Le bourre-pif à l’albigeoise
par La Boucherie

  • 02 October 2009
  • 2

Ingrédients:

  • beaucoup de virilité
  • un peu de mauvaise foi
  • pas mal d’orgueil
  • 1 bon gros pif
  • 1 paluche
  • 2 beaux packs d’avants
  • autant de packs de bière que nécessaire
  • 1 sachet de levure “arbitre partial” ou “périmé”

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Voilà une recette que certains considèrent comme désuète et que d’aucun n’hésite à qualifier de “plat du pauvre”, alors que pourd’autres elle reste un pilier incontournable de notre gastronomie, que seuls les vrais connaisseurs savent pleinement apprécier. Autrefois largement répandue aux quatre coins de la France ovale elle est aujourd’hui menacée par le cancer rampant du professionnalisme. De ce fait on ne la trouve plus que dans certaines régions reculées comme le Tarn ou la Corrèze*, ou encore dans le Var les jours de fête. C’est donc dans un souci de préservation de notre culture gastronomique ovale pour les générations futures que nous vous présentons ici la traditionnelle recette tarnaise.

Prenez les plus beaux morceaux de viande (demandez conseil chez votre boucher favori si besoin) et rajoutez-y votre excès de virilité, tout l’orgueil dont vous disposez, ainsi qu’une pincée de mauvaise foi. (AOC origine France de préférence, sinon substituez par du fameux “fair-play” britannique)

Laissez ensuite mijoter le tout sous pression dans une cocotte. Le temps de cuisson peut varier, sachez juste que le bourre-pif se manifestera de lui-même quand il sera à point ! Si vous le trouver trop fade, salez et poivrez à votre goût.

Une recette alternative se trouve couramment dans les grands restaurants parisiens à l’approche du printemps. Elle inclut systématiquement de la viande de coq et très souvent du bœuf mal cuit. Les chefs de la capitale y ajoutent également de la levure d’arbitre partial (souvent importée d’outre-manche). Mais tout connaisseur vous dira – à raison – qu’il s’agit là d’une version pour gens pressés, sans aucune mesure avec les chef-d’œuvresculinaires régulièrement servis à la table triplement étoilée du chef Béchu.

Afin d’être complet précisons enfin qu’il existe une version “à emporter” hors des terrains. Celle-ci est réservée à un public majeur la sauce contenant quelques packs de bière (voire d’autre chose). La célèbre marque à l’image festive “3e mi-temps” a connu un certain succès à l’exportation avec ce produit, de Rome à l’Afrique du Sud en passant par le Pays de Galles, et plus dernièrement à Wellington. Mais méfiez vous si vous êtes en déplacement, certains de
ces plats ne seraient en fait que des contrefaçons maladroites…

En bref, une recette à réserver aux hôtes qui savent apprécier la cuisine authentique et aux gourmets bourrus qui parcourent nos terrains.

Vin conseillé : Un rouge fort en tannins qui marque les esprits. Un Irouléguy du domaine Ondarts, ou un Bordeaux millésime 1991 cuvée spéciale Moscato par exemple.

* Notons que la version corrézienne moderne (que nous éviterons soigneusement ici) inclus de nombreux additifs industriels d’origine étrangère. Certains y mettent même de la menthe. Écœurant.

 

Desman