On fait tourner les serviettes : gastronomie et retournements
par OvaliaHaHa

  • 03 December 2010
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Notre nouvelle recrue OvaliaHaHa se penche sur la gestion de l’effectif du XV de France sous l’ère Lièvremont and friends. Ses outils pour percer à jour l’incompréhensible stratégie du démoniaque trio de Marcoussis ? Wikipédia,  un peu de patience, 6 tasses de café, et une bonne dose de frustration. Suffisant pour mériter le surnom de Miss Stats !

Le triangle d'attaque du XV de France en train de peaufiner son jeu ultradynamique, à quelques heures du match France - Australie.
Le triangle d’attaque du XV de France en train de peaufiner son jeu ultradynamique, à quelques heures du match France – Australie

« On fait tourner ». Certainement la phrase que les supporters du XV de France ont le plus entendue depuis la prise de fonction de Marc Lièvremont… 81 joueurs utilisés en 31 matchs depuis 2008 soit environ 27 joueurs par an (pour info, en 100 ans le XV de France n’avait connu « que » un petit millier d’internationaux, soit moins de 10 joueurs par an). Alors, oui, Marc Lièvremont a fait tourner. Et d’ailleurs cela se voit dans les résultats.

Avec tous ces mouvements le (bon) vin français a effectivement tourné… au vinaigre ; et ce malgré l’entrée de la gastronomie française au patrimoine mondial de l’UNESCO. Par ailleurs, et puisque l’on parle de vin, bien que la France reste un des plus grands et prestigieux producteur dans le monde, il est à noter que sur nos tables se trouvent de plus en plus de bouteilles de vins argentins, sud-africains et… australiens (soit les trois nations qui nous ont terrassés cette année… Précisons que l’Italie est actuellement le 2ème producteur de vin dans le monde, méfiance).

Faire tourner l’effectif OK, le staff nous a prouvé qu’il savait le faire. Par contre, faire tourner les compteurs, là c’est autre chose… Cela ne veut pas dire que les compteurs n’ont pas tourné, bien au contraire… Le problème est qu’ils ont tourné dans le mauvais sens.

La petite stat qui  [montre que ça]  va  [pas]  bien (si les comptes sont bons et les sources justes) :

Durant l’ère Lièvremont le XV de France a remporté 18 rencontres sur les 31 matchs officiels disputés (17 sur 30 si on oublie celui contre les Pacific Islanders – match ne comptant pas pour le classement IRB).
Ils ont inscrit 665 points et ont en encaissé 656, soit une différence de +9 points si on compte le match contre les Pacific Islanders. Si on ne le compte pas la différence est de -14 points…
Contre les équipes de « haut de tableau » (Afrique du Sud, Angleterre, Argentine, Australie, Écosse, Irlande, Nouvelle-Zélande, Pays de Galles) la différence est de -156 points…

De plus, selon un ami nommé Wikipédia, notons 5 records dont un seul à notre avantage lors de ces 3 dernières années :
–  Plus grand nombre de points marqués par les Irlandais contre le XV de France le 07/02/2009 (30 à 21 ; en Irlande).
– Plus grand nombre de points marqués par les Français en Nouvelle-Zélande le 13/06/2009: 27 points (22 pour les Néo-Zélandais). Un tournant du rugby français pour certains, un exploit isolé au final.
–  Plus grand nombre de points marqués par les Sud-africains et plus grande différence de points dans un match gagné par les Sud-africains contre le XV de France en Afrique du Sud le12/06/2010 (42 à 17).
–  Plus grand nombre de points marqués par les Argentins et plus grande différence de points dans un match gagné par les Argentins contre le XV de France le 26/06/2010 (41 à 13 ; en Argentine).
–  Plus grand nombre de points marqués par les Australiens et plus grande différence de points dans un match gagné par les Australiens contre le XV de France le 27/11/2010 (59 à 16 ; en France).

Souvenez-vous de ce qui est dit plus haut sur les vins argentins, sud-africains et australiens…
Concernant l’Irlande c’est une histoire de bière… Mais depuis notre pack a su prouver les valeurs de la bière française ! La mêlée, enfin une chose qui tourne bien dans l’hexagone. Et avec la présence de Ducalcon on peut espérer que la machine tourne encore longtemps sans s’enrayer.

Concernant les essais autre que les essais de pénalité, les Bleus en ont inscrits 61: 29 en 6 rencontres contre les « petites nations » (Italie, Pacific Islanders, Fidji et Samoa) et 32 en 25 rencontres contre les « grosses nations ». Ils en ont encaissés 60 dont 55 contre les « grosses nations ». Le grand détournement du French Flair.
C’est Vincent Clerc (43 sélections dont 23 sous l’ère Lièvremont) qui en a inscrit le plus avec 7 réalisations, suivi par Maxime Médard (15 sélections) et François Trinh-Duc (22 sélections) avec 6 réalisations chacun. Derrière eu on trouve Cédric Heymans avec 5 essais, puis Julien Malzieu et Yannick Jauzion avec 4 essais chacun.

Info bonus : le triangle d’attaque du dernier match (Palisson, Andreu, Porical) compte au total 2 essais à eux trois (idem après le remplacement de Palisson par Andreu)… Emile N’Tamack cherchait des explications quant au score final à l’issue de la rencontre contre les Wallabies… Peut-être qu’à force de jouer à Tourner Manège les joueurs s’en sont retrouvés tout tourneboulés et en ont perdu leurs repaires.

Il ne nous reste que 5 matchs (hors matchs de préparation) avant la Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande… Et le bilan de nos Bleus est bien tristounet. Certes la roue, elle aussi, tourne. Heureusement ou malheureusement. Car ne l’oublions pas, la France, avant les deux revers de juin et celui de novembre, a remporté son neuvième Grand Chelem. Au final nous voici revenus au même point que l’année passée après la défaite contre les All Black (dont la machine, elle, tourne bien à en voir les noirs – et même parfois les blancs – éclatants qui retournent tout sur leur passage) lors de la tournée d’automne. Nous avons visiblement tourné en rond, à défaut d’avoir mal tourné.

Mais il semblerait qu’en fait la situation ne soit pas si catastrophique qu’elle en a l’air à en croire le Saint derviche tourneur alias Marc Lièvremont : « Le XV de France n’a pas régressé. Je pense que nous avons avancé ». On ne doit apparemment pas voir la même chose… Ou bien doit-il confondre avec l’équipe de Dax qu’il entraînait jadis, avant sa promotion (canapé ?), et qui pointe actuellement à la 15ème place du championnat de ProD2…

Bref, le coq au vin n’est plus une recette qui fonctionne, à moins que ce ne soient les cuisiniers qui ne savent plus le préparer. Quoiqu’il en soit le mieux est à présent de tourner la page et de se concentrer sur le prochain Tournoi