée sur la stratégie de communication. Bernie était peut-être détesté de (certains de) ses joueurs, mais il était adulé des médias, et pas seulement pour son parler aux accents rocailleux, fleurant bon le cassoulet et le confit d’oie… A côté de cette bête médiatique, il était clair d’emblée que le petit Marco ferait pâle figure. Et sa communication chaotique, incohérente et inaudible ne l’a certainement pas aidé dans sa tache. Il faut dire que la méthode consistant à encenser les joueurs un jour et à le traiter de lâches le dimanche suivant ne passe pas forcément, surtout pas auprès des principaux intéressés.

Mais cette cacophonie médiatique, l’une des constantes de l’ère Marco, n’est sans doute que le reflet des errements sportifs du staff. Bien sûr, certains éléments de l’équation étaient déjà en place lors de la prise de fonction du sélectionneur. Les problèmes ­–­ et les excuses – ne manquent pas. Entre les insuffisances du plan de formation des joueurs, la trop grande place qu’occuperaient les joueurs étrangers, le calendrier trop chargé du TOP 14, Marco n’y est pour rien. Et puis, rappelez-vous surtout du contexte de sa prise de fonction… Coupe du monde 2007, le match pour la 3e place. Les joueurs s’étaient soi-disant libérés du carcan imposés par Bernie. Fini le jeu par blocs, modulé à la sauce française, façon essuie-glace « large-large ». On allait voir ce qu’on allait voir ! Contre les Argentins, sortes de tracteurs diesel habitués à jouer à 2 à l’heure, on allait leur montrer, avec Freddy à la manœuvre. Les petits gars, emmenés par un capitaine semi-retraité, allaient mettre le feu aux poudres et renvoyer les danseurs de Tango à leurs chères études ! Effectivement, on a vu… un beau match, ponctué d’un festival d’essais argentins. Le French Flair était taillé en pièces, la fierté rugbystique nationale aussi.

Dès lors, l’arrivée de Marco s’inscrivait dans une double équation : non seulement monter une nouvelle équipe, avec ses convictions à lui, mais aussi et surtout redorer à tout prix le blason écorné du rugby français. Retour à l’intelligence situationnelle, à une certaine liberté d’action et d’initiative. Flanqué des frères siamois Mimile et Dédé, le jeune entraîneur a été présenté comme le sauveur. Il allait redonner au Quinze de France une part de cette insouciance de jeu, de cette légèreté apparente à laquelle pense Daniel Herrero quand il parle de la France comme de cette «éternelle adolescente du rugby mondial». Mais le jeune entraîneur était aussi attendu… au tournant. Et rarement un changement à la tête de la sélection n’aura été plus visible sur le terrain, dès la première année, avec des résultats aussi mitigés, dès le premier Tournoi.

Dans la pratique, on a assisté à un jeu un peu foufou, avec des joueurs qui relançaient de partout, même à un contre quatre. Un peu à la manière de mon 3/4 handisport Murimurivalu … Des belles intentions somme toute, pas toujours bien récompensées, mais un jeu enthousiasmant et prometteur par certains aspects, malgré quelques sérieux couacs, comme cette mêlée tordue dans tous les sens par de modestes Écossais.

Et ce sont justement les critiques parfois outrancières, celles de la presse ou d’entraîneurs pas toujours bien intentionnés, qui auront raison des convictions de Marco. Ceux qui s’attendaient à ce que le sélectionneur campe sur ses positions, qu’il travaille dans la continuité, en auront été pour leur frais. Dès 2008 s’amorce le retour progressif à un jeu plus frileux, un rugby austère et stérile, celui que l’on maîtrise dans les joutes sans pitié du championnat de France. C’est avec ce rugby-là que Marco remportera son seul grand chelem, en 2010, en jouant l’Irlande et l’Angleterre à domicile, et en battant cette dernière sur la seule puissance du pack et la fiabilité de son botteur … Là où Néo-Zélandais, Australiens et même Anglais persistent et signent, le soufflé français s’aplatit comme une crêpe.

De ses intentions du début, Marco n’en a gardé qu’une, celle de faire valser les joueurs. D’abord présenté comme une large revue d’effectif, la méthode est peu à peu devenue la marque de fabrique du sélectionneur, une politique qu’il a maintenu, envers et contre tout, jusqu’au 5 mai 2011. Au total plus de 80 joueurs testés, 12 charnières, 26 combinaisons au centre, 17 trios arrière … Même des joueurs de PRO D2 s’étaient mis à espérer !

Au final, cette instabilité chronique de l’effectif et du jeu aura été partiellement responsable du naufrage de Flaminio, et de toutes les autres défaites records qui l’ont précédé… inutile de remuer le couteau dans la plaie. Les rares succès d’envergure, comme cette tournée remportée en 2009 en Nouvelle-Zélande, face à des Blacks en reconstruction, ou cette victoire contre des Boks au creux de la vague, à l’automne de la même année, ne doivent pas faire illusion. Quatre ans après sa prise de fonction, Marco est le premier à le reconnaître : « on repart de zéro », autant au niveau du jeu que des joueurs. À l’heure où les grosses cylindrées resserrent leur effectif, travaillent leurs automatismes et peaufinent les réglages, l’équipe de France elle est un immense chantier.

Alors quoi ? Quel jeu ? Pour quels joueurs ? Entre un rugby pragmatique, basé sur le sacro-saint tryptique du TOP 14 « pression – jeu au pied – récupération », et un jeu plus ambitieux, fait de mouvement et de prise de risque, qui peut dire aujourd’hui quelle sera la voie choisie ? Difficile de se prononcer. D’autant que les joueurs eux-mêmes sont sans doute un peu perdus. Le fameux cahier de jeu n’y aura rien changé. Lorsque le nom des deux centres change à chaque match, que le trio arrière est en reconstruction permanente, qu’il n’y a jamais de numéro 8 indiscutable et que la charnière joue de plus en plus souvent sur le reculoir, à mesure que le pack se grille à force d’avancer à grand coup d’épaule, il n’y a pas vraiment à s’étonner de l’indigence offensive de l’équipe.

Seule constante dans cette politique de sélection, les fortes têtes, les caractériels et les teigneux ont été poussés vers la porte de sortie. Exit les Fritz, Dupuy, Bastareaud et Cie. Merci et bon vent ! Chabal, qui a eu pendant longtemps «toute la confiance» du sélectionneur est éliminé sur la dernière ligne droite. Traitement similaire pour Jauzion et Poitrenaud, souvent vantés comme des pièces maîtresses du Quinze tricolore. Leur club ne s’en plaindra pas, vu la performance éblouissante des deux joueurs lors de la finale 2011 du championnat.

Une atmosphère de fin de règne s’est désormais emparée du domaine de Ballejame. Marco et ses deux accolytes ont abandonné depuis longtemps toute prétention de logique et de cohérence dans leurs choix.

Les lueurs d’espoir sont rares. Le retour en grâce d’un Picamoles et l’arrivée du jeune Lakafia sont à saluer, mais arrivent un peu tard. Trop tard ? Pour toute autre équipe que la France, on aurait sans doute répondu par l’affirmative. Mais s’il est une nation de l’Ovale qui est capable de passer de l’ombre à la lumière en quelques semaines, ou quelques mois, c’est bien la France… Et si on peut espérer une chose, c’est bien celle-là, un match, un seul, un quart de finale flamboyant pour faire de nouveau rêver tous les amoureux du rugby français. Au-delà, tous les rêves seront permis.

Vern